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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Yriarte, Charles: Goya aquafortiste, [2], les eaux-fortes d'après Velasquez - les caprices
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0043

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GOYA AQUAFORTISTE

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les eaux-fortes d'après velasquez - les caprices

oya était un peintre militant, très-passionné de sa nature, et très-
engagé dans le mouvement de son temps ; il avait sa place marquée
dans le camp des libéraux d'alors, s'était fait l'ami de tous ceux qui
ont joué un rôle politique aux époques tourmentées où il a vécu, et
l'ennemi irréconciliable des hommes qui, dans le camp opposé, com-
battaient pour les idées rétrogrades. Il faut le considérer sous deux
aspects distincts : comme un peintre de mœurs nationales qui reflète
bien le caractère des choses extérieures de son siècle, dit les cos-
tumes, les jeux, les plaisirs, les fêtes; reproduit les scènes pittoresques
de la vie du peuple ; représente enfin le côté picaresque de l'Espagne
d'alors : et comme un pamphlétaire, un homme à idées, un railleur,
un mystificateur toujours en éveil, un champion qui combat sous une bannière, et porte, des coups
à ses ennemis. Comme d'autres luttent avec la plume, lui combat avec sa pointe et son crayon.

La vérité est que la plus grande partie des planches à l'eau-forte exécutées par Goya, —> et
elles sont au nombre de plus de deux cents, — sont faites pour soutenir une thèse, se rattachent
à une idée en circulation au moment où il grave, représentent ou une attaque, ou une représaille,
ou une protestation ; correspondent presque toujours à un cri de douleur, à un coup de fouet,
à une insulte, à une ironie ou à une vengeance. La main qui exprime n'est donc dans cette cir-
constance que l'humble servante de la pensée, et l'oeuvre fût-elle regardée comme peu 'digne
d'intérêt, en tant qu'oeuvre d'art, il faudrait l'étudier comme un document, destiné parfois à expli-
quer l'époque, à jeter une lueur sur son histoire, ou, — mission toujours humaine et d'un haut
intérêt, — à signaler une tendance du caractère de la société d'alors. L'écueil à éviter, il faut le
dire au début, c'est de ne pas prêter à Goya plus d'esprit qu'il n'en a eu; il faut lui permettre
de laisser courir sa pointe sur le cuivre sans toujours évoquer tout un monde de pensées, par
simple caprice; car le commentaire qui précise trop risque de s'égarer.

Dans de telles conditions, le procédé devait jouer un grand rôle pour l'artiste, car lorsque
abandonnant la théorie de l'art pour l'art on veut exprimer une idée qu'il s'agit de répandre, il
faut s'inquiéter des moyens de multiplier à l'infini l'exemplaire qui va parler à l'esprit, éveiller la
pensée, frapper l'imagination, et tourner au profit de la cause qu'on sert. Je ne doute pas que
cette considération n'ait eu la plus grande influence sur la détermination que Goya prit, vers
1778, c'est-à-dire à l'âge de trente-deux ans, de se livrer à l'étude de la gravure à l'eau-forte.
Avant de faire des compositions, il dut naturellement se rendre maître du procédé, et la première
série qu'il livra au public est connue dans les arts sous le nom de los Cavallos fies ChevauxJ ;
elle comprend un certain nombre de planches de grandes dimensions d'après Velasquez : Le
Comte duc d'Olivarès. — Le Philippe III. — La Marguerite d'Autriche, femme de Philippe III.
— Le Philippe IV. — L'Isabelle de Bourbon, femme de Philippe IV. — Le Don Baltasar
Carlos, leur fils. — Et Don Gaspar de Gu\man, duc d'Olivarès.

Puis viennent los Enanos fies Nains J de Philippe IV; — le fameux tableau, los Borrachos,
désigné ordinairement sous le nom les Buveurs, et enfin, dans une autre dimension, Un
Infante d'Espana, — Barbarroxa, — Mœnippus, — vEsopus, tous tableaux du même maître et

1. Voir l'Art, y année, tome ii, page f.

Tome IX. • 5
 
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