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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 7.1881 (Teil 4)

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Véron, Eugène: Gustave Courbet: un enterrement à Ornans
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https://doi.org/10.11588/diglit.18880#0255

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GUSTAVE COURBET

UN ENTERREMENT A ORNANS

endrp;di g décembre, trente-trois
tableaux et études de Gustave
Courbet seront mis en vente à
l'hôtel Drouot. Nous ne voulons
pas laisser passer cette occasion
sans dire un mot de ce maître
peintre sur qui reposèrent pen-
dant un temps les espérances de
ceux qui, comme nous, aspiraient
à la régénération de l'art en
France, et auquel nous avons, il
faut l'avouer, bien de la peine à
pardonner la déception à laquelle
nous a condamnés son irrémé-
diable médiocrité intellectuelle.

Personne n'a oublié le bruit
que fit dans le monde artistique
l'Exposition au Salon de 1851
d'Un Enterrement à Ornans. 11 était impossible d'affirmer plus nettement la rupture de la
nouvelle école avec les traditions académiques du grand art officiel. Ici, sans exagération, sans
violence, sans aucune des recherches voulues du vulgaire et du laid qu'on a si souvent reprochées
à Courbet, et non sans raison, il a représenté la scène telle qu'il l'a vue, avec les contrastes
qu'elle offre dans la réalité la plus ordinaire.

D'un côté les parents, les amis, ceux qui souffrent et qui pleurent, ceux qu'a frappés au
cœur le coup qui les amène au bord de cette fosse ouverte. Et dans ce groupe lui-même, quelle
variété et quelle vérité ! A côté des femmes qui sanglotent et se couvrent le visage, la douleur
grave et muette des hommes. De l'autre côté le groupe des porteurs, des chantres, des
fossoyeurs, de tout ce monde qui vit de la mort et qui ne voit dans un enterrement qu'une
occasion de pourboires. Ce monde-là n'est pas beau, mais il s'imposait au peintre et l'on ne peut
pas lui faire un reproche de l'avoir peint tel qu'il est en réalité.

C'est la sincérité de l'observation qui fait pour nous le mérite de cette œuvre. Si la plupart
des types sont vulgaires, ils sont vrais, et, quoi qu'on en ait dit, sauf peut-être les trognes des
chantres, ils ne sont pas chargés. Quiconque a assisté à des scènes du même genre retrouve à
peu de chose près dans le tableau de Courbet l'impression qu'il en a emportée.

Le contraste même que nous avons observé entre les deux groupes qui se partagent la toile
est accusé avec une discrétion et une réserve dont nous savons gré à l'artiste. 11 ressort de
la nature même des choses, de la différence des situations et des habitudes des personnages,
 
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