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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 2)

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Burty, Philippe: Henry Monnier
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https://doi.org/10.11588/diglit.16905#0207

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HENRY MONNIER. 183

pouvoir lutter avec ce merveilleux parafe. Il n'y avait que Sterne qui pût dessiner l'un, et
il n'y avait que Henry Monnier qui pût jeter l'autre à main levée sur papier à ministre, et avec un
bout d'aile du côté droit... » Gautier conclut ainsi dans un second article : « ... U Intérieur de bureau
n'est pas moins vrai que la Garde-malade, tableau à la fois triste et grotesque des derniers
moments d'un pauvre homme livré à l'indifférence d'un médecin et à la haine d'une garde-malade
qui lui reproche de ne pas mourir assez vite. Mais une analyse ne donnerait qu'une fausse idée
de ces petites scènes dont les détails sont à la fois si fins, si charmants et si cruels... Une obser-
vation qu'on peut faire sur les comiques de grande portée, c'est qu'il y a toujours quelque chose
de triste au fond de leurs ouvrages. Il y a quelque chose d'âcre sous certains rires qui fait plus
de mal cent fois que les douleurs cadencées de l'élégie... »

Gautier conserva et témoigna la même sympathie pour Monnier, dramaturge et acteur. Mal-
heureusement, nous devons ici tourner court. Quoique nous ayons relu tout Monnier, livres et
pièces, avant d'écrire cette étude, nous ne pouvons transcrire toutes nos notes et nous devons
nous résumer.

Pour moi, tout le Monnier lisible est dans le volume des Scènes populaires, dessinées à la
plume, qu'a édité Dentu, en 1864. Il y a là treize scènes, parmi lesquelles trois ou quatre chefs-
d'œuvre : le Roman che{ la portière, Un Voyage en diligence, la Garde-malade, Intérieur de bureau.
En dehors de ce volume, on court risque de traverser des steppes d'ennui, des saharas de niai-
serie bourgeoise. Trop souvent, cela a été écrit tel que cela avait été recueilli. On ne sait plus où
commence, où finit la mystification d'un style sans style et d'une observation sans observation.

Il en serait à peu près ainsi de son théâtre, sans la pièce capitale, Grandeur et décadence de
M. loseph Prudhomme. Elle fut représentée pour la première fois sur le théâtre impérial de
l'Odéon, le 23 novembre 18) 2. La satire de la bourgeoisie par un bourgeois était sanglante. Aussi
vint-on pour voir Monnier, très-bien grimé, et suffisamment alerte, mais assurément sans com-
prendre l'ironie de la situation politique. Prudhomme vaniteux, égoïste, ignare, imprudent, futile,
cruel jusqu'à sacrifier le bonheur de sa fille aux plus folles ambitions, ne paraissait encore que
comique ou grotesque. Depuis, la pièce ne put jamais être reprise.

Monnier avait abordé le théâtre en 1831. 11 jouait dans les ateliers, devant un paravent et
derrière des chandelles, des proverbes ou des scènes comiques qu'il improvisait en partie. Le
directeur du Vaudeville l'engagea pour jouer les quatre rôles de M. Coquerel, de M. Prudhomme,
de la mère Pitou et de Jean Roussiot, dans la Famille improvisée. Monnier fut très-cordialement
accueilli par la critique. On disait dans l'Artiste : «... Vieillard libertin et musqué, maître d'écri-
ture jovial et beau parleur, vieille femme comme vous en trouverez partout, chez vos portières
ou au cinquième étage, bouvier comme on n'en voit qu'à Poissy, Monnier est tout cela!...» Il
joua encore les Compatriotes (1849), mais c'était presque une redite. loseph Prudhomme chef de
brigands fut un four complet.

La pièce le Roman che\ la portière (185:5;) est infiniment moins drôle que ne l'est la scène
écrite. Mais il s'y montra admirablement costumé. J'ai sous les yeux une aquarelle de lui d'après
lui dans ce rôle de M"u Desjardins : un tour noir sous un bonnet à rubans bleus, un tartan fond
vert laurier à carreaux bruns et rouges, un tablier lie de vin, une robe brune et des souliers
noués en cothurne.

Gavarni aimait, appréciait beaucoup Henry Monnier. 11 l'a lithographié à trois reprises : une
fois en buste, assis, adossé à un coussin (dans l'Artiste, 1840); une autre fois, en pied, paletot
boutonné, une main dans la poche (également dans l'Artiste, 1843); en^ni en buste encore, les
bras croisés sur la poitrine, le front dégarni, dans la série des Messieurs du feuilleton, publiée par
le journal Paris, en 18J3. La ressemblance laisse à désirer. Monnier s'est fait lui-même, nombre
de fois, dans son type de Joseph Prudhomme.

Jouer en public fut sa constante préoccupation. Il s'y prêtait sous toutes les formes. En 183f,
le mercredi 14 janvier, fut donnée au théâtre royal de l'Opéra-Comique une fête de nuit parée,
costumée et masquée dont le ^programme est parvenu jusqu'à nous, orné d'une brillante eau-forte
de Célestin Nanteuil. Le groupe des romantiques avait été chargé par l'administration du théâtre
 
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