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sent les cartons de cet amant passionné du grand art italien du
xve siècle.
Bavière. — Un nouveau musée a été ouvert à Munich ;
c'est M. le docteur Brunn qui l'a organisé comme une sorte de
complément de la Glyptothèque. Cette collection se compose de
moulages d'après les monuments d'architecture et de sculpture
de la Grèce, de l'Asie Mineure et de Rome depuis les temps les
plus reculés jusqu'à la chute de l'empire romain.
Etats-Unis. — Les magnifiques .collections d'objets d'art et
de curiosité anciens que M. Alessandro Castellani avait envoyées
à l'Exposition universelle de Philadelphie où elles obtinrent un
énorme succès, avaient été ensuite transportées à New-York et
provisoirement installées au Metropolitan Muséum of Art où
l'on avait toutes raisons de désirer que le provisoire devînt défi-
nitif. Malheureusement la situation financière est si loin encore
RT.
de s'améliorer en Amérique qu'on n a pu réussir à réunir les
fonds nécessaires et que les négociations ont été rompues. Il est
plus que regrettable pour le Musée de New-York et pour le dé-
veloppement artistique et les progrès du goût dans le Nouveau-
Monde qu'il en soit ainsi; jusqu'au dernier moment on a espéré
que l'on conserverait au moins une partie de ces richesses ; il
avait été spécialement question de la splcndide série de majoli-
ques réunie par M. Castellani et uniquement composée de
pièces de choix parmi lesquelles il en est plusieurs sans rivales.
Hongrie. — De même que M. George Grove en Angleterre,
M. le professeur Sagh s'occupe d'un dictionnaire musical, seule-
ment le sien est exclusivement hongrois; MM. Taborsky et
Parsch de Budapest, le publient sous ce titre : Magyar Zénes-
^eti Lexicon.
NECROLOGIE
— Au moment où nous mettons sous presse, une dou-
loureuse nouvelle vient de surprendre la France et l'Europe.
Le lundi 3 septembre, à six heures dix minutes de relevée,
M. Thiers est mort d'une apoplexie séreuse, dont il avait
ressenti les premiers symptômes vers la fin de son déjeu-
ner. Né le 16 avril 1797, M. Thiers était, par conséquent,
dans sa quatre-vingt-unième année. La mort de l'illustre
homme d'Etat aura un immense et universel retentissement.
C'est un événement politique dont il ne nous appartient
pas d'apprécier la portée, mais c'est aussi un deuil public
auquel, même en un journal d'art, et en faisant abstraction
de tout esprit de parti, il serait indigne de ne pas s'associer
avec émotion et avec respect. L'art au surplus a occupé
une place notable dans la vie de M. Thiers. Si les lettres,
l'histoire, et surtout la politique ont presque complètement
absorbé l'activité féconde et infatigable de cet homme
éminent entre tous, nous ne pouvons pas oublier que l'his-
torien populaire, l'orateur incomparable par la verve et la
clarté toute française de son éloquence, le politique délié,
l'homme d'Etat enfin, le libérateur du territoire, qui a si
puissamment contribué au relèvement de la France dont il
était aux yeux de l'étranger, comme on l'a dit avec raison,
la personnification la plus haute, nous ne pouvons pas ou-
blier que M. Thiers fut aussi un fin connaisseur en matière
d'art, un amateur éclairé, au goût délicat, mieux que cela,
un critique doué du don de divination, et dont l'opinion
devança celle de son temps. Chacun sait que M. Thiers a
écrit sur les arts, qu'il a même, à ses débuts dans la car-
rière, fait un Salon au Constitutionnel, celui de la Restau-
ration. Chacun sait aussi qu'il fut de ceux qui, loin d'atten-
dre la mort d'Eugène Delacroix pour reconnaître quelque
talent au plus grand peintre de l'école française, saluèrent
son génie à une époque où il était encore méconnu, con-
testé, voire même vilipendé. Nous aurons à insister sur ce
côté, intéressant bien qu'accessoire, de la physionomie de
l'homme que la France vient de perdre. Pour le moment,
nous voulons seulement joindre nos hommages et nos
regrets à ceux que suscite1 dans tous les camps, où l'on
a le culte des gloires nationales, la mort de ce grand
homme.
ERRATUM. —■ Page 179, article de M. Louis Énault sur « le Musée de Sèvres », première ligne du dernier alinéa, au lieu
de : Toute pièce à décor surtout de Sèvres, il faut lire : Toute pièce à décor sortant de Sèvres.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
Cu^l-de-lampe d'Auguste de S a i s t - A u b i n. — Fac-similé d'une de ses gravures.
sent les cartons de cet amant passionné du grand art italien du
xve siècle.
