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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Yriarte, Charles: Goya aquafortiste, [3]
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GOYA AQUAFORTISTE

(suite l)

ans le recueil des Caprices, la planche 43 (le Songe de la
Raison enfante des monstres) ouvre une série de vingt-trois
compositions (coupées cependant çà et là par des sujets d'un
autre ordre) qui toutes se rattachent au surnaturel. Ce sont
les trois Parques, horribles mégères, qui devisent mystérieu-
sement sur les destinées des hommes, tandis que du plafond
pendent à des fils des petits enfants, volés sans doute, et qui
se lamentent. Des vieillards sans sexe, dont les habits ressem-
extrlCd^mTivrckdien blent à des suaires, dissertent en s'offrant une prise de tabac.

ll^'V^Xï du commencement du XVe siècle. *1 "il • , • 1 / 1

^Ç^\3>^X Fac-Simiie d'un dessin A leurs pieds, dans un panier, toute une nichée de petits

cjx^^^^J enfants minuscules s'agitent et crient, tandis que des traînées

Vi^^^OJ* d'ombres tachent les fonds où voltigent des chauves-souris. — Mucho hay que
Q\\ê^ifL chupar — « 11 y a beaucoup à sucer », dit l'artiste dans sa légende, et, dans

.SL^v^j son manuscrit, l'amer philosophe développe ainsi sa pensée : « Celles qui ont déjà

■MW^j^SV quatre-vingts ans sucent les enfants, et celles qui atteignent leur dix-huitième

^^Sfbf année sucent les grands ; il semble que les hommes soient faits pour être sucés. »

f§Êm§n Puis ce sont des assemblées de personnages dévots dont les têtes ont le

4f !ir caractère d'animaux; les mains jointes sous les larges manches de leur froc, ils

tiennent une assemblée, tandis qu'autour d'eux voltigent des monstres ailés, des
hommes cornus pourvus d'ailes, des chiens fantastiques; et vingt fois dans l'œuvre peint ou
dessiné reviennent les mêmes intentions et les mêmes personnages. Avouons que tout cela est
inexplicable et indescriptible; la pensée n'a rien de précis, de déterminé; l'idée est vague et
flottante. Est-on sur terre, est-on dans la région des ombres, dans l'empire des noirs minuits où
pénètrent Albertus et Faust? ISObsequio al maestro, « l'Hommage au maître »; les Soplones,
« Souffleurs »; Duendecitos, « Farfadets », sont de purs Caprices et le nom est bien choisi.
Goya aimait le surnaturel, il a classé les Esprits, leur a attribué des fonctions, il s'est plu à
asseoir des sorcières nues sur des balais, leur donnant pour compagnes de jolies filles dont les
appas contrastent avec les hideurs des vieilles édentées auxquelles elles se cramponnent, craintives
et inexpérimentées. Il attache des ailes à des corps humains dont les extrémités sont celles des
animaux féroces ou des boucs impurs, et il leur fait traverser d'un coup d'aile des ciels semés
d'étoiles. Gravement, sur des fonds d'aqua-tinte qui ressemblent à ces nuages qui parfois rayent le
firmament de leurs grandes traînées sanglantes, il assied des êtres sans nom, moitié hommes
moitié bêtes, qui, armés d'une paire de grands ciseaux, coupent les ongles à des boucs ou leur
cirent les sabots, les parant pour une nuit de Walpurgis sur un broken castillan, pendant que
d'autres démons regardent le ciel d'un air étrange, étendant comme un paravent leurs ailes de
chauves-souris : — et il écrit en légende : Se repulen, «Ils se nettoient ». Si on veut se rendre
compte de la pensée qui échappe à toute perception, on lit dans son manuscrit cette explication qui
n'explique rien : « Il est si nuisible d'avoir des griffes, qu'elles sont prohibées, même en sorcel-
lerie. »

i. Voir l'Art, année, tome II, page j5-
 
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