L' art: revue hebdomadaire illustrée (3.1877 (Teil 2))

LES COUVERTURES

LIVRES DE «BICCHERNA» ET «GABELLA»

DE LA RÉPUBLIQUE DE SIENNE

epuis 185:8, tous les documents et diplômes qui se trou-
vaient [disséminés [dans les diverses archives de la ville de
Sienne sont réunis et méthodiquement classés, et la valeur
historique de ces archives d'État est déjà hautement appréciée
des érudits, qui affluent de tous les pays afin d'utiliser une
collection de 49,300 diplômes embrassant une période de dix
siècles, à commencer par l'année 736

Le caractère tout spécial de cette revue et la nature de
mes études me dispensent de promener le lecteur à travers
les vingt salles du grand palais Piccolomini, où s'étalent les
éléments de la vie administrative et politique de la ville de
Sienne depuis le commencement du moyen âge jusqu'à nos
jours, et d'en relever l'admirable ordonnance. Je me borne à
remarquer qu'elle est due surtout à la savante direction de
M. Banchi, un érudit doublé d'un homme de lettres des plus
éminents: un nom, après tout, assez connu et apprécié en
deçà et au-delà des Alpes pour que la plume d'un peintre

Lettre gothique.

Fac-s;miie d'un dessin de Léon Gaucberci, n'ait rien à ajouter à la justice qui lui est rendue2.

d'après un type du xive siècle. t . , ■ - •

Mais le sentiment de l'art qui, bien avant que l'heure de
la Renaissance eût sonné, se faisait jour partout, aussi bien dans les moeurs que dans les institu-
tions de nos vieux républicains du moyen âge, ne s'était nulle part affirmé d'une façon plus
originale et charmante qu'en cet ornement des livres, dits de la Biccherna et de la Gabella, dont
les archives de Sienne possèdent une série qui ne compte pas moins de soixante-dix-huit pièces,
la plus ancienne portant la date de l'année 1257, et la dernière celle de l'année 1689.

C'est au nombre des principaux rouages de l'administration de la république de Sienne qu'il
faut compter la Biccherna et la Gabella. Comment cet appellatif de Biccherna, d'origine tudesque,
bûcher, livres, a pu se naturaliser à Sienne plutôt qu'en d'autres villes italiennes qui avaient des
liens encore plus étroits avec le Saint-Empire germanique, c'est une question à laquelle on s'effor-
cerait en vain de répondre. Nous savons seulement qu'il était entré dans l'usage dès une époque
très-reculée, et bien avant qu'il n'en fût fait un usage officiel. En effet, dans les documents du
xme siècle, cette magistrature est toujours nommée l'TJffi\io dei quattro Provpeditori del Comune;
et ce n'est que vers la fin de ce même siècle que le mot barbare se trouve sanctionné par le
langage officiel.

1. C'est à Francesco Bonaini, mort en 1854, que la Toscane, et peut-être l'Italie, est redevable de l'institution des archives d'État telle
que nous la voyons organisée aujourd'hui.

2. Le professeur Jules Ficker, de l'université d'Innspruck, dédiait à M. Banchi le volume des Documents pour l'histoire du royaume et du
droit italiques.

Tome IX. 29

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