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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Noël, G.: Gazette de Hollande
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0224

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190

L'ART.

Roy», et non il y a une quarantaine d'années, comme l'avance
la Chronique.

Mais ce que ne dit pas le Catalogue, c'est l'état dans lequel
se trouvait le tableau, lors de son achat par le roi Guillaume Ier,
en 1828.

Cet état était tel, que M. Six van Hillegom se rappelle par-
faitement que son père se refusa alors à acheter le tableau à
cause de ses nombreux repeints; il le trouvait pour cette raison
indigne de figurer parmi les purs joyaux de sa merveilleuse col-
lection. A son point de vue, M. Six eut grandement raison, mais
le chef de l'Etat se montra de son côté tout à fait à la hauteur de
son rôle, en cédant aux instances du bourgmestre d'Amsterdam
et du ministre de l'intérieur qui le suppliaient de conserver au
pays un de ses plus glorieux titres de noblesse.

Quand en 1860 M. Etienne Le Roy rentoila de nouveau la

dera pas longtemps à reprendre sa place au musée et qu'elle
l'y occupera tout aussi heureusement qu'auparavant ; c'est dire
que M. Hopman, s'abstenant comme l'avait fait M. Le Roy
de tout repeint, de toute retouche nouvelle, laissera à la toile
ses restaurations anciennes que tous les connaisseurs lui ont
toujours vues depuis son acquisition par le premier roi des
Pays-Bas, et qu'il serait plus qu'imprudent de tenter d'enlever
ou de modifier si peu que ce soit, en dépit de l'effet pénible
qu'elles produisent nécessairement.

Avant de livrer le célèbre tableau de Rembrandt aux soins
de M. Hopman, M. de Jonge a du reste religieusement procédé
à son analyse dont il a consigné le résultat dans un procès-
verbal auquel a été annexée une photographie minutieusement
annotée. En cela comme en toutes choses, depufs que la direc-
tion du musée lui a été confiée, M. de Jonge a agi avec le zèle

Leçon d'anatomie, il constata avant de procéder à cette opéra- | le plus intelligent, avec l'esprit le plus pratique, avec le goût le
tion, les nombreuses et trop souvent fort maladroites réparations plus éclairé et une énergie peu commune qui lui ont permis de
que le tableau avait anciennement subies, et il les indiqua toutes I réaliser en fort peu de temps des progrès considérables. Ne pou-

avec le soin le plus minutieux sur une lithographie qu'il déposa
ainsi annotée entre les mains du directeur du musée, M. Mazcl.
M. Étienne Le Roy apporta au rentoilage du chef-d'œuvre de
Rembrandt l'extrême conscience qui distingue tous ses travaux
et que constate si justement M. Edouard Fétis dans sa Notice
historique du Musée royal de Belgique1 :

« Les travaux de restauration du Musée de Bruxelles sont
exécutés maintenant par un artiste dont le talent et l'expérience
laissent l'administration dans une sécurité parfaite sur le résultat
des missions qui lui sont données. La restauration des Rubens
de la cathédrale d'Anvers a fait à M. Etienne Le Roy, dans le

vant du jour au lendemain obtenir l'idéal, je veux dire un local
isolé comme l'est le Mauritshuis (c'est le seul avantage sérieux
de cet hôtel), et spécialement construit et aménagé pour recevoir
une galerie publique de tableaux, M. de Jonge n'a consenti à
occuper le poste où il se montre si bien the right Man in the
right Place, qu'après avoir nettement posé et fait accepter ses
conditions qui seules pouvaient lui permettre de prouver qu'il
est quelqu'un. Aussi, à peine installé, a-t-il littéralement trans-
formé le musée en procédant d'abord à l'expulsion du Cabinet
royal de Curiosités établi alors dans les salles du rez-dc-chaussée.
et beaucoup plus convenablement aujourd'hui dans un des prin-

monde artiste, une réputation qui rend superflu tout éloge de la cipaux hôtels du Vijverberg, celui qui porte le n° 15. Mais ce
manière de pratiquer un art dont l'importance et la difficulté n'est point en quelques mots que l'on peut donner une juste
sont appréciées par les personnes qui saventeombien de produc- ! idée des services éminents rendus si rapidement par M. de Jonge,

tions de grands maîtres ont été anéanties par le fait de restaura-
tions maladroites. »

