122 L'ART.
présent, d'autant plus que dès le lendemain, grâce à un jour moins faux, grâce à un commence-
ment de recueillement, bien des opinions se modifiaient, et plus d'une sentence qui semblait sans
appel était revisée de bonne grâce.
Pourtant, sans encourir le reproche de témérité, il est permis de dire que le Salon de cette
année ne se maintient pas au niveau du Salon de 1876. Cela tient d'abord à l'abstention de
plusieurs maîtres qui attendent patiemment l'Exposition universelle de 1878. A part quelques
exceptions, sur lesquelles nous reviendrons, les artistes étrangers ont suivi l'exemple de la plupart
des maîtres les plus renommés de l'école française.
Le calcul n'est peut-être pas aussi habile qu'ils se l'imaginent, car l'année prochaine l'attention
pourrait bien être distraite de l'art contemporain par l'intérêt exceptionnel qu'offriront les expo-
sitions rétrospectives, sans parler de l'industrie sous toutes ses formes.
Les jeunes ne se soucient point d'attendre; ils ont voulu profiter quand même de l'exposition
Les bords de l'Ill.
Fac-similé d'un dessin à la plume de H. Zuber, d'après son tableau (Salon de 1877).
actuelle; ils ont bien fait, mais ils subissent presque tous un temps d'arrêt dans le développement
de leur personnalité. Tel que l'on croyait sûr de sa voie, en est encore à la chercher, et parfois
la cherche à côté. Tel autre se répète, alors qu il eût mieux fait de s'ingénier encore pour se
compléter.
Ajoutons que les talents nouveaux se montrent assez rares, et que la sculpture, qui était l'un
des principaux attraits du Salon de 1876, n'est pas, cette année, à part quelques œuvres remar-
quables, à la hauteur de ses précédents succès.
Quand nous parlons des maîtres, il va sans dire que nous n'entendons pas les maîtres
d'école; non pas que nous dédaignions le professorat artistique, loin de là, mais autant l'institu-
teur modeste et dévoué nous inspire de sympathie et de respect, autant nous admirons l'artiste
de talent qui, pour initier la jeunesse à la pratique d'un art qu'il honore, sacrifie une partie de
son temps, et par cela même une part de sa fortune, autant en revanche nous déplorons les
erreurs ou les complaisances qui stérilisent et corrompent entre les mains de pédagogues infa-
tués cette mission éducatrice, cet apostolat de l'art. Sous ce rapport, le Salon nous fait la partie
présent, d'autant plus que dès le lendemain, grâce à un jour moins faux, grâce à un commence-
ment de recueillement, bien des opinions se modifiaient, et plus d'une sentence qui semblait sans
appel était revisée de bonne grâce.
Pourtant, sans encourir le reproche de témérité, il est permis de dire que le Salon de cette
année ne se maintient pas au niveau du Salon de 1876. Cela tient d'abord à l'abstention de
plusieurs maîtres qui attendent patiemment l'Exposition universelle de 1878. A part quelques
exceptions, sur lesquelles nous reviendrons, les artistes étrangers ont suivi l'exemple de la plupart
des maîtres les plus renommés de l'école française.
Le calcul n'est peut-être pas aussi habile qu'ils se l'imaginent, car l'année prochaine l'attention
pourrait bien être distraite de l'art contemporain par l'intérêt exceptionnel qu'offriront les expo-
sitions rétrospectives, sans parler de l'industrie sous toutes ses formes.
Les jeunes ne se soucient point d'attendre; ils ont voulu profiter quand même de l'exposition
Les bords de l'Ill.
Fac-similé d'un dessin à la plume de H. Zuber, d'après son tableau (Salon de 1877).
actuelle; ils ont bien fait, mais ils subissent presque tous un temps d'arrêt dans le développement
de leur personnalité. Tel que l'on croyait sûr de sa voie, en est encore à la chercher, et parfois
la cherche à côté. Tel autre se répète, alors qu il eût mieux fait de s'ingénier encore pour se
compléter.
Ajoutons que les talents nouveaux se montrent assez rares, et que la sculpture, qui était l'un
des principaux attraits du Salon de 1876, n'est pas, cette année, à part quelques œuvres remar-
quables, à la hauteur de ses précédents succès.
Quand nous parlons des maîtres, il va sans dire que nous n'entendons pas les maîtres
d'école; non pas que nous dédaignions le professorat artistique, loin de là, mais autant l'institu-
teur modeste et dévoué nous inspire de sympathie et de respect, autant nous admirons l'artiste
de talent qui, pour initier la jeunesse à la pratique d'un art qu'il honore, sacrifie une partie de
son temps, et par cela même une part de sa fortune, autant en revanche nous déplorons les
erreurs ou les complaisances qui stérilisent et corrompent entre les mains de pédagogues infa-
tués cette mission éducatrice, cet apostolat de l'art. Sous ce rapport, le Salon nous fait la partie