CHRONIQUE
considérables et permanents se font aux États-Unis pour les
faire entrer dans la grande famille artistique, la plus noble de
toutes et la seule immortelle ; les myopes sourient à ces mani-
festations, trop souvent e'tranges, provoquées par une ambition
hâtive envers qui la fortune n'a presque jamais cessé de se montrer
prodigue depuis tout un siècle, et qui se sent réservée aux plus
nobles destinées. C'est là une faute grossière qu'ont soin d'éviter
tous ceux dont la vigilance clairvoyante sait discerner les germes
féconds de la folle ivraie qui préoccupe seule les railleurs, et les
aveugle sur des progrès latents mais formels et de très-bon
augure. S'il est tout à faij improbable que dans le domaine de
l'art les conquêtes des Etats-Unis puissent jamais être aussi ra-
pides que dans toutes les autres sphères de l'activité humaine, il
est cependant évident pour l'observateur sérieux que le présent
FRANÇAISE. 141
permet de prédire, sans crainte de se tromper, des progrès beau-
coup plus prompts que ceux réalisés chez maintes nations plu-
sieurs fois centenaires.
La maison Hachette, qui a édité ce livre avec le soin extrême
qu'elle apporte à toutes ses publications, ne pouvait manquer de
l'illustrer avec la plus intelligente libéralité. Nos lecteurs pour-
ront en juger par les deux bois que nous reproduisons et qui
leur donneront une idée de l'architecture aux États-Unis dans
ses expressions les plus opposées : Le Capitole à Washington et
une Maison d'école de Dénison, petite ville du Texas, née d'hier,
ce qui ne l'empêche pas de compter « quatre mille cinq cents
âmes, vingt-huit mois à peine après que le colonel Stevens a
dessiné ses plans sur le papier 1 ».
FÉLIX BÉ.
CHRONIQUE FRANÇAISE
Exposition universelle de 1878. — La commission supé-
rieure de l'Exposition a commandé soixante statues pour la
décoration du palais du Trocadéro et du Champ-de-Mars. Les
esquisses ont été exposées ces jours derniers chez M. George
Berger, en présence des membres de la commission. Trente de
ces figures symbolisent les diverses classes de l'Exposition : l'agri-
culture, la métallurgie, la mécanique, la botanique, l'industrie
textile, la galvanoplastie, l'imprimerie, etc. Elles seront placées
au palais du Trocadéro, sur le sommet des deux galeries cou-
vertes qui relient la salle des concerts aux pavillons des ailes. Le
motif principal de la décoration sera une Renommée que
M. Mercié est en train de modeler. Pour pouvoir apprécier l'effet
que produira le palais du Trocadéro, il faut se représenter, sur
leurs piédestaux, ces statues allégoriques se détachant en plein
ciel. Le projet de MM. Davioud et Bourdais comporte toute une
série de motifs d'ornementation destinés à mouvementer les
aspects du monument, et à leur donner du pittoresque. C'est ainsi
que l'on doit revêtir de faïences décoratives certaines surfaces vues
des tours et des galeries, surmonter les promenoirs de mâts gar-
nis d'oriflammes aux vifs reflets, etc. Ce mélange de motifs variés
et de colorations animées composera probablement une très-
heureuse perspective.
Autour de la cascade du Trocadéro on placera six groupes
de proportions colossales représentant les diverses parties du
monde. Pour la symétrie, on représentera les deux Amé-
riques. M. Caïn doit exécuter la statue de l'Europe, M. Fre-
miet, l'Afrique; M. Jacquemart, l'Asie; M. Rouillard, une des
deux Amériques.
Les comités d'installation ont commencé leurs travaux. Plu-
sieurs d'entre eux ont constitué leur bureau.
Dans la séance du conseil municipal de Paris, tenue le
19 juillet, M. Castagnary émit une proposition tendant à ce que
le conseil fît une visite officielle aux travaux du Champ-de-Mars,
pour montrer au public sa sollicitude sur cette question. Mais,
sur les observations du préfet de la Seine, cette proposition a été
retirée.
École des beaux-arts. — Voici les conditions du prix de
2,000 francs, dit prix Chaudesaigues, qui doit être décerné, après
concours, à un jeune architecte français pour le mettre à même
de séjourner pendant deux ans en Italie et y terminer ses études :
Le concours d'essai est fixé au 2 novembre. Les douze con-
currents choisis entreront en loges le 6 novembre. Le jugement
définitif aura lieu le 10 novembre.
— Travaux de fin d'année. — On a jugé, cette semaine, ce
qu'on appelle à l'École les travaux de fin d'année. On sait que
chaque année les élèves des ateliers, —qu'ils appartiennent ou
non à l'École des beaux-arts, — sont admis à faire l'exposition
de leurs œuvres choisies par le professeur. D'après ce choix, le
jury apprécie les efforts et distribue des récompenses. Chaque
atelier peut obtenir trois récompenses en argent, la première de
125 francs; la seconde de 75; la troisième, de 50. On accorde,
en outre, des mentions honorables.
