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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Mancino, Léon: Silhouettes d'artistes contemporains, Théophile Chauvel
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0134

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SILHOUETTES D'ARTISTES CONTEMPORAINS

m

THÉOPHILE CHAUVEL

près avoir été forcé de nous occuper
une toute dernière fois des insanités de
MM. les Impressionnistes*, — car le titre
même de ce recueil nous fait une loi de
nous abstenir au sujet d'exhibitions aussi
complètement étrangères à fart, — nous
éprouvons une de ces joies saines, pro-
fondes, réconfortantes, à entretenir nos
lecteurs d'un véritable artiste aussi modeste
que savant. ' Celui-là n'a jamais songé à
tambouriner son très-sérieux mérite ; il
n'a d'autre préoccupation constante que
l'étude et ne voit dans le succès qu'un
motif de plus pour travailler avec passion à
ajouter des qualités nouvelles à son très-
remarquable talent. Aussi tous ceux pour
qui le culte du beau et du vrai n'est
point un pur sophisme, tiennent-ils
M. Théophile Chauvel en très-haute estime. Son histoire est fort courte; elle se résume en
quelques lignes; il n'a jamais demandé à la réclame ni à une mise en scène quelconque l'attention
du public; elle n'est venue à lui que lentement mais sûrement, parce qu'il n'a cherché à la
conquérir que par une série d'œuvres révélant chaque année des progrès ininterrompus.

Né à Paris en 1831, M. Chauvel est élève de Picot, de Bellel et d'Aligny; le premier, qui n'a
été qu'un peintre estimable pour ne pas dire très-médiocre, était un excellent professeur; ce n'est
également pas leur peinture qui recommande les deux derniers, mais il y aurait grande injustice
à ne pas louer leur dessin. Le disciple a donc été à bonne école, mais il ne doit qu'à lui-même,
à son propre tempérament, à sa personnalité bien accentuée, d'avoir su unir le culte de la cou-
leur à la religion du dessin. En 18)4, il obtenait le deuxième prix de Rome pour le paysage
historique; le grand prix était remporté par M. Bernard, un de ces vainqueurs d'un jour qui sont
destinés à ne jamais connaître de lendemain. Cet heureux échec ouvrit fort à propos les yeux a
M. Chauvel qui était pénétré d'un sentiment trop vif de la nature pour s'attarder dans les
somnolentes pompes du paysage conventionnel; son organisation est précisément de celles qui ont
horreur de tout ce qui est faux, guindé, compassé; les dryades et les hamadryades ne pouvaient
trouver en lui qu'un amant singulièrement transi. 11 se hâta de leur dire à jamais adieu et
demanda désormais ses aspirations aux harmonies champêtres dont il est l'interprète délicat et
fidèle. Presque tous les Salons en fournissent la preuve; ses œuvres, si elles n exercent aucune
attraction sur la foule, y eurent toujours le don de fixer l'attention des artistes et de quelques
raffinés dont le suffrage devait lui être autrement précieux que les engouements irréfléchis du
vulgaire. L'ancien concurrent au grand prix de Rome, détaché de toute entrave académique, n'a
plus peint que pour lui-même et ne s'est guère vu l'objet des faveurs de l'administration; elle ne

1. Voir l'Art, -i' année, tome II, page 281, et année, tome I", page jo8.

2. Voir l'Art, )' année, tome II, page 68.
 
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