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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Véron, Eugène: L' idéal dans l'art d'après Platon, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0067

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Frise de J. B. Huet. — Fac-similé d'une de ses eaux-fortes.

Lettre tirée d'un Ovide de i6>i.

L'IDÉAL DANS L'ART D'APRÈS PLATON

i

ous les ans, à l'époque du Salon, un certain nombre de critiques
d'art ressuscitent Platon tout exprès pour lui emprunter des défini-
tions et des théories, qu'ils seraient bien embarrassés de retrouver
dans ses livres. C'est là le moindre de leurs soucis. Il existe à cet
égard une sorte de convention, contre laquelle personne ne proteste,
parce que personne ne veut se donner la peine de vérifier. Pour la
plupart d'entre eux l'esthétique de Platon est le dernier mot de la
science du beau dans les arts, bien qu'en fait Platon n'ait jamais écrit
d'esthétique.

Il est vrai qu'il a souvent abordé, plus ou moins incidem-
ment, les questions qui se rapportent à l'art, et qu'il est possible de tirer de ses ouvrages un
système suffisamment intelligible et à peu près concordant dans ses diverses parties. Mais il ne
1 a pas exposé de suite en un corps de doctrine, et c'est précisément pour cela qu'on a pu lui
prêter tant de belles phrases auxquelles il n'a jamais songé, et qui même ne s'accordent pas tou-
jours entre elles. On peut bien, pour vérifier une citation, relire un volume ; mais en relire dix,
c est plus grave. Et l'on se résigne à accepter, et, ce qui est pire, à répéter comme authentiques
c'es formules qui finissent ainsi par passer dans la circulation et par devenir en quelque sorte des
axiomes.

Qui se douterait en entendant les critiques les plus autorisés répéter d'après Platon : « Le beau
est la splendeur du vrai », que jamais Platon n'a rien dit de semblable, et que même cette
expression suppose un système qui n'aurait avec celui du philosophe grec que des analogies assez
lointaines? On pourrait bien, à la rigueur, la rattacher à la doctrine d'Aristote, qui fait de l'imi-
tation le principe et la source de l'art; mais non pas à celle de Platon, qui repose tout entière
sur Ui théorie de l'idéal.

H est vrai qu'on n'abuse pas moins de cette théorie de l'idéal que de la définition du beau.
et cet abus est d'autant plus surprenant que sur ce point Platon s'est à plusieurs reprises expliqué
avec une netteté parfaite.

Tout le monde emploie cette expression d'idéal, sans s'inquiéter de la définir, comme
Sl elle était par elle-même suffisamment claire. On se contente de se mettre sous le patronage du
,( divin » Platon, par une allusion plus ou moins directe. Il n'y a pas de mot qui revienne plus
souvent dans les écrits des critiques officiels et académiques. On peut dire qu'il contient et

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