L' art: revue hebdomadaire illustrée (3.1877 (Teil 2))

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tionnons quelques additions et corrections à Vasari, dont
M. Milanesi, le plus célèbre et le plus éclairé de ses commenta-
teurs, (nous avons annoncé déjà, 3e année, t. I, p. 24, la deuxième
édition de son Commentaire), connaît à fond le fort et le faible.

Les articles les plus courts ne sont pas les moins dignes d'at-
tention. Tel arbre généalogique, tel résumé chronologique de la
vie et des œuvres d'un maître, en disent plus long malgré leur
sécheresse apparente, ont demandé plus de recherches et attes-
tent plus de science véritable que bien des développements
littéraires.

Une table alphabétique faite avec le plus grand soin ajoute à

RT.

l'intérêt de cet ouvrage qui fait honneur à la science italienne,
et s'impose à toutes les bibliothèques d'art. Ce recueil n'est pas
un choix plus ou moins arbitraire d'articles pris au hasard et
soustraits par le livre à la dispersion et à l'oubli de la publicité
périodique. C'est un tout complet, non moins remarquable par
l'unité de l'ensemble que par la variété des détails. C'est une
sorte de répertoire historique de l'art toscan.

Le livre sort d'une imprimerie de sourds-muets, institu-
tion très-intéressante qui se recommande à toute l'attention des
émules de l'abbé de l'Épée.

T. Chasrel.

FAITS DIVERS

■— Après l'exposition de Fromentin nous aurons à l'école
des Beaux-Arts une exposition posthume de Diaz, organisée,
comme la précédente, par le comité de l'association des artistes
peintres, dessinateurs et graveur. L'ouverture en est annoncée
pour le 5 mai.

— Le 5 avril s'est ouverte à Rome l'exposition des œuvres
des élèves de l'Académie de France. Elle se compose des œuvres
que voici :

Peinture. M. Léon Comerre, année, Jé^abel dévorée par
les chiens; M. Bessard, 2" année, Saint Benoit ressuscitant un
enfant; M. Morot, 3e année, une copie d'après Michel-Ange.

Sculpture. M. Hugues, iM année, le Baptême du Christ;
M. Ingalbert, 20 année, le Christ en croix; M. Raty, graveur

en médailles, Vénus et l'Amour, bas-relief. MM. Idrac, année,
et Coutan, 4e année, n'ont rien exposé; leurs œuvres n'étaient
pas terminées.

Architecture. M. Paulin, i™ année, chapiteau et porte du
Panthéon; M. Louvion, 2" année, chapiteau du temple de
Castor et Pollux, et deux tombeaux de la Renaissance; M. Lam-
bert, 3e année, palais communal de Brescia.

— La i8° exposition delà Société royale belge des Aquarel-
listes obtient à Bruxelles un véritable succès. Nous en publie-
rons prochainement un compte rendu illustré.

— On annonce qu'une statue sera élevée à Londres à sir
Isambard Brunei, Français de naissance, constructeur du tunnel
sous la Tamise.

NECROLOGIE

— Il y a près d'un an, notre collaborateur Jules Ray-
mond consacrait dans l'Art* sous ce titre : <c Une dette
nationale », une intéressante notice au peintre Philippe-
Auguste Jeanron, et faisait ressortir le talent de l'artiste et
les éminents services rendus par le conservateur des musées
nationaux en 1848. « Aujourd'hui, ajoutait-il, M. Jeanron
connaît les mauvais jours de la vieillesse ; sa situation est
des plus pénibles. » Et notre collaborateur recommandait
chaleureusement au public et à l'administration des Beaux-
Arts une vente organisée par quelques artistes pour consti-
tuer une rente à l'artiste malheureux.

Jeanron n'aura"pas joui longtemps de cette rente qu'il
devait à la généreuse initiative de quelques amis. Le vieil-
lard s'est éteint au fond de la Corrèze, âgé de soixante-
huit ans. Il était né le 10 mai 1809, à Boulogne-sur-Mer.

Nous pourrions nous borner à renvoyer nos lecteurs
à la notice de M. Jules Raymond, qui énumère les princi-
pales œuvres de l'artiste, du « peintre plébéien », comme
l'appelait Thoré. Rappelons cependant que Jeanron, chargé
par le gouvernement provisoire de 1848 de « veiller aux
richesses du Louvre et des musées nationaux», prit sa
mission tout à fait au sérieux et déploya dans l'exercice de
ses fonctions de remarquables qualités administratives. On
lui doit notamment le classement des tableaux du Louvre
par ordre chronologique et par écoles, l'achèvement du
salon des sept cheminées pour l'école française, la réorga-

nisation de la chalcographie, l'ouverture du musée égyp-
tien.

Révoqué en 1850, Jeanron fut, depuis, directeur du
musée de Marseille. Il était depuis 186; correspondant de
l'Institut et officier de la Légion d'honneur.

— Le peintre Charles Belly vient de succomber à
une douloureuse maladie qui depuis cinq ans lui faisait
subir de cruelles souffrances, courageusement supportées.
Charles Belly était un des représentants les plus distingués
de la peinture orientaliste. Paysagiste de talent, il fut pris
un instant de velléités classiques et mythiques qui eurent
pour résultat un grand tableau, Ulysse et les Sirènes, aussi
peu goûté que les Centaures et les Centauresses de Fro-
mentin. Ses Femmes fellahs, ses Bords du Nil, sa Cara-
vane au désert obtinrent au contraire un grand et légitime
succès. Ses dernières œuvres, un Paysage ,et une Barque
engravée sur le Nil figureront au prochain Salon de Paris.

— L'Alsace vient de perdre un sculpteur de talent,
Friedrich, l'auteur de la nymphe Alsa, qui fut offerte au
maire de Strasbourg, et qui a péri avec bien d'autres
richesses dans le bombardement de cette patriotique cite.
Friedrich est également l'auteur du médaillon de Turenne
qui orne le monument de Salzbach. Il laisse inachevés dans
son atelier un groupe allégorique, le Rhin et l'Alsace, et la
statue de Jean Hûltz, l'un des architectes de la cathédrale
de Strasbourg.

1. Voir l'Art, V année, tome II, page 189. Cette notice est accompagnée d'un fac-simile des Combattants de Juillet rS3o, trois dessins pris sur
nature par Jeanron (cabinet de M. Etienne Arago).

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.