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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des arts, à Dieppe
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Noël, G.: Gazette de Hollande
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0223

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GAZETTE DE

Quand on dessine comme M. Jouhan, on devrait toujours dessi-
ner; quant à peindre, jamais.

On aurait dû rendre à M. Allou le service de mettre son
paysage au troisième rang. La distance en aurait atténué la du-
reté. De près on ne distingue que des plaques de couleurs juxta-
posées. De loin tout cela se fond et se compose avec une cer-
taine énergie.

La peinture de M. Lelarge n'est pas mauvaise, mais pourquoi
aller choisir des arbres d'une forme aussi monotone ? Je ne
doute pas que ce ne soient de très-beaux arbres dans la réalité.
Mais un artiste ne doit pas oublier que le beau artistique ne se
confond pas avec le beau de la nature. La sphère est considérée
comme la forme parfaite en géométrie, elle n'a pas le même
privilège en peinture. Un arbre tout rond est ennuveux dans
un tableau ; à plus forte raison quand ils ont tous la même
forme.

Mlle Marthe de Jouffroy, une élève de M. Mélicourt, expose
plusieurs tableaux de fleurs et de fruits qui sont jolis et agréa-
bles à voir. M. Muller a un maniement de pinceau plus habile
et il traite supérieurement les métaux, mais il a tort de prendre
pour du métal les fleurs et les poissons. On ne saurait croire
quelle peine ont les peintres à admettre l'existence de l'air. Leur
premier mouvement est presque toujours de supprimer l'atmos-
phère, quitte à la reconstituer ensuite tant bien que mal par un

HOLLANDE. 189

glacis, qui fait voir les choses comme à travers un commence-
ment de cataracte.

La sculpture normande ne brille pas à l'exposition de
Dieppe. Sauf le buste en marbre de Mn,e A. Legrand par M. De-
vaux, qui est assez bien réussi, et celui de M"0 X..., par M. Hotin,
qui est d'un réalisme un peu brutal, mais du moins vivant, je ne
vois rien à signaler.

Quant à l'ivoirerie de Dieppe, elle abonde en motifs char-
mants, gracieux, mais l'exécution ne se préoccupe jamais que du
joli, sans s'inquiéter d'aller au delà. Elle râcle, elle polit et repo-
lit pour la plus grande satisfaction de ceux qui aiment les figu-
res de cire. Elle est à la sculpture ce qu'est l'imagerie religieuse ,
à la peinture. La vigueur, l'accent, la vie sont soigneusement
tenus à l'écart. D'où vient qu'elle ne fait plus rien de vraiment
artistique de la merveilleuse matière qu'elle a entre les mains ?
Qui lui apprendra à ne pas se laisser toujours aller à l'exagéra-
tion de ses qualités, de manière à en faire autant de défauts? Il
suffirait qu'un véritable artiste donnât l'exemple. Mais on a tel-
lement abusé de l'ivoire que les# vrais artistes le dédaignent et
l'abandonnent à l'industrie. Nous tournons dans un cercle
vicieux. Si Phidias revenait au monde, il ferait sa Minerve en
marbre blanc. Mais est-ce bien une raison pour qu'on ne puisse
plus rien tirer de l'ivoire que des salières, des ronds de serviettes
et des madones d'étagères ? Eugène Véron.

GAZETTE DE HOLLANDE
I

«LA LEÇON D'AN AT O M I E » DE REMBRANDT — M. DE JONGE
LA VENTE DE LA COLLECTION VAN LOON

La Chronique des Arts et de la Curiosité, à qui l'intelligente
et si sérieuse direction de M. Galichon avait conquis la plus légi-
time autorité, se montre aujourd'hui beaucoup moins scrupu-
leuse sur le choix des nouvelles qu'elle accueille ; son numéro du
28 juillet en est une preuve de plus. On y lit en effet : « Une
question bien grave pour l'art soulève en ce moment dans le
monde artistique hollandais de très-vives polémiques. On craint
que la Leçon d'anatomie, de Rembrandt, ne soit perdue pour
toujours. Des réparations mal faites, un rentoilage exécuté d'une
façon déplorable, il y a une quarantaine d'années, par Leroy, de
Bruxelles, mettent en effet ce chef-d'œuvre en danger. Sous
l'action délétère du climat, la colle végétale employée par le res-
taurateur s'est corrompue et la peinture se détache.

« Sur la demande du conservateur, le ministre a chargé
M. Hopman, un habile restaurateur de tableaux d'Amsterdam,
de rentoiler de nouveau la Leçon d'anatomie. M. Hopman a déjà
donné des preuves de son savoir-faire, et la remise en panneau
de certaines œuvres très-anciennes aussi bien que le rentoilage
d'un tableau considérable de C. van Haarlem donnent le meil-
leur espoir sur la façon dont il exécutera son travail. En outre, il
a l'expérience de notre climat et se propose de n'employer dans
cette restauration que des résines et des baumes.

« Néanmoins, l'inquiétude est grande et un sentiment de
malaise pèse sur ceux qui s'intéressent à cette œuvre merveil-
leuse dont l'art hollandais est si justement fier.

« Certains journaux ont essayé de faire remonter la respon-
sabilité de ce désastre au conservateuractuel. C'est là une impu-
tation injuste s'il en fut et un procédé discourtois.

« Tous ceux qui connaissent M. de Jonghe (sic) savent que
son amour pour les œuvres qui lui sont confiées va jusqu'au fa-

natisme, et nous avons eu ici même à le remercier des trésors
qu'il nous a restitués et qui pourrissaient dans les greniers du
Mauritshuis. En outre, il n'est en fonctions que depuis trois
années. S'il existe un coupable, c'est dans l'administration
antérieure qu'il faut le chercher et non dans l'administration
actuelle. »

En dépit de l'expression : « notre climat », cette correspon-
dance n'a jamais été écrite par un Hollandais. On ne connaît en
Hollande ni ces légèretés ni ces exagérations. Rétablissons donc
les faits dans leur entière sincérité : i" le monde artistique hol-
landais n'est pas en proie à de très-vives polémiques au sujet de
la Leçon d'anatomie ; 2» on ne craint pasqu'elle soit perdue pour
toujours; 30 il est tout aussi inexact que des réparations mal
faites, qu'un rentoilage exécuté d'une façon déplorable mettent
ce chef-d'œuvre en danger; 40 une grande inquiétude et un
sentiment de malaise ne pèseqt absolument que sur la trop fer-
tile imagination du correspondant de la Chronique; 50 il n'y a
pas plus à chercher un coupable dans l'administration antérieure
que dans l'administration actuelle. Tout cela résulte clairement
d'une lettre adressée à un journal de Rotterdam par le direc-
teur et le sous-directeur actuels, M. de Jonge et M. Van den
Berg, afin de couper court aux imputations erronées que l'on
pourrait tenter de propager.

La maladie de la Leçon d'anatomie ne date pas d'hier; il
suffit d'ouvrir la nouvelle Notice historique et descriptive du
Musée de La Haye, à la page 121, pour être édifié à cet égard.
« Ce tableau, y est-il dit, a été nettoyé en 1732 et « le manteau
du docteur Tulpius fut réparé » ; ensuite en 1781 par le peintre
Quinchart. Il a été rentoilé deux fois ; d'abord en i8i7,par
J. Huls\vit,pour45 3, 13 florins; puis,en 1860, par M. Etienne Le
 
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