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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Pougin, Arthur: Charles Gounod, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0025

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CHARLES GOUNOD.

Un an après, la Comédie-Française représentait une tragédie de Ponsard, Ulysse, pour
laquelle M. Gounod avait écrit un certain nombre de fort beaux chœurs tout imprégnés d'un véri-
table parfum antique et qui respiraient une mâle énergie. Bientôt le compositeur se montrait de
nouveau à l'Opéra, avec un grand ouvrage en cinq actes^ la Nonne sanglante, dont le livret,
quoique signé des noms de Scribe et de Germain Delavigne, était absolument dénué d'intérêt. Le
musicien eut le tort d'accepter ce livret, précédemment refusé par plusieurs de ses confrères,
Meyerbeer, Halévy, et qui fit tort à ses inspirations. Malgré quelques morceaux remarquables, la
partition de la Nonne sanglante n'était en réalité que d'une valeur secondaire, et n'obtint aucun
succès. M. Gounod n'avait pas encore trouvé sa veine1.

Mais il allait être plus heureux, et il commença la série de ses succès en donnant au
Théâtre-Lyrique le Médecin malgré lui, dont MM. Jules Barbier et Michel Carré lui avaient fait
un livret d'opéra-comique, tout en conservant la majeure partie de la prose de Molière2. Bien
qu'au point de vue général le sentiment comique soit loin d'être la qualité dominante de son
talent, le Médecin malgré lui restera l'une des tentatives les plus originales de M. Gounod, qui,
dans cet ouvrage, a essayé de faire revivre les vieilles formes de la musique française, et qui, en
y ajoutant tous les ingénieux artifices de la science moderne, en recouvrant le tout de son style
magistral, si empreint d'une extrême élégance, a produit une œuvre d'une couleur et d'un carac-
tère tout particuliers.

Le Médecin malgré lui sembla préparer le grand jour de la vie artistique de M. Gounod.
Quatorze mois après l'apparition de cet ouvrage, c'est-à-dire le 19 mars 185:9, le compositeur
donnait au même théâtre l'œuvre qui fonda et établit sa renommée sur des bases inébranlables.
On devine que nous voulons parler de Faust, dont le succès fut si éclatant, si prolongé, si
universel, et qui restera peut-être toujours le meilleur titre de son auteur au souvenir et à la
reconnaissance de la postérité.

Arthur Pou gin.

(La suite prochainement.)

t. Voici la liste exacte des ouvrages dramatiques de M. Gounod, avec la date de leur représentation : Sapho, opéra en trois actes, de
M. Emile Augier, 16 avril 1851 ; — Ulysse, tragédie en cinq actes avec chœurs, de Ponsard, Comédie-Française, 18 juin 1852; — la Nonne san-
glante, opéra en cinq actes, de Scribe et Germain Delavigne, Opéra, 18 octobre 1854; — le Médecin malgré lui, opéra-comique en trois actes,
arrangé d'après Molière par MM. Michel Carré et Jules Barbier, Théâtre-Lyrique, 15 janvier 1858; — Faust, opéra dialogué en cinq actes, de
MM. Michel Carré et Jules Barbier, Théâtre-Lyrique, 19 mars 1859 (repris à l'Opéra, avec des récitatifs remplaçant le dialogue, le 5 mars 1869) ;
— Philémon et Baucis, opéra en trois actes, de MM. Michel Carré et Jules Barbier, Théâtre-Lyrique, 18 février 1860; — la Reine de Saba, opéra
en quatre actes, de MM. Michel Carré et Jules Barbier, Opéra, 29 février 1862; — Mireille, opéra en cinq actes, de Michel Carré, Théâtre-
Lyrique, 19 mars 1864 (réduit en trois actes le 15 décembre suivant, et repris ensuite sous sa forme première, à l'Opéra-Comique, le
10 novembre 1874) ; — la Colombe, opéra-comique en deux actes, de MM. Michel Carré et Jules Barbier, Opéra-Comique, 7 juin 1866 (avait été
représenté sur le théâtre de Bade au mois d'août 1860); — Roméo et Juliette, opéra en cinq actes, de MM. Michel Carré et Jules Barbier,
Théâtre-Lyrique, 27 avril 1867; — les Deux Reines de France, drame en quatre actes et en vers, avec chœurs, intermèdes et divertissements,
de M. Ernest Legouvé, Théàtre-Ventadour, 27 novembre 1872; — Jeanne d'Arc, drame en cinq actes et en vers, avec chœurs et intermèdes, de
M. Jules Barbier, Gaité, 8 novembre 187;.

2. Ce n'est pas la seule fois que Molière est devenu l'inspirateur de nos musiciens, et qu'il a été transporté à la scène lyrique. Déjà
le Médecin malgré lui avait servi de texte à Désaugiers père, et c'est son rils, le fameux chansonnier, qui lui en avait fabriqué le livret. Pour-
ceaugnac a été mis presque simultanément en musique par Mengozzi et Jadin. Les Précieuses ridicules ont été transformées en opéra-comique
par Devienne. Je ne parle pas de Don Juan, dont l'idée première n'appartient pas à Molière, et qui, au point de vue musical, a été immortalisé
par Mozart.
 
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