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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Vosmaer, Carel: Les " Leҫons d'anatomie" dans la peinture hollandaise, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0129

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LES LEÇONS D'ANATOMIE DANS LA PEINTURE HOLLANDAISE. 109

réalistes, dont la présence rapetisserait la scène en la ramenant aux proportions réelles d'une
dissection dans une chambre d'anatomie, Rembrandt les a sagement écartés ; tels sont, par
exemple, la rampe, la chandelle, le réchaud, les boules odoriférantes, dont la destination nous
suggère par elle-même une impression pénible. Dans un sentiment non moins élevé, il a égale-
ment évité d'ouvrir, comme a fait Mierevelt, le cadavre ; il n'a pas cherché à tirer avantage des
intestins qui auraient pu tenter un coloriste. Toutes les particularités répugnantes ont été suppri-
mées. Aussi, n'éprouve-t-on pas devant ce tableau l'impression que produirait la dissection d'un
cadavre. La signification est plus générale, plus grande. Au lieu d'un tableau avec des portraits
de docteurs amsterdamois, on a la représentation d'un moment de la vie de ceux qui se vouent
à la science et à l'humanité. Le sujet y est tellement compris et exécuté, qu'il est élevé au-dessus
de la réalité ordinaire et qu'il a reçu l'empreinte pure et indélébile de l'idéal.

En i6f6, Rembrandt fut encore une fois engagé à peindre un sujet pareil. Il avait à repré-
senter le docteur Johan Deyman, — depuis 16f 3 inspecteur du Collegium medicum, — avec ses

Fac-similé d'un croquis de Rembrandt
Pour le tableau la « Leçon d'anatomie » du D' Johan Deyman, 1656.

huit collègues. Lorsque sir Josuah Reynolds visita la Hollande, en 1781, il vit ce tableau dans la
salle de la gilde des chirurgiens, à Amsterdam. « Au premier étage, dit-il, il y a un second
tableau de Rembrandt, le professeur Deyman, auprès d'un cadavre dont le raccourci est tellement
fort, que les mains touchent presque aux pieds ; il est étendu sur le dos, les pieds tournés
vers le spectateur. Il y a quelque chose de sublime dans la tête du docteur, qui rappelle une de
celles de Michel-Ange. Tout est bien peint, et le coloris ressemble à celui du Titien. »

Ce tableau, fort endommagé en 1723 par un incendie, fut vendu en 1842 à M. Chaplin, de
Londres, pour 600 francs. On se demande où il peut être maintenant. On ne cache pas un Rem-
brandt. Enfin, on ne savait rien de ce tableau; mais, il y a plusieurs années, ayant acheté quel-
ques vieux dessins d'anatomie1, j'eus la chance d'acquérir un dessin à la pierre noire fait par
J. Dilhoff en 1760, d'après Rembrandt. Il représente un cadavre étendu sur une table, juste dans
la position que Reynolds et Smith [Supplém., n" y) décrivent; et auprès de lui, le docteur tenant
dans la main le crâne du mort, comme il tiendrait une coupe. Dans ce dessin, il n'y a pas
d'autre figure. C'est probablement une étude pour le tableau. Mais dans un précieux petit croquis

1. Ce sont les dessins originaux qui ont servi à YAnatomie de J. Van der Gracht, 16^4. Ce peintre, qui s'occupa beaucoup de l'anatomie,
écrit dans sa préface .qu'il a acquis ces dessins en Italie et qu'il les a gravés à l'usage des artistes.
 
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