L' art: revue hebdomadaire illustrée (3.1877 (Teil 2))

CHRONIQUE

FRANÇAISE

— Le sujet que les élèves peintres en loge pour le concours
du grand prix de Rome ont à traiter, est : la Prise de Rome
par les Gaulois.

— Un jury spe'cial de l'École des Beaux-Arts, à Paris, s'est
réuni le 17 avril à trois heures, afin de rendre son jugement défi-
nitif dans le grand concours annuel des peintres dont M. Che-
villard est le professeur.

Le jury, après un minutieux examen,— jugeant l'ensemble
du concours, qui se compose de deux épures dont le pro-
gramme est donné par le professeur, plus une troisième épure
dite supplémentaire, enfin, de l'examen oral, — a décerné les
récompenses suivantes :

Cinq médailles :

ir0 M. de Tarade (Jacques), élève de M. Cabanel.
2" M. Fournier, élève de M. Cabanel.
y- M. Flandrin, élève de M. Lehmann.
4" M. Guilbert, élève de M. Gérôme.
5e M. Fourmant, élève de M. Gérôme.

Cinq mentions :
M. Bogino, élève de M. Lehmann.
M. Bilhaut, élève de M. Maillart.
M. Merlin, élève de M. Cabanel.
M. Tribout, élève de M. Lehmann.
M. Munier, élève de M. Lucas.

L'exposition a eu lieu le 18 avril, de neuf heures à midi, à
l'Ecole des Beaux-Arts.

— Nous lisons dans l'Indépendant de l'Oise du 18 :
M. le marquis de Chennevières, directeur des Beaux-Arts, a
visité hier matin la manufacture nationale de tapisseries de
Beauvais, accompagné de M. le sénateur comte de Malherbe,
maire de la ville, de M. Saurain, secrétaire particulier du direc-
teur, de M. Gerspach, chef du bureau des manufactures natio-
nales, et de MM. Chabrol, architecte du Palais-Royal, et Jules
Badin, artiste peintre. M. Diéterle, administrateur de la manu-
facture, a fait passer sous les yeux les diverses pièces de tapis-
series terminées ou en cours d'exécution pour l'Exposition pro-
chaine de 1878. Ces messieurs, après avoir visité en détail les
magasins et les ateliers, se sont retirés enchantés, après avoir
vivement félicité et encouragé tout le personnel.

CHRONIQUE ÉTRANGÈRE

Angleterre. — On s'occupe assez sérieusement, en Angle-
terre, du projet d'établir à Rome une Académie des Beaux-
Arts.

■— M. Thomas Birch Wolfe, de Brighton, vient d'offrir à la
National Gallery un beau tableau de George Morland. Jus-
qu'ici, dit Y Academy, ce peintre, un des originaux de l'école
anglaise, n'était pas représenté au Musée National. Le tableau
donné par M. Birch Wolfe, exceptionnellement grand pour un
Morland, fut exposé en 1791 à la Royal Academy, où il fut
acheté par le Rev. Sir Henry Bate Dudley, Bart., lequel le légua
à son neveu. Ce neveu n'est autre que le généreux donateur
actuel.

Le tableau représente l'intérieur d'une écurie dans laquelle
un jeune homme ramène un cheval blanc qu'il vient de dételer,
un cheval bai et un petit poney sellé. Le cheval blanc est le

centre du tableau. Un homme en blouse est agenouillé sur les
dalles, ramassant du foin pour en remplir le râtelier. Les ani-
maux sont peints avec une spirituelle exactitude. La touche est
ferme et magistrale, et la lumière qui éclaire la toile est tran-
quille, transparente et pure de toute noirceur. C'est en somme
un Morland d'une belle qualité, et un spécimen caractéristique
de l'œuvre du maître.

— M. le professeur Sidney Colvin a commencé, à la Société
des Arts (Society of Arts), une série de conférences sur l'art
grec et romain considéré dans ses rapports avec l'enseignement
classique.

— M. Percy Gardner, qui accompagne M. C. E. Newton
en Grèce, consacre dans les dernières livraisons de V Academy
(14 et 21 avril) des études on ne peut plus intéressantes aux
fouilles d'Olympie et de Mycènes.

NECROLOGIE

Un peintre de talent, M. Edmond André, vient de
mourir en Algérie, à peine âgé de quarante ans. M. André
débutait au Salon de 1867 par la Baie de Douarnene^. Voici
ses autres expositions: 1868, Barque pilote portant une
amarre; 1869, Bateaux pêcheurs échoués ; 1870, la Canon-
nière Farcy faisant ses expériences, le Phare de l'hôpital;
1872, le Départ, Un Relais en 1776; 1873, Vive le roy!
1874, Devant Patay; 1875, Brigands pour les oiseaux,
sujet tiré du Capitaine Fracasse, de Théophile Gautier.

— Les journaux de Bruxelles annoncent la mort de
M. Adolphe Van Soust de Borckenfeld, directeur inspec-

teur des Beaux-Arts au ministère de l'intérieur de Belgique.
M. Van Soust a été frappé d'apoplexie dans son cabinet de
travail, le vendredi 20 avril. Il a succombé le lundi suivant
sans avoir repris connaissance. Il n'avait pas cinquante-
deux ans. Entré fort jeune dans l'administration, et arrive
de bonne heure à de hautes fonctions, qu'il remplissait
avec beaucoup de tact et d'activité, M. Van Soust consacrait
ses loisirs à la littérature et à la critique d'art. Parmi les
publications du critique, nous citerons une Elude sur l'état
présent de l'art flamand, 18 58, etl'École d'Anvers en iH58,
deux écrits qui ont été remarqués.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.