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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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De Reul, Xavier: L' oeuvre de Rubens en Belgique, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0334

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"Frise tirée de

i.' « Orthographia » de Joh. Daniel
publiée par Joh. Christoph Weigel.

Preisler,

L'OEUVRE DE RU BEN S EN BELGIQUE 1

'est dans la vie des saints et la légende
sacrée que Rubens a trouvé le plus précieux
aliment à sa tendance dramatique, à son
amour des luttes, ■— surtout des luttes qui
s'exercent en dehors des circonstances habi-
tuelles. Le merveilleux, d'ailleurs, en excitant
sa verve, autorisait aussi l'emploi de sa science
encyclopédique.

Parmi les 240 toiles de cette catégorie,
le Martyre de saint Liévin est probablement
le chef-d'œuvre. Cet ouvrage appartient au
musée de Bruxelles et provient de l'église
des Jésuites de Gand.

Ce qui constitue le caractère distinctif,
la valeur particulière de cette œuvre, c'est
une spontanéité primordiale, une abondance,
une virginité de touche qui est comme le
résultat d'une puissance morale.
Saint Liévin est représenté au moment où le bourreau vient de lui arracher la langue : terri-
fiante mise en scène, où tout respire la violence. Un élan est jeté sur la toile et la pénètre d'un
souffle impétueux. Tout vibre. La figure principale est le bourreau armé de sa tenaille et qui
présente à un chien le lambeau de chair ; tout son corps est encore animé de l'effort ; il est coiffé
de rouge, herculéen, odieux, inconscient de sa férocité. L'un 'de ses aides tient dans ses dents un
couteau teint de sang, un autre a saisi par la barbe le saint évèque, vêtu de ses insignes et qui
expire en d'horribles souffrances, levant les yeux vers un essaim ailé portant les couronnes du
martyre. Deux anges courroucés fondent, armés de la foudre, en traversant l'espace ; l'épouvante
gagne les soldats, qui se renversent ; un cheval attelé se cabre en profilant ses flancs, au milieu
de la toile, sur le ciel embrasé. Au premier plan, un soldat fuit, tenant sa pique et courant à
toutes jambes.

C'est comme un tourbillon qui passe. 11 n'y a plus de peinture, c'est le drame. Tout est

voulu, jugé, résolument exécuté, il n'y a pas de procédé visible. On ne se rend pas même

compte de ce contraste entre les gloires du ciel et le sang et les terreurs de la terre, tout cela

était d'avance mêlé sur la palette. L'action est une, immédiate, fulgurante comme le feu du ciel.

1

1. Voir l'Art, ;[ année, tome III, page 26?.

Tome X 37
 
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