Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

DOI article:
Dubouloz, John: Black and white
DOI article:
Notre bibliothèque
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0173

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
NOTRE BIBLIOTHÈQUE.

139

peut s'empêcher de regretter qu'il n'ait pas plus de liberté
d'allure, de ce diable au corps qui était ici de circonstance et
qui révèle immédiatement l'artiste de race. Sauf M. Rudolph
Lehmann. qui après avoir échoué à Paris en pleine médiocrité,
a fini par se faire à Londres une petite réputation semi-fashio-
nable aussi pénible qu'éphémère appuyée sur des portraits où le
vide le dispute à la prétention, les artistes allemands, établis à
Londres, méritent le succès qui les a accueillis ; il en est un
surtout qui a droit à une mention spéciale, j'ai nommé M. Hu-
bert Herkomer qui n'est pas un inconnu pour les lecteurs de
l'Art1 et qui n'a plus d'allemand que son acte de naissance, car
son talent qui ne se souvient parfois de la patrie que par le choix
des sujets, a fait complètement peau neuve et sa métamorphose
l'a bel et bien baptisé anglais ; hâtons-nous d'ajouter que c'est
par les meilleurs côtés qu'il s'est efforcé de ressembler à l'art de
son pays d'adoption et qu'il y réussit complètement. M. Herko-
mer est l'un des plus vaillants collaborateurs du Graphie où ses
dessins très-habilement gravés sont une des great attractions de
cet excellent hebdomadaire.

Les exposants anglais s'appellent légion et, pour ne rien
céler, je les voudrais moins nombreux ; il en est beaucoup qui
font très-médiocre figure; mais on rencontre des compensations
et elles sont fort heureusement, les unes intéressantes, les autres
brillantes.

. L'Installation de Bolingbroke nous montre le talent de Sir
John Gibert, R. A., plus sympathique que jamais ; M. W. Bur-
ton, dont le grand portrait à l'aquarelle de M"1" George Smith
est certainement l'un des plus francs succès de la Grosvenor Gal-
lery, expose ici trois études d'après nature qui ne sont pas à
l'abri de toute critique ; le cou d'une de ces tètes, —voirie des-
sin catalogué sous le n° 260, — ne se recommande point par
une correction irréprochable ; il a tout au moins l'air d'être en
bois ; l'état-major artistique du Punch rivalise d'esprit et de belle
humeur en la personne de MM. Charles Keene et Lindley Sam-
bourne, mais leur chef incontesté par droit de mérite reste
toujours M. du Maurier dont M. Joseph Swain est le graveur
attitré ; ce n'est pas de ce très-fidèle interprète que l'on peut
dire : tradutore, traditore.

Les manifestations du grand art se résument en un pan-
neau décoratif: Painting and Music, de M. Henry Holiday
qui entortille ses deux figures allégoriques de myriades de
plis aussi bizarres que peu justifiés, et dans un grand fusain :
Boadicea, qui a valu cette année à M. F. Hamilton Jackson la
médaille de la Royal Acadcmy dont les concours donnent de

tristes résultats à en juger par cet échantillon. Non-seulement
cela manque absolument de tournure, mais c'est d'une exécution
plus qu'affadie. Les artistes anglais sont du reste pour la plu-
part très-malhabiles à tirer parti du fusain.

Les collaborateurs de Ylllustrated London News et du Gra-
phie, MM. S. Read, E. J. Gregory, S. E. Waller, J. E. Hogdson,
W. Small, Mason, Jackson et Leslie Ward, ont tous droits à une
mention spéciale. Il faut toutefois recommander aux habiles
illustrateurs anglais de ne pas tomberdans les débauches d'ha-
bileté excessive à la Gustave Doré; il y a parmi eux une
tendance très-manifeste à procéder par grandes masses lavées
d'encre de Chine et rehaussées de blanc dont M. Doré a tant
abusé et abuse tant.

