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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Portalis, Roger: L' ornementation et l'illustration des livres en France: particulièrement au XVIIIe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0177

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L'ORNEMENTATION

ET

L'ILLUSTRATION DES LIVRES EN FRANCE

PARTICULIÈREMENT AU XVIIIe SIÈCLE
(fin)>

L'art, après avoir versé dans la mesquinerie et
l'excès de la frivolité, avait besoin de se retremper aux
pures sources de l'antique, mais ce qu'il devait y gagner
en noblesse et en grandeur, il allait le perdre du côté
bien français de la grâce et de l'esprit. Le peintre
Vien, le dessinateur Le Barbier, sont deux des plus
fervents adeptes de cette rénovation et cherchent, par
leurs leçons et par leurs exemples, à rendre à l'art
français plus de dignité et de sérieux. Vers la même
époque, à la suite d'un voyage en Italie (178^), et sous
l'influence des mômes idées, le talent de Moreau le
jeune se transforme. David, l'apôtre du retour au clas-
sique et à l'étude de la statuaire antique, homme de
parole et d'action, a la principale influence sur ce chan-
gement du goût ; il met, il est vrai, le culte du dessin
en première ligne, et apprend à ses élèves la nécessité
d'exprimer par ce moyen leurs idées. Mais son école
renchérit encore sur ses préceptes. Les Grecs et les
Romains semblent en marbre, représentés par les Peyron,
les Chaudet, les Girodet, les Gérard, ses élèves, et leur Olympe est aussi solennel et collet monté
qu'il était auparavant leste et voluptueux. De grands et beaux ouvrages d'illustration sont pour-
tant dus à cette époque, à son influence artistique et à l'activité des Didot. Les sévères composi-
tions faites pour le Virgile et le Racine de ces imprimeurs, se marient bien aux majestueux récits
et aux classiques tirades de ces deux auteurs, loin de les déparer.

Un seul artiste, Prud'hon, gardant dans son âme rêveuse et tendre un idéal de grâce et de
beauté qu'il n'emprunte à personne, produit, en dehors des coteries de l'école enrégimentée sous
les ordres de David, des œuvres charmantes et absolument personnelles. Le malheur des temps
révolutionnaires fait qu'il demande, heureusement pour nous, à l'illustration des livres le pain que
la peinture ne peut lui assurer. C'est à la Révolution que nous devons les délicieux dessins de
Daphnis et Chloé, les amoureuses compositions de l'Art d'aimer, et le groupe de Phrosine et
Mélidor, où Prud'hon a mis toute son âme. Un autre artiste, peu apprécié et peu correct,
Monsiau, a pourtant aussi conservé, sous les costumes égalitaires de la Révolution, une trace du
sourire enchanteur du xvmc siècle.

Mais les dessinateurs sont surtout occupés alors, par patriotisme réel ou simulé, à représenter
les grandes journées de cette sanglante époque. Monnet, Lebarbier, Moreau, Duplessis-Bertaux,
quittent souvent leurs bergeries et leurs Romains pour en retracer les palpitants épisodes. Et puis
ce sont les glorieuses campagnes, de la République et de l'Empire que raconte le crayon des Carie

1. Voir l'Art, y année, tome II, page 12>S.
Tome IX.

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