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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Buisseret, Augustin de: Juan de Arellano
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0363

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JUAN DE ARELLANO

Le Dictionnaire historique des peintres de M. Adolphe Siret est riche en inexactitudes
bizarres et en assertions compromettantes qui démontrent que la légèreté de l'auteur ne lui
permettait pas de surveiller sérieusement le travail de ses ciseaux. Son chef-d'œuvre en ce genre
reste indiscutablement cette appréciation de Van Goyen : « Il visita la France ET un de ses
maîtres fut Isaac Van de Velde. Tout ce que les environs de sa ville natale et de La Haye lui
offraient de sites pittoresques ou champêtres il le reproduisait sur la toile ; on ne pense pas que
ce peintre remarquable sortit jamais de son pays. » Une pareille perle ne saurait trop souvent être
mise en lumière. Aussi assure-t-on, — probablement à bon droit, — que ce passage suffit à
décider de l'élection de M. Siret à l'Académie royale de Belgique. C'est, en effet, le meilleur
titre pour devenir immortel et le rester.

S'il n'a point pris avec Arellano d'aussi grandes libertés, M. Siret a prouvé qu'il ne savait
pas même découper Quilliet de façon intelligente. Voici, en effet, ce qu'il nous donne à propos
de l'élève de Juan de Solis : « N'ayant fait aucun progrès jusqu'à l'âge de trente-six ans, il prit
le parti de copier les fleurs de Mario Nuzzi. Son travail clans ce genre n'a pu être surpassé par
aucun peintre espagnol. » Dans ce genre ne laisse prise à aucune discussion; rien n'est plus
clair, Juan de Arellano est un habile copiste, trèsdiabile, mais un copiste, pas autre chose. Et
cependant, quiconque a vu les œuvres du maître, — M. Siret n'est pas de ceux-là, — croit rêver
en lisant de pareilles assertions. Il s'agit, en effet, d'un praticien de première force, doublé d'un
homme de grand goût, que Don Pedro de Madrazo, notre éminent collaborateur, appelle fort
justement « Excelente pintor de flores » dans sa dernière et si remarquable édition du Catalogue
du Museo del Prado. Arellano qui groupe toujours très-habilement ses fleurs, est un franc
coloriste, à la touche ferme, large, vibrante ; ses moindres œuvres sont toujours un régal pour
les yeux, comme en témoigne si bien la brillante eau-forte de M. Léon Gaucherel, d'après un
des précieux tableaux de la collection à la fois si choisie et si variée de M""' A. B. Blodgett.

Comment donc expliquer le texte de M. Siret, je ne dis pas son opinion, car ainsi qu'on va
le voir, il n'en a aucune ? C'est chez lui une simple question de ciseaux intelligents. Il s'est
borné, lui, à être un copiste, mais un copiste incomplet et partant fort maladroit du Dictionnaire
des peintres espagnols1 de F. Quilliet qui s'exprime ainsi sur Juan de Arellano, né à Santoriaz
en 1614 et mort à Madrid le 12 octobre 1676 : « 11 fut élève de Jean de Solis, après l'avoir été
d'un autre maître à Alcala de Henares, sans avoir fait aucun progrès dans le dessin jusqu'à l'âge
de trente-six ans. La honte de se voir si arriéré:, et la nécessité de soutenir sa famille, lui firent
prendre le parti de copier des fleurs du Mario, en observant en même temps la nature. Son
application en ce genre fut telle, qu'aucun peintre espagnol ne l'a surpassé, et que ses tableaux
de fleurs eurent une grande réputation. J'ai pu en recueillir, à la vente de M. Petit-Jean, deux
qui signalent seulement sa couleur, sans indiquer son beau talent. — // mourut à Madrid en 1676.
Tous les vrais amateurs espagnols comptent dans leur collection quelques ouvrages d'Arellano. On
distingue dans ses corbeilles les belles nuances, les contrastes les plus heureux et des bouquets
largement composés avec tout le fracas de la nature. »

M. Adolphe Siret a supprimé tous les passages que nous reproduisons en italique, et les
trois quarts de ses suppressions sont de la plus insigne maladresse, sans compter qu'elles
calomnient l'artiste qui, non content de copier des œuvres du peintre italien, étudiait en même
temps la nature.

Augustin De Buisseret.

1. A Paris, chez l'auteur, rue du Gros-Chenet, n° 4. Un volume in-8 de 407 pages, 1816. Imprimerie de Fain.
 
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