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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Yriarte, Charles: Goya aquafortiste, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0100

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GOYA AQUAFORTISTE. 83

suffrage de ceux qui prennent exactement la mesure des choses et ne sont pas plus royalistes que
le roi, en concluant comme nous le faisons ici :

Les eaux-fortes de Goya, par leur côté vague, indéfini, prêtent parfois à l'allusion plutôt
qu'elles ne font directement allusion elles-mêmes. L'esprit et l'opinion publique, préoccupés de
chercher partout des satires contre les personnages qui occupaient alors la scène du monde poli-
tique et le théâtre de la société d'alors, trouvèrent dans ces planches des Caprices un thème
d'autant plus favorable à leurs interprétations que la pensée de ces divers personnages avait dû
certainement traverser le cerveau de l'artiste sarclonique, du railleur célèbre qu'on ne possédait
jamais même lorsqu'on l'enchaînait par des bienfaits. L'idée était dans l'air, les mêmes noms
circulaient dans toutes les bouches, la chronique du moment qui ne pouvait s'imprimer cherchait
tous les moyens de propagande qui pouvaient lui donner un essor. Un vent de destruction, un
souffle de satire venu d'au-delà des Pyrénées agitait l'air depuis les sommets du Guadarrama
jusqu'aux flots bleus de Cadix : et chacun à son gré pouvait d'autant mieux donner à sa pensée
railleuse une forme plastique, que, fidèle au système de tous les satiriques, depuis Cervantès
jusqu'à Larra, depuis Molière jusqu'à Labruyère, Junius, Swift et Beaumarchais, Goya prenait
des traits divers pour en composer une physionomie unique. La malignité publique donnait à
chaque figure un nom qui, courant bientôt de bouche en bouche, recueilli par des chroniqueurs
anonymes, fixé dans des manuscrits contemporains, est accepté aujourd'hui comme l'expression de
la vérité définitive alors même qu'il est facile de réfuter cette interprétation par les seuls docu-
ments incontestables : ceux tirés de la concordance des dates et des papiers d'archives, et ceux
aussi (beaucoup moins certains pour qui ignore le sujet, mais tout aussi concluants pour nous)
qui sont tirés des circonstances morales dans lesquels l'artiste se trouvait vis-à-vis des grands
qu'il aurait pris pour modèles.

Nous laisserons s'écouler quelque temps et reprendrons Cette étude avec la Tauromachie, les
Proverbes et la série des Désastres de la guerre, le chef-d'œuvre du maître, qui nous montrera
Goya sous son côté philosophique et humanitaire.

Charles Yriarte.

M U F L E DE LION LAURÉ,
Fac-similé d'une gravure de Stcfano délia Bella.
 
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