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Tardieu, Charles: Le salon de Paris 1877, [5], les récompenses
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0242
LE SALON DE PARIS'
1877
LES RÉCOMPENSES
ien de plus curieux que le Salon au lendemain de la distribution
des récompenses. Pour un nombreux public, le verdict du jury
est le signal de la véritable ouverture de l'exposition. Jusque-là,
on errait un peu au hasard à travers les salles, embarrassé de
faire un choix et n'osant pas trop se fier à son propre jugement.
11 y a bien les appréciations de la presse, mais elles sont trop
contradictoires pour mettre les gens à l'aise. La presse assuré-
ment exerce de son mieux son sacerdoce, mais elle s'appelle
légion. Autant de critiques, autant d'opinions. C'est là un grave
inconvénient. On n'est jamais sûr de son fait avec ces maudits
journaux. Avec le jury, rien de pareil à craindre. Le jury est
un corps constitué; l'administration et les exposants ont participé à sa formation; il représente
l'autorité, il est officiel, immense avantage. Peu importe que ses décisions aient été plus ou moins
tiraillées, que telle résolution n'ait été prise qu'à une majorité strictement suffisante après plusieurs
tours de scrutin. Pour le public, l'opinion du jury est une et Êlle fait loi. On sait maintenant à
quoi s'en tenir. On peut admirer de confiance. On se sent affranchi de la peur du ridicule. Toute
recherche devient inutile. Il suffit d'aller aux médailles. Quand on les a vues, on a vu le Salon.
Et l'on passe dédaigneusement devant tel vainqueur vingt fois chevronné qui n'a plus de récom-
pense à attendre et qui ne s'en inquiète guère, devant telle œuvre méconnue qui fait pressentir
une éclatante revanche. Cela n'a pas même obtenu un accessit; cela n'existe pas.
Faisons comme tout le monde; allons voir les médailles. D'abord les médailles d'honneur.
Pour la peinture, M. Jean-Paul Laurens. Celle-là était attendue. Elle était donnée par tout le
monde avant d'être décernée par le tribunal compétent.
3. Voir l'Art, }" ânnée, tome ii, pages 121, 145, 169 et 19J.
Tome IX.
28
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LES RÉCOMPENSES
ien de plus curieux que le Salon au lendemain de la distribution
des récompenses. Pour un nombreux public, le verdict du jury
est le signal de la véritable ouverture de l'exposition. Jusque-là,
on errait un peu au hasard à travers les salles, embarrassé de
faire un choix et n'osant pas trop se fier à son propre jugement.
11 y a bien les appréciations de la presse, mais elles sont trop
contradictoires pour mettre les gens à l'aise. La presse assuré-
ment exerce de son mieux son sacerdoce, mais elle s'appelle
légion. Autant de critiques, autant d'opinions. C'est là un grave
inconvénient. On n'est jamais sûr de son fait avec ces maudits
journaux. Avec le jury, rien de pareil à craindre. Le jury est
un corps constitué; l'administration et les exposants ont participé à sa formation; il représente
l'autorité, il est officiel, immense avantage. Peu importe que ses décisions aient été plus ou moins
tiraillées, que telle résolution n'ait été prise qu'à une majorité strictement suffisante après plusieurs
tours de scrutin. Pour le public, l'opinion du jury est une et Êlle fait loi. On sait maintenant à
quoi s'en tenir. On peut admirer de confiance. On se sent affranchi de la peur du ridicule. Toute
recherche devient inutile. Il suffit d'aller aux médailles. Quand on les a vues, on a vu le Salon.
Et l'on passe dédaigneusement devant tel vainqueur vingt fois chevronné qui n'a plus de récom-
pense à attendre et qui ne s'en inquiète guère, devant telle œuvre méconnue qui fait pressentir
une éclatante revanche. Cela n'a pas même obtenu un accessit; cela n'existe pas.
Faisons comme tout le monde; allons voir les médailles. D'abord les médailles d'honneur.
Pour la peinture, M. Jean-Paul Laurens. Celle-là était attendue. Elle était donnée par tout le
monde avant d'être décernée par le tribunal compétent.
3. Voir l'Art, }" ânnée, tome ii, pages 121, 145, 169 et 19J.
Tome IX.
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