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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Véron, Eugène: L' idéal dans l'art d'après Platon, [2]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0127

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Frise de Le Prieur. —

Fac-similé d'une de ses gravures.

L'IDÉAL DANS L'ART D'APRÈS PLATON1

h

laton commence par expliquer que l'idéal tel qu'il le conçoit ne
saurait en aucune'façon se confondre avec l'idée générale du Beau.

L'idée de genre est une idée purement abstraite et factice,
qui résulte d'une opération réfléchie de notre intelligence. Étant
donné l'ensemble des objets qui constituent la création, nous
réunissons en des catégories déterminées ceux qui nous paraissent
présenter des caractères communs, et nous constituons ainsi des
idées plus ou moins générales, selon qu'elles enferment des
analogies plus ou moins nombreuses. Plus l'idée comprend d'objets
divers, plus diminue le nombre des traits communs à ces objets,
et cela se conçoit sans peine, puisque l'idée de genre élimine
nécessairement toutes les différences, et que naturellement le nombre des différences s'accroît
avec celui des objets qu'on rapproche les uns des autres.

L'idée générale, loin d'ajouter aux objets, procède donc par élimination, et elle acquiert le
plus haut degré de généralité quand il ne reste plus entre les choses qù'wn point commun.

Par conséquent, l'idée générale de beauté ne peut se former qu'en éliminant successivement
de chaque objet beau les traits qui constituent sa beauté particulière, et en ne retenant que ce
qui se trouve également dans tous les objets auxquels peut s'appliquer la même épithète.

11 en résulte que l'idée générale de beauté, par sa constitution logique elle-même, ne peut
pas même contenir autant de beauté que n'en contient le total des objets particuliers qu'on a
réunis dans une même catégorie, et que, par suite, elle ne peut jamais être considérée comme
représentant un summum à atteindre.

D'ailleurs, il est assez difficile de comprendre comment une idée purement abstraite, et qui
par là même exclut logiquement toute réalité matérielle, pourrait devenir la règle et le modèle
de l'imitation artistique. L'art n'existe qu'à la condition de réaliser ses conceptions. Or une idée
générale ne peut se réaliser qu'à la condition de cesser d'être générale pour devenir individuelle.
Entre les deux notions il y a contradiction absolue et par conséquent inconciliable.

i. Voir l'Art, y année, tome lll, page 49.

Tome X. ,,
 
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