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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Vimenal, Charles: Art musical: Cinq-Mars; drame lyrique en quatre acts et six tableaux. De Paul Poirson et Louis Gallet, musique de Charles Gounod
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0187

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ART MUSICAL

CINQ_-MARS

Drame lyrique en quatre actes et six tableaux, de Paul Poirson et Louis Gallet, musique de Charles Gounod.

eureux l'artiste qui n'a pas de chef-
d'œuvre sur la conscience, heureux du
moins celui qui n'a pas frappé trop tôt
son coup de maître. Le chef-d'œuvre, il
est de bonne politique de le faire atten-
dre le plus longtemps possible, peut-être
même de l'ajourner après décès. On n'en
jouit pas, mais on a chance de duper
son public. C'est ainsi que manœuvra
l'auteur de l'Africaine, qui avait surtout,
selon Berlioz, « le talent d'avoir du suc-
cès ». Que faire après Robert, après les
Huguenots, après le Prophète? Rien que
la mort n'était capable d'expier ces for-
faits. Et Meyerbeer mourut, habile jus-
qu'au bout, afin de laisser à iAfricaine
les bénéfices de l'œuvre posthume. On
en est bien revenu, mais un instant on y
fut pris, au point de proclamer que le
puéril duo du breuvage au 4e acte de
l'Africaine allait faire oublier le duo d'a-
mour, sans philtre, du 4'' acte des Hu-
guenots.

Après des débuts remarquables qui an-
nonçaient un maître, M. Charles Gounod
a eu cette mauvaise fortune d'arriver au seuil de la maturité avec une partition qui a fait école.
Depuis son Faust, qui pourtant fut d'abord contesté, méconnu, sauf à prendre bientôt à l'étranger
comme en France une brillante revanche des dédains médiocrement intelligents du premier jour, il
ne produit rien qui trouve grâce devant les difficiles, et ceux-là même qui n'auraient pas deviné dès
son apparition l'importance de cet opéra qui a complètement renouvelé dans l'école française les
données conventionnelles du drame lyrique, somment impérieusement l'auteur de le refaire et même
de le dépasser sous peine d'être classé parmi les génies éphémères, créateurs de hasard, hommes
d'une seule œuvre, condamnés à une irrémédiable décadence après un apogée d'un instant. Ce chef-
d'œuvre pèse sur son œuvre. Il a beau faire Philémon, la Reine de Saba, Mireille, voire Roméo,
tout cela n'est pas Faust. Un seçond Faust, voilà ce qu'on exige de M. Gounod..., alors qu'on
en veut à Goethe de ne pas s'être pas contenté du premier. Il en est même qui, plus naïfs,
ne pardonnent pas au musicien cette partition novatrice, à laquelle pourtant ils ne se font pas
faute de puiser. N'en doutez pas, ils n'eussent pas manqué d'en prendre l'initiative, si par
malheur elle n'eût été écrite quelques années avant leur avènement, et il faut convenir qu'en

Lettre de Théodore de Bry. — Fac-similé d'un dessin de Toussaint.
 
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