Ces lignes seraient une réponse plus que suffisante à l'accu-
sation téméraire lancée contre M. Le Roy, si M. de Jonge ne
s'était chargé d'en faire bonne et prompte justice, absolument
comme des insinuations à l'adresse de son prédécesseur,

un lettré, un artiste, un gentleman accompli et le modèle des
fonctionnaires, car il a le triple et rarissime mérite d'être la
courtoisie même et d'unir à la passion du devoir une indépen-
dance de caractère qui est l'honneur de tout homme d'un sérieux
mérite. Pour mettre bien en lumière l'œuvre si dignement com-
mencée par M. de Jonge et le but qu'il poursuit, il faut passer en

M. Mazel. Certainement, ce dernier n'a point fait merveille pen- revue toutes les heureuses transformations qu'a récemment

dant sa longue direction, mais lui était-il possible de faire quoi 1 subies le Musée de La Haye, et c'est ce que je me réserve de

que ce soit? Là est la véritable question, et elle se résout sans [ faire en entrant dans tous les développements qu'un tel sujet

appel contre le gouvernement néerlandais, le vrai, le seul cou- , comporte.

pable, qui n'a jamais donné à M. Mazel, pour tout budget, que Je constate à l'instant que le numéro du 11 août de la Chro-

1,200 florins, juste de quoi très-mal rétribuer les gardiens de son
musée.

Que des soufflures se soient produites, que la toile ancienne
ait cessé d'adhérer en plusieurs endroits à la toile nouvelle, il
n'y a là absolument rien d'étonnant ; il y a plutôt lieu d'être sur-
pris que cela ne se soit pas réalisé plutôt dans l'état où le gou-
vernement laissait le Musée de La Haye, sans se soucier de l'ac-
tion destructive du climat, des inconvénients d'un local baigné
par les eaux du Vijverberg, et aussi du mode de chauffage le
plus détestable que l'on puisse imaginer pour une galerie de
tableaux.

Pour en revenir au sort futur du tableau, il n'y a nulle
raison de s'alarmer;, d'un côté il est en très-bonnes mains,
M. Hopman fils opère avec la plus grande prudence, un savoir
très-réel et une véritable vénération pour l'œuvre qui lui est
confiée; de l'autre, M. de Jonge, qui a étudié à fond le cas de
son précieux malade et le possède comme personne, le veille
avec passion, et sa vigilance est de celles que rien ne peut lasser.
Aussi m'est-il permis d'assurer que la Leçon d'anatomie ne tar-

nique des Arts et de la Curiosité est tout aussi heureusement
renseigné que celui du 28 juillet. Cette fois, c'est de la collection
van Loon qu'il s'agit : « On nous écrit d'Amsterdam que les
héritiers van Loon sont en marché avec le gouvernement néer-
landais pour la vente de la célèbre collection bien connue de
tous les amateurs. Si ces pourparlers n'aboutissent pas, c'est à
Paris qu'elle sera soumise aux enchères. » Il est au moins étrange,
pour ne pas dire plus, que l'on écrive d'Amsterdam à la Chro-
nique une nouvelle dont il n'y a pas un mot de vrai. Jamais il
n'a été question de vendre la collection van Loon publiquement:
le chef de la famille n'a au contraire jamais cessé de déclarer
qu'aucune considération ne pourrait décider les héritiers à une
vente publique; leur inébranlable résolution a été à tous égards
des plus intelligentes, car la vente a eu lieu par contrat privé à
un prix de beaucoup supérieur au chiffre qu'eussent pu atteindre
les enchères. Comme le constate une lettre de M. van Loon que
nous avons eue sous les yeux, la collection a été achetée en bloc
par un amateur de Paris, au commencement de la première
semaine du présent mois d'août. G. Noël.

1. Catalogue descriptif et historique du Musée royal de Belgique (Bruxelles), précédé d'une notice historique sur sa formation et sur ses accroissements
par Edouard Fétis, membre de la Commission administrative du Musée- 40 édition, 1877, page 71.
 
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