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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Champier, Victor: Le congrès des architectes: visite à l'exposition universelle de 1878-Voyage à Amiens
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0034

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22

L'ART

La sculpture, voilà ce qui brille surtout dans la cathédrale
d'Amiens, depuis la sculpture du moyen âge jusqu'à celle du
xvii" et du xviii0 siècle. Promenez-vous sous ces sombres por-
ches intérieurs, devant les jeunes et riantes chapelles qui lon-
gent les nefs, ou dans l'ombre de cette boiserie des stalles à la
fois sévère et gracieuse. Les grands saints de pierre commence-
ront peut-être par vous rebuter. Leur rudesse, leurs formes trop
raides et trop minces paraissent appartenir à un art inférieur ;
mais regardez la tète et convenez que ces figures méditatives,
que cette simplicité d'attitude, cette vérité de lignes donnent à
ces êtres un accent de personnalité vivace dont le souvenir per-
sistant s'impose. La figure de la célèbre Vierge d'or, avec sa
grâce céleste empreinte de rusticité piquante, celle du Christ
d'Amiens, qui est sous le porche central, ont une beauté étrange
et comme une saveur de terroir. La sculpture des stalles est
libre, familière, captivante comme ces légendes pieuses du
moyen âge dans lesquelles la satire et la prière avaient une
place égale. Enfin, sortant d'admirer cet art naïf, regardez les
autels qui sont sur les côtés du transept, voyez ces Christs, ces
Vierges, ces Ecce Homo, ces génies pleureurs de Blasset, de
Charpentier, de Dupuis, et, quoique tant de grâce et de gentil-
lesse contraste avec la sublimité de l'ogive, dites si vous ne
trouvez pas dans cette cathédrale d'Amiens le plaisir esthétique
dans toutes ses nuances.

L'architecte du département de la Somme, M. Herbault,
digne et excellent homme, tient à honneur de montrer dans tous
ses détails au Congrès le nouveau palais de justice qu'il vient
d'achever. Le monument se distingue surtout par l'aména-
gement intérieur, tres-pratique et bien entendu.

De là, on se rend au musée, dont les salles sont arrangées
avec beaucoup de goût. Dans l'escalier d'honneur on trouve des
peintures décoratives de M. Puvis de Chavannes du plus bel
effet ; elles représentent le Travail, le Repos, l'Etude, la Con-
templation, et des scènes de la vie primitive dans l'antique
Picardie, avec ce titre : Ave, Picardia nutrix. Dans les cinq ou
six salles du premier étage sont les tableaux. Il y en a en tout
cent quatre-vingt-quatorze, parmi lesquels, hélas! d'étranges
choses. C'est toujours un commencement, et le catalogue, dans
sa préface, en parlant des toiles de rebut (et de quel rebut!)
envoyées par le Louvre, déclare avec candeur que par ces
envois l'État découvre sa pensée de faire plus tard du musée
d'Amiens « une succursale du Louvre ». Cela est écrit en toutes
lettres.

Il y aurait encore à visiter à Amiens plusieurs églises extrê-
mement curieuses, la bibliothèque, le théâtre, si élégant; pas
mal de vieilles rues où l'on trouve encore des maisons en bois
avec d'abondantes sculptures, comme dans la rue des Poirés,
dans la rue Vergeaux, dans la rue des Bouchers, dans la rue des
Tanneurs. Mais il se fait tard et le Congrès doit le jour même
revenir à Paris.....

Le Congrès a terminé ses travaux par deux intéressantes
visites : l'une au musée des Archives, sous la direction de
MM. Maury et Guillaume ; l'autre au musée égyptien du Louvre,
sous la direction de M. Pierret. On s'est séparé à la suite d'un
dîner confraternel au Grand-Hôtel, en se donnant rendez-vous
à Bordeaux, où le Congrès des architectes tiendra sa prochaine
session de 1878.

Victor Champier.

Cul-de-lampe de Sébastien Leclerc. —

Fac-similé d'une de ses gravures.
 
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