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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Véron, Eugène: L' idéal dans l'art d'après Platon, [3]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0203

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Krise tiriîe d'un Ovide de 165 1.

L'IDÉAL DANS L'ART D'APRÈS PLATON'

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a théorie de Platon, bien qu'elle date de plus de deux mille ans,
exerce encore sur les esprits une influence considérable. Tous les
enseignements officiels s'en sont plus ou moins inspirés ; le langage
même, en tout ce qui touche aux arts, en porte l'empreinte tou-
jours vivante. Il est d'autant plus important d'en signaler les erreurs
et les lacunes.

Ce qui frappe tout d'abord, c'est quelle repose tout entière sur
une hypothèse, celle de la réminiscence. Platon, embarrassé d'expli-
quer d'où vient cette force qui porte l'homme à chercher toujours
le mieux en toutes choses, se tire d'embarras en supposant que
l'homme a connu autrefois les splendeurs de la création idéale. Dès
lors rien ne le gêne pour expliquer qu'à la vue des choses d'ici-bas, il retrouve dans ses souve-
nirs la trace plus ou moins effacée des jouissances antérieures, comme souvent un mot nous
rappelle un rêve oublié.

L'innéité de la notion de beauté ainsi expliquée, tout le reste semble devenu facile et coule
pour ainsi dire de source. Voyons ce qu'il y a de vrai dans cette apparence.

L'hypothèse de la réminiscence en suppose une autre, l'existence même de ce monde idéal et
invisible, que peuplent les essences, types premiers des choses, cette sphère céleste où habitent
et vivent les idées pures écloses de la pensée divine, sortes de divinités secondaires, parmi
lesquelles l'homme a vécu avant d'être précipité au milieu des réalités grossières de ce monde
inférieur.

11 faut avouer qu'un système qui débute par deux affirmations comme celles-là a grand
besoin de démonstration ultérieure. Or, c'est précisément cette démonstration qui manque
absolument à la théorie platonicienne. En nous plaçant au point de vue de l'observation scien-
tifique, nous serions donc par cela seul autorisé à la considérer comme non avenue, si l'adhésion
irréfléchie des prétendus savants, qui préfèrent la fantaisie à la vérité et jugent les théories
scientifiques avec leur imagination et leurs préjugés, ne lui avait créé gratuitement une
autorité à laquelle elle n'a par elle-même aucun droit. Poursuivons donc notre examen.

Si l'esthétique platonicienne commence par une série d'hypothèses purement iniaginaires, elle
s'achève par une supposition qui n'est pas moins arbitraire. L'art, dit Platon, a pour objet
l'expression de la beauté idéale ; mais cette beauté idéale, il serait incapable de la concevoir, non

Lettre tirée d'un Ovide de i6;i.

1. Voir l'Art, )' année, tome III, pages 49 et 97.
Tome X.

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