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Tardieu, Charles: Le salon de Paris 1877, [6], les récompenses
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0275
248 L'ART.
relies, dont un de nos collaborateurs aura occasion de s'occuper dans un article spécialement
consacré aux aquarelles et dessins, témoignent d'une certaine originalité d'invention, en même
temps que d'une remarquable souplesse d'exécution. Son tableau, la Mort d'Adonis, atteste la
noble ambition d'escalader les plus hauts sommets de l'art ; c'est la tragédie du prix d'honneur
de rhétorique, le certificat de jeunesse
du débutant, une tentative plutôt qu'une
œuvre, un effort honorable, sinon une
complète réussite.
Le jury a médaillé le tableau, lais-
sant au public et à la critique le soin
de médailler l'étude. Si la médaille
n'était que la consécration du succès,
il aurait eu tort. Il a pensé, non sans
raison, qu'il y avait ^quelque mérite à
se mesurer avec les difficultés d'une
composition poétique, et il a cru de-
voir encourager l'auteur à persévérer,
à la condition de faire mieux. . ,
Les défauts sont assez apparents
pour n'avoir point frappé depuis l'ou-
verture du Salon l'attention du jeune
artiste, qui a modelé avec tant de déli-
catesse et de précision le corps nu de
la jeune fille de l'étude. Mais ce tableau
manqué a de bonnes parties. Vénus ex-
prime la stupeur plutôt que la douleur,
et même en admettant cette donnée, il
faut avouer que ni le geste, ni le re-
gard de la déesse, ne sont parfaitement
trouvés ; mais le cadavre d'Adonis, bra-
vement jeté au premier plan de la toile,
est dessiné avec une fermeté qui accuse
une notion de l'ossature, dont on ne
voit malheureusement aucune trace
parmi les trop nombreuses baudru-
ches académiques du Salon. Le fond de
paysage, un peu décor, tenant plus du
rêve que de la réalité, n'est pas sans
un certain charme factice.
M. Guillaume Dubufe est évidem-
^TUDE ment un jeune artiste bien doue et
Fac-similé d'un dessin de Guillaume Dubufe fils, d'après sbn tableau, élevé à bonne école, et si l'on tient
(Salondei877') • compte de ses dispositions naturelles,
de ses qualités acquises, de ses intentions élevées, de l'habileté dont il fait preuve dans certaines
parties de son tableau et dans l'ensemble de son exposition, il n'est pas jusqu'à ses gaucheries
qui ne soient d'un bon augure pour son avenir.
La gaucherie, qui n'est pas à dédaigner chez les jeunes peintres quand elle laisse entrevoir
sous l'inexpérience la fraîcheur naïve du sentiment et la résolution de le formuler plus nettement,
la gaucherie est un peu ce qui manque à M. Nemoz. Son tableau, Thésée va combattre le
Minotaure, a obtenu une troisième médaille, qui pourrait bien être aussi inutile que légitime. Le
sujet n'est pas maladroitement composé. Ariane est traitée en confidente de l'Odéon, mais Thésée
relies, dont un de nos collaborateurs aura occasion de s'occuper dans un article spécialement
consacré aux aquarelles et dessins, témoignent d'une certaine originalité d'invention, en même
temps que d'une remarquable souplesse d'exécution. Son tableau, la Mort d'Adonis, atteste la
noble ambition d'escalader les plus hauts sommets de l'art ; c'est la tragédie du prix d'honneur
de rhétorique, le certificat de jeunesse
du débutant, une tentative plutôt qu'une
œuvre, un effort honorable, sinon une
complète réussite.
Le jury a médaillé le tableau, lais-
sant au public et à la critique le soin
de médailler l'étude. Si la médaille
n'était que la consécration du succès,
il aurait eu tort. Il a pensé, non sans
raison, qu'il y avait ^quelque mérite à
se mesurer avec les difficultés d'une
composition poétique, et il a cru de-
voir encourager l'auteur à persévérer,
à la condition de faire mieux. . ,
Les défauts sont assez apparents
pour n'avoir point frappé depuis l'ou-
verture du Salon l'attention du jeune
artiste, qui a modelé avec tant de déli-
catesse et de précision le corps nu de
la jeune fille de l'étude. Mais ce tableau
manqué a de bonnes parties. Vénus ex-
prime la stupeur plutôt que la douleur,
et même en admettant cette donnée, il
faut avouer que ni le geste, ni le re-
gard de la déesse, ne sont parfaitement
trouvés ; mais le cadavre d'Adonis, bra-
vement jeté au premier plan de la toile,
est dessiné avec une fermeté qui accuse
une notion de l'ossature, dont on ne
voit malheureusement aucune trace
parmi les trop nombreuses baudru-
ches académiques du Salon. Le fond de
paysage, un peu décor, tenant plus du
rêve que de la réalité, n'est pas sans
un certain charme factice.
M. Guillaume Dubufe est évidem-
^TUDE ment un jeune artiste bien doue et
Fac-similé d'un dessin de Guillaume Dubufe fils, d'après sbn tableau, élevé à bonne école, et si l'on tient
(Salondei877') • compte de ses dispositions naturelles,
de ses qualités acquises, de ses intentions élevées, de l'habileté dont il fait preuve dans certaines
parties de son tableau et dans l'ensemble de son exposition, il n'est pas jusqu'à ses gaucheries
qui ne soient d'un bon augure pour son avenir.
La gaucherie, qui n'est pas à dédaigner chez les jeunes peintres quand elle laisse entrevoir
sous l'inexpérience la fraîcheur naïve du sentiment et la résolution de le formuler plus nettement,
la gaucherie est un peu ce qui manque à M. Nemoz. Son tableau, Thésée va combattre le
Minotaure, a obtenu une troisième médaille, qui pourrait bien être aussi inutile que légitime. Le
sujet n'est pas maladroitement composé. Ariane est traitée en confidente de l'Odéon, mais Thésée