Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

DOI article:
Baudot, A. de: L' architecture au Salon de 1877
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0153

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L'ARCHITECTURE AU SALON DE 1877

i notre architecture contemporaine a acquis ou plutôt tend à
acquérir une place spéciale dans l'histoire, ce n'est pas, à pro-
prement parler, au point de vue de l'art ; en tout cas, elle ne
peut, sous ce rapport, que perdre à une comparaison avec le
passé. Celui-ci en effet, même jusqu'à la fin du dernier siècle,
nous a laissé des monuments dans lesquels, malgré bien des
défauts, on trouve, sinon le goût, du moins une tenue que n'ont
pas aujourd'hui nos édifices mesquins et dépourvus d'originalité
malgré l'emploi immodéré de l'or et du marbre et l'exagération
des effets décoratifs. Aussi n'est-ce pas dans les productions
soi-disanf monumentales qu'il faut chercher la note intéressante
de notre temps qui se distingue par des dispositions nouvelles,
parfois très-ingénieuses, par l'emploi de matériaux que l'industrie
restreinte de nos devanciers ne permettait pas d'utiliser, enfin
par l'application des découvertes scientifiques qui viennent faci-
liter beaucoup la solution des problèmes d'économie, d'hvffiène

lac-simile d une lettre manuscrite l 1 ' J O

tirée d'une BiWe et de confortable que réclame partout notre société démocratique.

appartenant à la Bibliothèque nationale.

Mais, dira-t-on, si des données aussi nouvelles trouvent déjà
leuçs applications dans certaines constructions, comment se fait-il que l'introduction de ces éléments
dans la pratique de l'architecture ne vienne pas davantage au secours de l'art et ne contribue pas
plus à la création de ce qu'on est convenu d'appeler un style? A cette question, la réponse serait
longue- et demanderait des développements dans lesquels nous ne pouvons entrer ici pour le
moment ; mais certes, sans hésiter, on peut rejeter la faute sur l'enseignement actuel de l'archi-
tecture. En dehors de certaines études de forme et de dispositions d'ensemble, cet enseignement
n'éveille pas assez l'esprit de la jeunesse et ne le dirige pas dans le sens qui conviendrait à notre
temps. En outre, il ne s'appuie pas sur des principes, et sans principes une école d'art ne peut
naître et se développer dans une voie déterminée conduisant à un style, parce qu'il n'y a dans
les efforts faits par les élèves ni le lien ni la suite nécessaires.

Quoi qu'il en soit, pour qui sait laisser de côté toute petite considération de coterie, tout
intérêt mesquin de métier, le mal existe et dès lors la froideur que le public témoigne aux
œuvres exécutées, froideur qui devient presque un dédain lorsqu'il ne s'agit que de dessins,
s'explique tout naturellement, parce que ce public n'est nullement attiré par les manifestations
d'un art qu'il ne comprend pas, et dans lesquelles il ne voit qu'une imitation inférieure à ce qu'il
connaît du passé.

De là vient l'indifférence que les architectes déploient et qui est si marquée dans les exposi-
tions annuelles, aussi dépend-il d'eux qu'il en soit autrement ; toutefois tout n'est pas de leur
faute, il faut le reconnaître, et il appartiendrait, dans une certaine mesure, à l'administration
des Beaux-Arts de rendre ces expositions moins mesquines, en leur accordant plus de place, plus
intéressantes, en créant des prix spéciaux se rattachant à des programmes attrayants, et plus
engageantes pour les artistes indépendants en modifiant le règlement relatif à la nomination des
jurés, qui peut convenir pour le moment aux peintres et sculpteurs peut-être, mais qui (chacun
le sait si chacun ne veut pas en convenir) ne donne pas les garanties nécessaires à tous les
architectes, à ceux surtout qui n'ont pas pris absolument pour base de leurs études les restes de
l'antiquité, relevés à Rome et à Athènes depuis tant d'années par les pensionnaires de l'État,

Tome X. 16
 
Annotationen