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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 2)

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Goncourt, Edmond de: La maison d'un artiste au XIXe siècle, [4]: les portraits gravés de femmes du XVIIIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.18608#0327

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LA MAISON D'UN ARTISTE AU XIXe SIÈCLE. 267

Arnould : c'est le portrait de la toute-puissante maîtresse de Mercy-Argenteau, devenue baronne
du Saint-Empire, puis femme de l'ambassadeur.

M1Ie Maillard, de l'Académie royale de musique. Dessinée et gravée en couleur par Coutellier.
La jolie femme dont un état de l'Opéra dit : « Sujet très utile, mais qui malheureusement se laisse
faire des enfants ; ce qui prive le public d'un grand nombre d'opéras » , la future déesse de la
Liberté, est représentée avec son petit profil fardé, les belles lignes de sa gorge dans une robe
rose, sous réchevèlement blanc de son abondante coiffure poudrée à frimas.

M"6 Pélissier. Peinte par Drouais, gravée par Daullé, 1"' état avec l'adresse de Drouais. La
rivale de Lemaufe, la chanteuse de laquelle on a dit que les opéras sans elle n'étaient plus que
des concerts, figure dans une grande composition à la Nattier, habillée plutôt d'une draperie que
d'une robe. Elle a des yeux noirs en coulisse, des joues trouées de fossettes, une bouche sensuelle
qui retrousse aux coins, une mignonne chair toute pleine de délicatesses finement sculptées.

Mme Saint - Huberti , de l'Académie royale de musique. Dessinée par Le Moine, gravée en
couleur par Janinet. La sublime chanteuse, qui un jour fit un poète du lieutenant d'artillerie,
devenu Napoléon I", est peinte sous la blondasserie de ses cheveux alsaciens, avec sa grande
bouche, son nez de soubrette, un ensemble de petits traits bas et bourgeois. A ce portrait réel
de Le Moine qui fut répété de toutes les sortes, il faut joindre un portrait idéalisé, le portrait
de la chanteuse telle que le public la voyait au théâtre, un portrait d'après une peinture de
Reynolds, et qui a pour titre : « La musique ou mademoiselle Saint-Huberty inspirée par
Apollon. »

« Pas de deux, tiré du second acte de Silvie , exécuté par M. Dauberval et Mlle Allard. »
Dessiné par de Carmontelle, gravé par Tilliard. La danseuse, la seule danseuse qui eût le
privilège de composer ses entrées, danse aux côtés de Dauberval, dans son étrange robe traversée
de barrières de perles, au retroussis de peau de bête sauvage ; son profil à la fois voluptueux et
moqueur, penché en arrière dans un coquet mouvement de retraite.

M"8 Camargo. Peinte par Lancret; réduction de la grande planche gravée par Cars. La déesse
des tambourins, celle dont la jambe était avec la voix de Lemaure, le jarret de Dupré, les trois
merveilles de l'Opéra, celle dont le pied fit la fortune du cordonnier Choisy, est représentée se
déployant au milieu d'un orchestre caché dans la feuillée, avec dans le corps quelque chose de
l'envolée d'une sylphide, avec sur la figure quelque chose de l'animation chaude et brune d'une
méridionale.

« La Flore de l'Opéra. » (Portrait présumé de la Guimard.) Peinte par Roslin , gravée par
Basan. La danseuse sans égale dans les ballets anacréontiques est montrée par le peintre avec
son visage parlant, le coude appuyé sur un nuage, la gorge sortant d'une chemisette, en train
d'assembler de ses longs doigts une guirlande de fleurs.

La maigreur de la sèche danseuse, aux membres d'araignée, et qu'on appelait le Squelette des
Grâces ', a été caricaturée en 1789, dans une rare estampe publiée à Londres et qui a pour titre :

1. Dans un duel à coups de rimes satiriques dont les traits ont été fournis par les tenants des danseuses Dervieux et Guimard, voici le
portrait physique qu'on fait de Guimard :

Elle a la taille de fuseau.

Les os plus pointus qu'un squelette ,

Le teint couleur de noisette

Et l'œil percé comme un pourceau.

Ventre à plis, cœur de maquereuse

Gorge dont nature est honteuse -, i
Sa peau n'est qu'un sec parchemin
Plus raboteux que du chagrin;
Sa cuisse est flasque et herronière,
Jambe taillée en échalas,
Le genou gros sans être gras '
Tout son corps n'est qu'une salière.
 
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