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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Les fêtes du troisième centenaire de Rubens, à Anvers, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0296

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LES FÊTES DU TROISIÈME CENTENAIRE DE RUBENS, A ANVERS

{Suite et fin ) — Correspondance particulière de l'Art.

ordaens, un des chefs illustres de l'é- ] restaurée depuis par le roi des Pays-Bas, Guillaume H. La res-
cole d'Anvers, a eu aussi, à l'occasion tauration est maintenant définitive.

des fêtes du centenaire de Rubens, sa Le monument élevé à Jordaens et inauguré le mercredi

manifestation, son pèlerinage et son 22 août, en présence d'une foule nombreuse, par la commission
monument. C'était justice, car le pein- j exécutive de la souscription, et par ses deux présidents,

M. DeWael, pour la Belgique, M. De Jonge Van Ellemeet, pour
la Hollande, est l'œuvre d'un jeune sculpteur anversois,
M. Lambaux, qui avait donné déjà des promesses de talent. Sur
un piédestal carré, dans lequel sont encastrées les anciennes
pierres tombales de Jordaens, du peintre A. Van Stalbemt et de
G. De Pape, citoyens d'Anvers, retrouvées à grand'peine dans les

tre de ce colossal et splendide Triom-
phe dit prince Frédéric Henri, qui orne
la grande salle de la « Maison du Bois »,
résidence favorite de la regrettée reine des Pays-Bas, près de
La Haye, Jacques Jordaens est non-seulement un maître de
haute valeur, mais encore un artiste foncièrement flamand et

anversois, plus encore peut-être que Rubens, dont il a subi jardins des paysans, et la dernière même au fond d'un puits, se
l'ascendant après avoir reçu les leçons du même maître, Adam j dresse le buste en bronze de Jordaens, supporté par deux caria-
Van Noort, devenu plus tard son beau-père, et dont il a toute , tides en pierre bleue, dont les types sont empruntés aux compo-

la force et toute la santé, sinon toute la souplesse et toute la dis-
tinction. Merveilleuse époque, merveilleuse école, que celle qui
a pu produire après Rubens des individualités aussi remar-
quables et aussi dissemblables que celles d'Antoine Van Dyck et
Jacques Jordaens, sans parler des autres. •

Une réparation posthume à Jordaens était d'autant plus
indiquée que le maître n'a pas sa statue dans sa ville natale, qui j de Jordaens :
pourtant a élevé des monuments à Rubens, Van Dyck et
Teniers, mieux que cela, au peintre Van Brée. Passe pour
le peintre Henri Leys, dont le néo-gothique a du moins
jeté un vif éclat sur l'école anversoise contemporaine. Il est
vrai que si la statue de Leys se dresse à l'entrée du nouveau
parc, si coquettement illuminé pendant les fêtes, la statue de
Van Brée se cache sous le portique du musée, où elle fera désor-
mais un étrange effet en face du monument élevé à Rubens par
M. Jules Pêcher. Mais la statue de Jordaens, on la cherche, on
ne la trouve pas.

On ne la cherchera plus longtemps, car la ville d'Anvers,
l'honorable bourgmestre M. De Wael l'a officiellement et publi-
quement déclaré, est bien décidée à rendre au grand artiste
l'hommage qui lui est dû.

Né à Anvers, Jordaens n'a pas même un tombeau dans la
ville qui lui a donné le jour et à laquelle il a rendu une large
part de gloire. Pour déposer une couronne sur sa sépulture, il
faut aller à Puttc, petite commune jadis protestante, aujourd'hui
catholique, au nord d'Anvers, à cheval sur la frontière hollando-
belge. C'est là que furent exilés les restes du maître, dont les Ce qui veut dire : « Ci-gît Jacques Jordaens, né à Anvers-,

églises catholiques de Belgique, et notamment l'église de Saint- 1 mort le 18 octobre 1678, et l'honorée Catherine Van Noort, sa
Jacques, à Anvers, ont recueilli maint chef-d'œuvre, mais dont femme, morte le 17 avril 1659, et demoiselle Elisabeth Jordaens
le fanatisme catholique, souverain à l'époque de sa mort, ne j leur fille, morte le 18 octobre 167S. Le Christ est l'espoir de
voulut pas tolérer l'inhumation, non pas même en terre consa- ! notie salut. »

sitions mythologiques du peintre. Au pied des cariatides, à droite
et à gauche du monument, les médaillons de Van Stalbemt et
de G. De Pape sont scellés dans la pierre. Buste et médaillons
sont largement traités, et le monument dans son ensemble est
bien compris.

Voici l'inscription funéraire qui se lit sur la pierre tombale

HIER LEET BEGRAVEN
JAVQVES JORDAENS GEBOREN
BINNEN ANTWERPEN STERF DEN
18 OCTOBER A» MVCLXXVIII
ENDE

DEERBARE CATHARINA VANOORT
SYN HVYSVROVWE STERF DEN

17 APRIL A» MVI»LIX

ENDE

JOVF ELISABETH JORDAENS
HAERE DOCHTER STERF DEN

18 OCTOBER A> 1678

CHRISTVS IS DE HOPE
ONSER HEERLYCKHEIT

crée, mais en terre anversoise. Jordaens était protestant. Sa
tombe, creusée à Putte, dans le cimetière qui servait d'asile aux
cendres des Anversois hérétiques, était restée longtemps dans un
déplorable état d'abandon et de dégradation, avant que les fêtes
du centenaire de Rubens n'eussent donné à la ville d'Anvers et
à un comité international de souscription, patronné par les sou-
verains de Belgique et des Pays-Bas, l'idée d'y élever un monu-
ment convenable et respectueux, sinon complètement digne de
son talent et de sa renommée.

Ce fut un négociant d'Anvers, M. Nauwelaers-Vermoelen,
qui, d'après le Messager des sciences et des arts de Belgique,
signala le premier la quasi-profanation de la tombe de Jordaens,

L'Art s'estime heureux de pouvoir s'associer à cet hommage
rendu à Jordaens en publiant la remarquable eau-forte exécutée
pour lui par l'habile,graveur M. Charles Waltner, d'après un
portrait peu connu du maître, un chef-d'œuvre qui fait partie de
la collection de M.Gustave Rothan.

Chacun sait que pour célébrer dignement le troisième cen-
tenaire de Rubens la ville d'Anvers avait d'abord conçu un
projet grandiose, si grandiose qu'elle a été obligée d'y renoncer :
l'exposition complète de l'œuvre de Rubens. Ne pouvant obtenir
les tableaux, on s'est rabattu sur les gravures, et l'Académie
d'archéologie de Belgique a pris soin de réunir une estampe, —
une seule, mais toujours la plus ancienne connue, — pour

1. Voir l'Art, y année, tome HT, page 23.4.

2. Le 20 mai 1
 
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