LE MUSÉE DE SÈVRES
forme ovoïde, hexagonale. Hauteur : o"',i2. Fabrique de Meissen
de 1709 à 1730 environ.
l:ac-simile d'un dessin de H. Toussaint.
La réouverture du musée de Sèvres est un fait trop
important pour qu'une publication comme la nôtre ait le
droit de le passer sous silence. La céramique occupe, en
effet, une place considérable dans les préoccupations artis-
tiques et industrielles de notre époque, et si c'est un
temple qu'on vient de lui élever à Sèvres, on peut être
certain que ce temple ne manquera jamais de fidèles.
Parmi les industries artistiques auxquelles la France
se livre aujourd'hui avec tant d'ardeur, il n'en est peut-
être point où elle prouve sa supériorité d'une façon plus
éclatante que clans la céramique. La céramique, après
s'être bornée tout d'abord à la reproduction d'objets usuels
et de première nécessité, n'a pas tardé à se mettre au
service de l'art et de la fantaisie, qui ont su créer avec
elle des merveilles d'élégance et de goût.
Ce serait une curieuse histoire à écrire que celle d'une
boite a thé. (Musée le sèvkes.) aussi précieuse industrie. Le premier chapitre nous condui-
Porcelainc de Saxe, à ornements reliefs, moulés, genre chinois, •. i 1 1 • 1 1
rait dans le paradis terrestre, et nous y verrions le grand
architecte de l'univers pétrissant dans l'argile, de ses mains
toutes-puissantes, les formes de notre premier père. Adam,
dont le nom hébraïque signifie terre rouge, n'est qu'un échantillon de céramique bien réussi.
On compta des céramistes parmi les ouvriers de la tour de Babel : ils donnèrent pour revê-
tement au gigantesque édifice, destiné à braver un nouveau déluge, des tuiles vernissées et cuites
au four, pareilles à celles que l'on retrouve encore aujourd'hui dans les ruines de Ninive et de
Babylone. •
L'Égypte a légué à nos collections d'assez curieux échantillons de terre ouvragée, dont
quelques-uns ont de très-grandes délicatesses de modelé, et des colorations tout à la fois très-
vives et très-fines. La Grèce a déployé dans ses coupes, dans ses rhytons, dans ses vases de
toute espèce, autant de génie et un sentiment artistique aussi profond que dans ses plus belles
statues, et dans ses peintures les plus achevées. Les Grecs nous conduisent naturellement chez
les Étrusques, qui se sont inspirés d'eux dans la céramique comme dans tous les arts et dans
toutes les industries. La communauté des origines et la parenté des civilisations expliquent d'ail-
leurs suffisamment les rapports que nous retrouverons entre les œuvres des uns et des autres.
Sans arriver à cette pureté de formes, que personne n'égalera jamais, l'Orient, — je veux dire
l'Inde, la Chine et le Japon, — est arrivé à une finesse de pâte et à une splendeur de colo-
ration qui assurent à ses produits une place élevée dans le trésor de la curiosité.
Les divers produits des fabrications européennes ont atteint, à certaines époques, un degré
de, perfection qui les a fait justement rechercher des amateurs, et qui explique suffisamment leur
vogue croissante à un moment où tout le monde se pique d'un certain dilettantisme en fait
d'art, et vise à la collection. Les poteries hispano-arabes, avec leurs reflets métalliques, d'un éclat
si vif et si pur ; les majoliques italiennes, empruntant aux grands maîtres du xve siècle et de la
Renaissance le sujet de leurs magnifiques décors ; les terres émaillées de Bernard Palissy ; les
admirables faïences d'Oiron, connues sous le nom de faïences de Henri II, les porcelaines de Saxe,
les terres dures d'Angleterre, les pâtes tendres de Sèvres, les faïences de Rouen et de Delft, de
forme ovoïde, hexagonale. Hauteur : o"',i2. Fabrique de Meissen
de 1709 à 1730 environ.
l:ac-simile d'un dessin de H. Toussaint.
La réouverture du musée de Sèvres est un fait trop
important pour qu'une publication comme la nôtre ait le
droit de le passer sous silence. La céramique occupe, en
effet, une place considérable dans les préoccupations artis-
tiques et industrielles de notre époque, et si c'est un
temple qu'on vient de lui élever à Sèvres, on peut être
certain que ce temple ne manquera jamais de fidèles.
Parmi les industries artistiques auxquelles la France
se livre aujourd'hui avec tant d'ardeur, il n'en est peut-
être point où elle prouve sa supériorité d'une façon plus
éclatante que clans la céramique. La céramique, après
s'être bornée tout d'abord à la reproduction d'objets usuels
et de première nécessité, n'a pas tardé à se mettre au
service de l'art et de la fantaisie, qui ont su créer avec
elle des merveilles d'élégance et de goût.
Ce serait une curieuse histoire à écrire que celle d'une
boite a thé. (Musée le sèvkes.) aussi précieuse industrie. Le premier chapitre nous condui-
Porcelainc de Saxe, à ornements reliefs, moulés, genre chinois, •. i 1 1 • 1 1
rait dans le paradis terrestre, et nous y verrions le grand
architecte de l'univers pétrissant dans l'argile, de ses mains
toutes-puissantes, les formes de notre premier père. Adam,
dont le nom hébraïque signifie terre rouge, n'est qu'un échantillon de céramique bien réussi.
On compta des céramistes parmi les ouvriers de la tour de Babel : ils donnèrent pour revê-
tement au gigantesque édifice, destiné à braver un nouveau déluge, des tuiles vernissées et cuites
au four, pareilles à celles que l'on retrouve encore aujourd'hui dans les ruines de Ninive et de
Babylone. •
L'Égypte a légué à nos collections d'assez curieux échantillons de terre ouvragée, dont
quelques-uns ont de très-grandes délicatesses de modelé, et des colorations tout à la fois très-
vives et très-fines. La Grèce a déployé dans ses coupes, dans ses rhytons, dans ses vases de
toute espèce, autant de génie et un sentiment artistique aussi profond que dans ses plus belles
statues, et dans ses peintures les plus achevées. Les Grecs nous conduisent naturellement chez
les Étrusques, qui se sont inspirés d'eux dans la céramique comme dans tous les arts et dans
toutes les industries. La communauté des origines et la parenté des civilisations expliquent d'ail-
leurs suffisamment les rapports que nous retrouverons entre les œuvres des uns et des autres.
Sans arriver à cette pureté de formes, que personne n'égalera jamais, l'Orient, — je veux dire
l'Inde, la Chine et le Japon, — est arrivé à une finesse de pâte et à une splendeur de colo-
ration qui assurent à ses produits une place élevée dans le trésor de la curiosité.
Les divers produits des fabrications européennes ont atteint, à certaines époques, un degré
de, perfection qui les a fait justement rechercher des amateurs, et qui explique suffisamment leur
vogue croissante à un moment où tout le monde se pique d'un certain dilettantisme en fait
d'art, et vise à la collection. Les poteries hispano-arabes, avec leurs reflets métalliques, d'un éclat
si vif et si pur ; les majoliques italiennes, empruntant aux grands maîtres du xve siècle et de la
Renaissance le sujet de leurs magnifiques décors ; les terres émaillées de Bernard Palissy ; les
admirables faïences d'Oiron, connues sous le nom de faïences de Henri II, les porcelaines de Saxe,
les terres dures d'Angleterre, les pâtes tendres de Sèvres, les faïences de Rouen et de Delft, de