Voici le résultat des concours d'atelier de sculpture : Atelier
de M. Jouffroy, r'c récompense, M. Caries; — 2*1 M. Fuech; —
3e M. Steiner. — Atelier de M. Cavelier : irc récompense.
M. Rouleau; — 20 M. Juchetet;— 3e M. Quinton. Cet atelier
reçoit les félicitations du jury pour les dessins qui y sont expo-
sés. Atelier de M. Dumont : irc récompense, M. Aubert : —
2e M. Berson; — 3e M. Ardinon.
Concours de l'atelier de gravure en médailles : ire récom-
pense, M. Begué; — 2° nul; — 3e M. Fouisignon. — Atelier de
gravure en taille-douce, irc récompense, M. Rabouille ; —
20 M. Buland; — 30 M. Vion.
Concours des ateliers de peinture.— Atelier de M. Gérôme :
ire récompense, M. Faivre; —M. Volfinger; — M. Dehaisne. —
Atelier de M. Lehmann : ir0 récompense, M. Lucas; —
2e M. Lacaille; — 3e M. Bettanier. — Atelier de M. Cabanel :
1" récompense, M. Coghe; —2°M. Royer; —■ 30 M. Larrue.
Commandes et acquisitions de la ville de Paris. — Les
œuvres commandées ou acquises par la ville de Paris ont été
exposées à l'École des beaux-arts du 19 au 26 juillet. Cette
exposition n'a obtenu qu'un médiocre succès. L'abus des sujets
dévotieux, tant parmi les acquisitions que parmi les commandes,
a frappé tout le monde. Si encore ces sujets avaient inspiré aux
artistes des œuvres remarquables, il n'y aurait rien à dire ; mais
malheureusement, il s'en faut de beaucoup sinon de tout, et les
peintres les plus distingués ont protesté, par la faiblesse de leur
travail, contre le caractère des thèmes qui leur étaient imposés.
Il est vrai que rien ne les obligeait à les subir. La sculpture,
avec le Semeur de M. Chapu, et plusieurs autres statues, dont
quelques-unes ont figuré au Salon de cette année, a eu les hon-
neurs de cette exposition.
Musée du Louvre. — L'administration a fait placer dans la
grande galerie, au-dessous du Portrait de nain d'Antonis de
Moor, un très-beau dessin, portrait d'homme, d'Albert Durer.
Sur la même travée on a placé également un portrait d'homme
attribué à M. Bruyn, non représenté jusqu'ici au Musée. Ce por-
trait représente un personnage vêtu de noir, coiffé d'une toque.
Non loin on remarque une peinture du xv° siècle : la Visitation,
Sur le même panneau un Portrait d'homme de l'école allemande
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considérables et permanents se font aux États-Unis pour les
faire entrer dans la grande famille artistique, la plus noble de
toutes et la seule immortelle ; les myopes sourient à ces mani-
festations, trop souvent e'tranges, provoquées par une ambition
hâtive envers qui la fortune n'a presque jamais cessé de se montrer
prodigue depuis tout un siècle, et qui se sent réservée aux plus
nobles destinées. C'est là une faute grossière qu'ont soin d'éviter
tous ceux dont la vigilance clairvoyante sait discerner les germes
féconds de la folle ivraie qui préoccupe seule les railleurs, et les
aveugle sur des progrès latents mais formels et de très-bon
augure. S'il est tout à faij improbable que dans le domaine de
l'art les conquêtes des Etats-Unis puissent jamais être aussi ra-
pides que dans toutes les autres sphères de l'activité humaine, il
est cependant évident pour l'observateur sérieux que le présent
FRANÇAISE. 141
permet de prédire, sans crainte de se tromper, des progrès beau-
coup plus prompts que ceux réalisés chez maintes nations plu-
sieurs fois centenaires.
La maison Hachette, qui a édité ce livre avec le soin extrême
qu'elle apporte à toutes ses publications, ne pouvait manquer de
l'illustrer avec la plus intelligente libéralité. Nos lecteurs pour-
ront en juger par les deux bois que nous reproduisons et qui
leur donneront une idée de l'architecture aux États-Unis dans
ses expressions les plus opposées : Le Capitole à Washington et
une Maison d'école de Dénison, petite ville du Texas, née d'hier,
ce qui ne l'empêche pas de compter « quatre mille cinq cents
âmes, vingt-huit mois à peine après que le colonel Stevens a
dessiné ses plans sur le papier 1 ».
FÉLIX BÉ.
CHRONIQUE FRANÇAISE
Exposition universelle de 1878. — La commission supé-
rieure de l'Exposition a commandé soixante statues pour la
décoration du palais du Trocadéro et du Champ-de-Mars. Les
esquisses ont été exposées ces jours derniers chez M. George
Berger, en présence des membres de la commission. Trente de
ces figures symbolisent les diverses classes de l'Exposition : l'agri-
culture, la métallurgie, la mécanique, la botanique, l'industrie
textile, la galvanoplastie, l'imprimerie, etc. Elles seront placées
au palais du Trocadéro, sur le sommet des deux galeries cou-
vertes qui relient la salle des concerts aux pavillons des ailes. Le
motif principal de la décoration sera une Renommée que
M. Mercié est en train de modeler. Pour pouvoir apprécier l'effet
que produira le palais du Trocadéro, il faut se représenter, sur
leurs piédestaux, ces statues allégoriques se détachant en plein
ciel. Le projet de MM. Davioud et Bourdais comporte toute une
série de motifs d'ornementation destinés à mouvementer les
aspects du monument, et à leur donner du pittoresque. C'est ainsi
que l'on doit revêtir de faïences décoratives certaines surfaces vues
des tours et des galeries, surmonter les promenoirs de mâts gar-
nis d'oriflammes aux vifs reflets, etc. Ce mélange de motifs variés
et de colorations animées composera probablement une très-
heureuse perspective.
