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Chasrel, T.: Art et législature: M. Jules Bouisson et le "Musée des Souverains"
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284 L'ART.
Voici cet épilogue de l'ouvrage :
POSTFACE
E Musée des Souverains a reçu de mes collègues un accueil cordial. Les artistes l'ont jugé avec
une grande bienveillance et le prisent assurément plus que ne le fait son auteur. Il doit à tous des
remercîments.
Si l'œuvre a soulevé des objections, c'est surtout parmi les femmes. Pour quelques-unes, il
est vrai, la question était personnelle : je n'étais point parvenu à peindre leurs maris assez beaux
pour être présentés au public.
Mais les objections sont nées, en général, d'un autre sentiment; de la ressemblance, de la
sincérité dans l'observation, de la variété, de Fart, de la vie, de l'intérêt, soit, disait-on en feuille-
tant ces quatre volumes, mais la Beauté, Monsieur, la Beauté, que toute femme rêve toujours un
peu, même dans une collection de portraits! Est-il possible que des députés soient aussi laids?.....
Le mot est cru, mais la question est nette, et il est aisé d'y répondre.
Beaucoup de portraits, quelques caricatures, quelques apothéoses, la vérité, en somme, tel est le Musée des Souve-
rains. Pur préjugé que l'association d'idées qui fait d'un homme politique un Apollon. Y eùt-il donc trop de laid, entendu
au sens féminin, dans ces gros livres, ce n'est point le fait de l'auteur. Est-ce sa faute, à lui, si le suffrage universel n'est
point esthétique?... C'est là son moindre défaut. On trouvera peut-être, un jour, un procédé plus raisonnable pour
l'appliquer, — quelque condition topique, la gratuité de toute fonction élective, par exemple. — Quel changement alors
dans le personnel des corps politiques ! Changement agréable, Mesdames, et salutaire en même temps.
Si l'auteur est de quelque Assemblée, dans ce temps-là, il vous promet une galerie de beaux personnages, aristo-
crates libéraux ou démocrates montés en graine, propres à ne laisser que de gracieuses ou puissantes images dans vos
esprits, et à les rattacher, — tout est là, — à l'idéal du régime parlementaire.
J. Buisson.
Paris, icr janvier 1876.
Cette page d'esthétique politique soulève une question des plus délicates qu'on pourrait poser
en ces termes : De l'influence de la gratuité du mandat électif sur la représentation plastique du
corps électoral.
Bien que le problème soit incontestablement 'de notre ressort, nous hésitons à en rechercher
la solution, d'autant plus que l'honorable conservateur du Musée des Souverains le rattache à
l'idéal du régime parlementaire, un idéal qui prête parfois, et au moment où l'on s'y attend le
moins, à d'étranges et inquiétantes controverses.
Aussi nous bornerons-nous à une simple observation : La gratuité du mandat électif existe et
se maintient dans certains pays, malgré les réclamations incessantes des mandataires et des
mandants. Il nous est pas démontré que la représentation nationale y soit plus apollonienne que
clans les Etats où fleurit l'indemnité parlementaire.
T. Chasrel.
(La suite prochainement.)
Cul-de-i.ampe de Saint-Aubin. — Fac-similé d'une de ses gravures.
Voici cet épilogue de l'ouvrage :
POSTFACE
E Musée des Souverains a reçu de mes collègues un accueil cordial. Les artistes l'ont jugé avec
une grande bienveillance et le prisent assurément plus que ne le fait son auteur. Il doit à tous des
remercîments.
Si l'œuvre a soulevé des objections, c'est surtout parmi les femmes. Pour quelques-unes, il
est vrai, la question était personnelle : je n'étais point parvenu à peindre leurs maris assez beaux
pour être présentés au public.
Mais les objections sont nées, en général, d'un autre sentiment; de la ressemblance, de la
sincérité dans l'observation, de la variété, de Fart, de la vie, de l'intérêt, soit, disait-on en feuille-
tant ces quatre volumes, mais la Beauté, Monsieur, la Beauté, que toute femme rêve toujours un
peu, même dans une collection de portraits! Est-il possible que des députés soient aussi laids?.....
Le mot est cru, mais la question est nette, et il est aisé d'y répondre.
Beaucoup de portraits, quelques caricatures, quelques apothéoses, la vérité, en somme, tel est le Musée des Souve-
rains. Pur préjugé que l'association d'idées qui fait d'un homme politique un Apollon. Y eùt-il donc trop de laid, entendu
au sens féminin, dans ces gros livres, ce n'est point le fait de l'auteur. Est-ce sa faute, à lui, si le suffrage universel n'est
point esthétique?... C'est là son moindre défaut. On trouvera peut-être, un jour, un procédé plus raisonnable pour
l'appliquer, — quelque condition topique, la gratuité de toute fonction élective, par exemple. — Quel changement alors
dans le personnel des corps politiques ! Changement agréable, Mesdames, et salutaire en même temps.
Si l'auteur est de quelque Assemblée, dans ce temps-là, il vous promet une galerie de beaux personnages, aristo-
crates libéraux ou démocrates montés en graine, propres à ne laisser que de gracieuses ou puissantes images dans vos
esprits, et à les rattacher, — tout est là, — à l'idéal du régime parlementaire.
J. Buisson.
Paris, icr janvier 1876.
Cette page d'esthétique politique soulève une question des plus délicates qu'on pourrait poser
en ces termes : De l'influence de la gratuité du mandat électif sur la représentation plastique du
corps électoral.
Bien que le problème soit incontestablement 'de notre ressort, nous hésitons à en rechercher
la solution, d'autant plus que l'honorable conservateur du Musée des Souverains le rattache à
l'idéal du régime parlementaire, un idéal qui prête parfois, et au moment où l'on s'y attend le
moins, à d'étranges et inquiétantes controverses.
Aussi nous bornerons-nous à une simple observation : La gratuité du mandat électif existe et
se maintient dans certains pays, malgré les réclamations incessantes des mandataires et des
mandants. Il nous est pas démontré que la représentation nationale y soit plus apollonienne que
clans les Etats où fleurit l'indemnité parlementaire.
T. Chasrel.
(La suite prochainement.)
Cul-de-i.ampe de Saint-Aubin. — Fac-similé d'une de ses gravures.