Bavière. — Un nouveau musée a été ouvert à Munich ;
c'est M. le docteur Brunn qui l'a organisé comme une sorte de
complément de la Glyptothèque. Cette collection se compose de
moulages d'après les monuments d'architecture et de sculpture
de la Grèce, de l'Asie Mineure et de Rome depuis les temps les
plus reculés jusqu'à la chute de l'empire romain.
Etats-Unis. — Les magnifiques .collections d'objets d'art et
de curiosité anciens que M. Alessandro Castellani avait envoyées
à l'Exposition universelle de Philadelphie où elles obtinrent un
énorme succès, avaient été ensuite transportées à New-York et
provisoirement installées au Metropolitan Muséum of Art où
l'on avait toutes raisons de désirer que le provisoire devînt défi-
nitif. Malheureusement la situation financière est si loin encore
RT.
de s'améliorer en Amérique qu'on n a pu réussir à réunir les
fonds nécessaires et que les négociations ont été rompues. Il est
plus que regrettable pour le Musée de New-York et pour le dé-
veloppement artistique et les progrès du goût dans le Nouveau-
Monde qu'il en soit ainsi; jusqu'au dernier moment on a espéré
que l'on conserverait au moins une partie de ces richesses ; il
avait été spécialement question de la splcndide série de majoli-
ques réunie par M. Castellani et uniquement composée de
pièces de choix parmi lesquelles il en est plusieurs sans rivales.
Hongrie. — De même que M. George Grove en Angleterre,
M. le professeur Sagh s'occupe d'un dictionnaire musical, seule-
ment le sien est exclusivement hongrois; MM. Taborsky et
Parsch de Budapest, le publient sous ce titre : Magyar Zénes-
^eti Lexicon.
NECROLOGIE
— Au moment où nous mettons sous presse, une dou-
loureuse nouvelle vient de surprendre la France et l'Europe.
Le lundi 3 septembre, à six heures dix minutes de relevée,
M. Thiers est mort d'une apoplexie séreuse, dont il avait
ressenti les premiers symptômes vers la fin de son déjeu-
ner. Né le 16 avril 1797, M. Thiers était, par conséquent,
dans sa quatre-vingt-unième année. La mort de l'illustre
homme d'Etat aura un immense et universel retentissement.
C'est un événement politique dont il ne nous appartient
pas d'apprécier la portée, mais c'est aussi un deuil public
auquel, même en un journal d'art, et en faisant abstraction
de tout esprit de parti, il serait indigne de ne pas s'associer
avec émotion et avec respect. L'art au surplus a occupé
une place notable dans la vie de M. Thiers. Si les lettres,
l'histoire, et surtout la politique ont presque complètement
absorbé l'activité féconde et infatigable de cet homme
éminent entre tous, nous ne pouvons pas oublier que l'his-
torien populaire, l'orateur incomparable par la verve et la
clarté toute française de son éloquence, le politique délié,
l'homme d'Etat enfin, le libérateur du territoire, qui a si
puissamment contribué au relèvement de la France dont il
était aux yeux de l'étranger, comme on l'a dit avec raison,
la personnification la plus haute, nous ne pouvons pas ou-
blier que M. Thiers fut aussi un fin connaisseur en matière
d'art, un amateur éclairé, au goût délicat, mieux que cela,
un critique doué du don de divination, et dont l'opinion
devança celle de son temps. Chacun sait que M. Thiers a
écrit sur les arts, qu'il a même, à ses débuts dans la car-
rière, fait un Salon au Constitutionnel, celui de la Restau-
ration. Chacun sait aussi qu'il fut de ceux qui, loin d'atten-
dre la mort d'Eugène Delacroix pour reconnaître quelque
talent au plus grand peintre de l'école française, saluèrent
son génie à une époque où il était encore méconnu, con-
testé, voire même vilipendé. Nous aurons à insister sur ce
côté, intéressant bien qu'accessoire, de la physionomie de
l'homme que la France vient de perdre. Pour le moment,
nous voulons seulement joindre nos hommages et nos
regrets à ceux que suscite1 dans tous les camps, où l'on
a le culte des gloires nationales, la mort de ce grand
homme.
ERRATUM. —■ Page 179, article de M. Louis Énault sur « le Musée de Sèvres », première ligne du dernier alinéa, au lieu
de : Toute pièce à décor surtout de Sèvres, il faut lire : Toute pièce à décor sortant de Sèvres.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
Cu^l-de-lampe d'Auguste de S a i s t - A u b i n. — Fac-similé d'une de ses gravures.