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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Portalis, Roger: L' ornementation et l'illustration des livres en France: particulièrement au XVIIIe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0178

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IJ4 L'ART.

Vernet et des Duplessis-Bertaux. La parole est à la poudre, et c'est le dessin de bataille qui a le
privilège de passionner la foule. L'illustration du livre à ce moment est bien faible. Moreau
vieilli a recommencé, mais avec quelle infériorité, pour l'éditeur-amateur Renouard, l'illustration de
nos grands auteurs. Il faut le souffle ardent du romantisme pour faire rentrer dans l'oubli ces
froideurs et ces fadeurs, pour galvaniser l'art et faire éclore une nouvelle école : l'école moderne.

Elle a une manière différente de sentir et de voir, moins conventionnelle et plus vivante,
mais si l'art de cette époque laisse dans la peinture d'histoire et dans le paysage une trace bril-
lante, privé de la couleur, son principal soutien, il est bien éteint dans l'illustration des livres.

Le crayon lithographique interprète d'une
façon bien terne, et la gravure sur bois
d'une manière bien incomplète la littéra-
ture romantique échevelée. Il faut citer
pourtant, comme productions de l'époque,
les scènes de romans et de drames de
Tony Johannot et de Devéria, les lithogra-
phies d'Eugène Delacroix pour le Faust de
Goethe, les militaires de Charlel: et de
Raffet, les suites pour Voltaire et les clas-
siques français par Desenne, et le Molière
d'Horace Vernet, le digne descendant des
Moreau et des Joseph Vernet et l'héritier
de leur talent; l'ingéniosité de Grandville
et le sentiment réaliste qui prend sous le
crayon de Gavarni son expression la plus
originale, ne doivent pas être non plus
laissés dans l'oubli.

Nous voici arrivés à l'époque actuelle.
C'était hier, c'est aujourd'hui et il est fort
difficile, faute de recul, comme on dit en
peinture, de porter un jugement définitif, et
prudent de ne pas le faire. Contentons-
nous de citer, comme les meilleurs dessina-
teurs de livres, Meissonier, Eugène Lamy,
Gustave Dore, Bida. Il semble que la
lithographie, nébuleux météore, ait déjà
disparu; la gravure en taille-douce, si bril-
lante et si florissante naguère, est à l'agonie.
La gravure sur bois, commode et expédi-
Dessin de Gravklot pour i.a tragédie de « Catilina ». tive dans les publications Courantes, n'a

Composition nue. (Cabinet de M. Emmanuel Bocher.) paS la valeur de l'estampe ; l'eau-forte Seule

triomphe, et à juste titre à notre avis. Elle rend rapidement, dans ce siècle ou Ton marche vite,
la pensée de l'artiste; elle a pour elle l'éclat, l'effet et la vivacité. Maniée par des hommes de
talent, elle nous rendra les beaux livres et les belles œuvres qui clôtureront dignement pour les
bibliophiles actuels l'art du livre au xixl! siècle.

Après cette rapide excursion dans le domaine de l'illustration du livre dans tous les temps,
revenons aux dessins exécutés pour les livres au xviii6 siècle qui font l'objet de cette étude.

Ce siècle est pour l'art de la France une époque vraiment privilégiée. Après avoir été trop
longtemps imitateur, l'art français conquit alors par des qualités peu sévères, il est vrai, mais
élégantes et bien spéciales au pays, une complète originalité. Portées aux nues par les contem-
porains, ses productions artistiques étaient tombées, sous le poids d'un mépris injuste et de la
réprobation fomentée par David et son école, dans un oubli profond. Une vive réaction s'est
 
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