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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Les artistes étrangers au Salon de 1877
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0192

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iy8 L'ART.

Il y a plaisir à saluer d'un éloge le nom de M. Louis Artan. Ce n'est pas la première fois,
mais depuis ses débuts, depuis sa médaille au Salon de Bruxelles 1869, n'avait-il pas quelque peu
abusé du droit qu'a l'artiste de chercher sa voie? Non cependant, puisqu'il la trouve. A peindre
la mer pour la mer, et rien que la mer, — car pour M. Artan le matelot ne compte guère, et
c'est à peine s'il admet le bateau, — il n'est pas étonnant qu'on coure risque de se noyer. Mais
notre artiste s'est borné à un plongeon salutaire, quoique prolongé, et le voici qui reparaît à
fleur d'eau et rentre au port de la saine peinture avec deux impressions d'une subtile justesse,
d'un faire très-serré sans qu'il y paraisse, et d'une harmonieuse distinction, un Effet de matin1 et
un Clair de lune sur la mer du Nord.

Le plus célèbre des marinistes belges, M. Clays, se maintient à la hauteur de sa réputation.
Le grand tableau, le Zuyderiée par un temps calme, près Texel, est irréprochable. Le petit, Un
Canal en Zélande, est exquis. Vous me direz que c'est toujours le même tableau. Peut-être.
Il serait plus juste de dire que c'est toujours le même talent, la même physionomie d'artiste.
Après tout, qu'est-ce qu'une jolie femme ? C'est toujours la même jolie femme, et vous ne songez
pas à vous en plaindre.

Un artiste qui a puissamment contribué à la rénovation de l'école belge du paysage,
M. Alfred de Knyff, dont le talent avait subi dans ces dernières années une sorte d'éclipsé,
a reparu au Salon dans tout l'éclat de ses premiers triomphes. Les Prairies de Lagrange,
baignées d'air humide et de lumière argentine, sont une des toiles les plus importantes et l'un
des plus beaux paysages de l'exposition. Cette entente de la composition, cette exécution savante
et libre à la fois, ce sentiment poétique des beautés naturelles, se font rares aujourd'hui. Voilà

t

M. de Knyff désensorcelé.

Les jeunes paysagistes groupés pendant quelques années sous le drapeau de « l'école de Ter-
vueren » sont maintenant moins fidèles à ce Barbizon national. M. Coosemans a planté sa tente à
Bougival. Est-ce là qu'il a trouvé son Soleil levant? On ne sait trop. Dans tous les cas, cette
grande décoration poétique, malgré la rougeur trop apparente du disque solaire, atteste un
remarquable progrès chez ce peintre, qui a commencé en amateur pour devenir un maître paysa-
giste. M. Asselbergs a pris la route d Algérie pour s'installer à Fontainebleau, et ses deux
tableaux, Un Automne à Belle-Croix et Un Jour de mars à la mare aux Fées, prouvent qu'il
n'y perd pas son temps. Pour le moment, le dernier Tervuerien de Tervueren est M. Jules Mon-
tigny, dont on a remarqué une agréable Matinée d'hiver dans la forêt de Soignes.

La Côte de Zélande de M. Alfred Verwée était assez mal placée. On en voyait les duretés
plutôt que les finesses. Le ciel par exemple se présentait en quelque sorte à revers, montrant les
arêtes de la pâte, mais non pas les effets voulus par le peintre. En revanche, on distinguait,
malgré l'emplacement, un excellent morceau : le cheval attelé en flèche au chariot qui fait le
sujet du tableau 2.

Un élève de M. Alfred Verwée, qui n'en est guère encore qu'à travailler d'après les études
de son maître, M. Paul Parmentier a exposé un Pâturage en Flandre, peinture solide, trop solide,
d'une solidité lourde et opaque ; M. Paul Parmentier fera bien de tremper ses pinceaux dans l'eau
des rigoles qui humectent et fertilisent les pâturages flamands. Voilà une recommandation qu'il
est inutile d'adresser à M"1' Rosa Venneman, car sa Prairie en Flandre est absolument humide,
tellement qu'on prendrait pour une grande aquarelle cette peinture à l'huile qui a du moins
quelque légèreté et dont l'effet décoratif est d'un certain charme.

Charles Tardieu.

{La fin prochainement.)

1. Voir l'Art, y année, tome III, page 88.

2. Voir l'Art, y année, tome III, page 89.
 
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