Autour de la cascade du Trocadéro on placera six groupes
de proportions colossales représentant les diverses parties du
monde. Pour la symétrie, on représentera les deux Amé-
riques. M. Caïn doit exécuter la statue de l'Europe, M. Fre-
miet, l'Afrique; M. Jacquemart, l'Asie; M. Rouillard, une des
deux Amériques.
Les comités d'installation ont commencé leurs travaux. Plu-
sieurs d'entre eux ont constitué leur bureau.
Dans la séance du conseil municipal de Paris, tenue le
19 juillet, M. Castagnary émit une proposition tendant à ce que
le conseil fît une visite officielle aux travaux du Champ-de-Mars,
pour montrer au public sa sollicitude sur cette question. Mais,
sur les observations du préfet de la Seine, cette proposition a été
retirée.
École des beaux-arts. — Voici les conditions du prix de
2,000 francs, dit prix Chaudesaigues, qui doit être décerné, après
concours, à un jeune architecte français pour le mettre à même
de séjourner pendant deux ans en Italie et y terminer ses études :
Le concours d'essai est fixé au 2 novembre. Les douze con-
currents choisis entreront en loges le 6 novembre. Le jugement
définitif aura lieu le 10 novembre.
— Travaux de fin d'année. — On a jugé, cette semaine, ce
qu'on appelle à l'École les travaux de fin d'année. On sait que
chaque année les élèves des ateliers, —qu'ils appartiennent ou
non à l'École des beaux-arts, — sont admis à faire l'exposition
de leurs œuvres choisies par le professeur. D'après ce choix, le
jury apprécie les efforts et distribue des récompenses. Chaque
atelier peut obtenir trois récompenses en argent, la première de
125 francs; la seconde de 75; la troisième, de 50. On accorde,
en outre, des mentions honorables.
Voici le résultat des concours d'atelier de sculpture : Atelier
de M. Jouffroy, r'c récompense, M. Caries; — 2*1 M. Fuech; —
3e M. Steiner. — Atelier de M. Cavelier : irc récompense.
M. Rouleau; — 20 M. Juchetet;— 3e M. Quinton. Cet atelier
reçoit les félicitations du jury pour les dessins qui y sont expo-
sés. Atelier de M. Dumont : irc récompense, M. Aubert : —
2e M. Berson; — 3e M. Ardinon.
Concours de l'atelier de gravure en médailles : ire récom-
pense, M. Begué; — 2° nul; — 3e M. Fouisignon. — Atelier de
gravure en taille-douce, irc récompense, M. Rabouille ; —
20 M. Buland; — 30 M. Vion.
Concours des ateliers de peinture.— Atelier de M. Gérôme :
ire récompense, M. Faivre; —M. Volfinger; — M. Dehaisne. —
Atelier de M. Lehmann : ir0 récompense, M. Lucas; —
2e M. Lacaille; — 3e M. Bettanier. — Atelier de M. Cabanel :
1" récompense, M. Coghe; —2°M. Royer; —■ 30 M. Larrue.
Commandes et acquisitions de la ville de Paris. — Les
œuvres commandées ou acquises par la ville de Paris ont été
exposées à l'École des beaux-arts du 19 au 26 juillet. Cette
exposition n'a obtenu qu'un médiocre succès. L'abus des sujets
dévotieux, tant parmi les acquisitions que parmi les commandes,
a frappé tout le monde. Si encore ces sujets avaient inspiré aux
artistes des œuvres remarquables, il n'y aurait rien à dire ; mais
malheureusement, il s'en faut de beaucoup sinon de tout, et les
peintres les plus distingués ont protesté, par la faiblesse de leur
travail, contre le caractère des thèmes qui leur étaient imposés.
Il est vrai que rien ne les obligeait à les subir. La sculpture,
avec le Semeur de M. Chapu, et plusieurs autres statues, dont
quelques-unes ont figuré au Salon de cette année, a eu les hon-
neurs de cette exposition.
Musée du Louvre. — L'administration a fait placer dans la
grande galerie, au-dessous du Portrait de nain d'Antonis de
Moor, un très-beau dessin, portrait d'homme, d'Albert Durer.
Sur la même travée on a placé également un portrait d'homme
attribué à M. Bruyn, non représenté jusqu'ici au Musée. Ce por-
trait représente un personnage vêtu de noir, coiffé d'une toque.
Non loin on remarque une peinture du xv° siècle : la Visitation,
Sur le même panneau un Portrait d'homme de l'école allemande
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