Le dessin à la plume, qui a déjà quelques très-excellents
adeptes, se propage et donne plus que des promesses. L'eau-
forte progresse, mais est loin encore de rivaliser avec la pléiade
des aquafortistes français ; M. Edwin Edwards est devenu moins
noir et moins lourd ; M. Arthur Evershed, M. C. P. Slocombe,
M. F. Slocombe et M. C. J. Watson ne sont point sans qualités,
mais de la sécheresse et de la dureté les déparent.

Miss C. Mary Thompson est dans une bonne voie ; elle
songe évidemment aux planches de M. Alphonse Legros : ce sont
de si heureux modèles qu'on ne saurait assez l'encourager à per-
sévérer; elle paraît trop bien douée pour que sa personnalité
ne finisse point par se dégager.

En somme, exposition aussi utile qu'attractive, dont le
défaut réside dans la surabondance qui est extrême ; il faut se
mettre à genoux pour voir certains dessins qui reposent à terre
et se briser les vertèbres cervicales pour en distinguer d'autres si
haut placés qu'on ne réussit à les voir que d'ensemble. C'est tout
simplement intolérable.

Une dernière observation pour finir : puisqu'il y a des Fran-
çais dans le comité: MM. Jules Jacquemart et Léon Lhermitte
et un Anglais qui parle admirablement le français, M. G. du
Maurier, pourquoi ne pas leur soumettre les épreuves du cata-
logue ? On éviterait ainsi les erreurs qui y pullulent : M. Bran-
don, l'auteur d'un charmant dessin à la plume: Une Synagogue
à Amsterdam, ne figure pas à la table des exposants; page 8, on
lit : Brunehaute pour Brunehaut et Laminais pour Luminais ;
page 12, Portraite pour Portrait et Dubuse pour Dubufe ;
page 20, Heimer pour Henner et Talquière pour Falguière ;
page 25, Marc d'Auteuil pour Mare d'Auteuil ^ page ;i, No-
mentin pour Fromentin, etc., etc.

John Dubouloz.

NOTRE BIBLIOTHEQ.UE

LXXXII

LA CONQUÊTE BLANCHE, VOYAGE AUX ÉTATS-UNIS
D'AMÉRIQUE, par Hepworth Dixon; traduit de l'anglais
avec l'autorisation de l'auteur par Hipp. Vattemare, et illustré
de 118 gravures sur bois et 2 cartes. Paris, Hachette et Cio,
79, boulevard Saint-Germain. 1877. 1 vol. in-8 de 547 pages.

La réalité avec tout l'intérêt d'un roman, tel est ce livre
qui, en nous initiant à des mœurs politiques et sociales dont
l'originalité et l'indépendance contrastent si fortement avec nos
existences de longue date uniformisées par l'action autoritaire,
a pour but principal de proclamer la supériorité colonisatrice
de la race anglo-saxonne, sa force d'expansion illimitée, son
exubérante puissante d'absorption et sa domination certaine de
l'univers que M. Hepworth Dixon affirme sans ambages. Il a
écrit ces mots : « Peu à peu la surface de la terre passe aux

1. Voir l'Art, j« année, tome ii, page 296.

2. Page (4J.

mains des Anglo-Saxons2 », et comme il tient à ce que cette
fière affirmation soit constamment justifiée par les faits, il a soin
de conclure ainsi :

« Nous sommes forts, mais non immortels, et la division
entraîne nécessairement la ruine.

« Si nous voulons voir s'effondrer nos institutions libres,
nous n'avons qu'à prendre contre nos frères blancs le parti des
hommes rouges, noirs et jaunes.

« Si, au contraire, nous désirons conserver l'ordre et la
liberté, la science et la civilisation, nous devons penser avant
tout à ce qui est de nature à favoriser le développement et à
multiplier les forces de l'homme blanc.

« Tant d'ennemis tiennent la campagne que tout homme
blanc doit s'écrier :

« Serrons nos rangs! »

« Puis, quand les rangs seront serrés, mais alors seulement :
« En avant, marche! »

m
 
Annotationen