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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Qui a signé David Teniers Junior
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Gotti, Aurelio: Lettres florentines
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0148

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n6

L'ART.

aux admissions du métier des peintres de Bruxelles ; il y fut
admis le 28 janvier 1675, avec la qualification que nous lui assi-
gnons ici et qu'on ne peut lui contester : monsieur David Teniers
junior ou le Jeune (mynheer Davit Teniers junior alias den
Jonghen).

On connaît du deuxième Te'niers un nombre conside'rable
d'oeuvres. Elles portent les diverses signatures que voici :

David Teniers F. (en 1642, 1644, 1646, etc.) ;

D. Teniers F. (en 1643, 1645, 1652, 1654, etc.) ;

David Teniers Fec. (en 1643, etc.);

D. T. (en 1643, etc.) ;

David Teniers (en 1648, etc.) ;

D. Teniers FF. (en 1650, etc.) ;

D. Teniers;

D. Teniers Fec. ;

D (un t inscrit dans un D majeur) ;

Le même D suivi d'un F.

La date est plus souvent omise qu'elle n'est indiquée, mais
jamais l'épithète junior n'est jointe, au moins à en juger par les
catalogues des musées de Bruxelles, d'Anvers, de Paris, de l'Er-
mitage à Saint-Pétersbourg, de Munich, de la Galerie nationale
de Londres. Certains tableaux, attribués au grand Téniers, sont
probablement de son fils. C'est ainsi que des scènes allégoriques,
au musée de Madrid, offrent un cachet si particulier que l'on
répugne à y reconnaître la palette exercée du seigneur de Dry
Toren. C'est aux critiques d'art à soumettre les œuvres de ce
grand artiste à une révision sévère. En les comparant aux
tableaux de Perck et de Boort-Meerbeek, que l'on ne peut évi-
demment lui laisser, ils parviendront à caractériser la manière
du troisième Téniers, de l'artiste à qui l'on doit, à plus juste
titre, appliquer la désignation de David Téniers le jeune, dési-
gnation que lui-même adopte sur ses œuvres.

Alphonse Wauters.
Archiviste de la ville de Uruxellei.

LETTRES FLORENTINES

LE MONUMENT ELEVE AU DUC SILVESTRO CAMERINI, ŒUVRE DE JEAN DUPRE

A M. Paul Leroi.

Le monument qui fait l'objet de ma lettre est digne de
l'homme que la ville de Padoue a voulu honorer en l'érigeant.
C'est une belle œuvre, conçue et exécutée par Dupré dans un
excellent esprit et un sentiment vraiment artiste. La statue du
duc Camerini, assise, domine le monument. Plus bas, à droite,
sous les traits d'une femme jeune et belle qui répand des fleurs
sur l'urne funéraire du duc, est représentée la Reconnaissance.
A gauche, un groupe de deux figures, une femme et un adoles-
cent; la femme, debout, tend au jeune homme qui se dresse, à
peine reposé, une bourse, récompense du travail auquel, on le
devine, il se livrait encore il n'y a qu'un instant; il se lève à
l'approche de sa bienfaitrice et lui baise la main. Ces deux
ligures expriment une seule et même pensée : les bienfaits du
travail. L'ensemble du monument se rattache du reste tout
entier à cette pensée, à ce sentiment ; il proclame qu'il a été
élevé au duc comme un hommage de reconnaissance, que
celui-ci méritait plus que tout autre, pour s'être montré bien-
faisant surtout envers les travailleurs.

Mais, demanderez-vous, quel était ce duc Camerini? Et je
m'empresse de répondre brièvement à cette question, afin de
vous faire mieux comprendre la portée de ce mçnument.

Silvestro Camerini, né à Castelbolognese, appartenait à
une famille d'abord très-favorisée ue la fortune, mais bientôt
ruinée, ou peu s'en faut, par des entreprises agricoles qui
avaient assez mal réussi au père de Silvestro. Le père mourut
jeune encore, laissant une veuve et trois fils. Le dernier de ces
fils devait, par sa richesse et sa noblesse, relever la famille. Tous
les trois du reste songèrent de bonne heure à se foire une posi-
tion, et Silvestro n'avait pas quinze ans qu'il se faisait conduc-
teur de bétail pour le transport de divers produits de la
Romagne. Bientôt après il se fixait à Ferrare, centre plus favo-
rable à son commerce. Et lorsque, vers la fin du siècle dernier,
de vastes travaux hydrographiques furent entrepris dans cette
partie de notre pays que traversent le Pô, l'Adige, etc., Camerini
y trouva de nouvelles occasions de déployer son activité et de
nouvelles sources de gain. Dès le début, il est placé à la tete
d'une escouade d'ouvriers chargée de diriger les charrettes affec-
tées au transport des terres et des matériaux. 11 ne tarde pas à
conquérir l'estime et la sympathie de ses supérieurs ; il se fait

aimer de ses subordonnés ; grâce à ses épargnes, — car il s'était
restreint au strict nécessaire et sa vie rigoureusement ordonnée
n'admettait pas le moindre superflu, — il est en mesure de
prendre part à quelques adjudications, peu importantes natu-
rellement dans le principe, mais de plus en plus considérables,
jusqu'à ce que, petit à petit, le voilà un des plus puissants entre-
preneurs de travaux, un de ceux qui, à 'force de soin, d'éco-
nomie et de calcul, réalisent le plus légitimement les plus grands
bénéfices.

A ce propos, permettez-moi de vous raconter une anecdote
qui suffit à peindre la noblesse, la générosité, l'élévation de son
âme, toujours la même dans l'opulence comme dans la pauvreté,
et qui rattache à merveille les premières années de son rude
labeur aux années de richesse et de splendeur, établissant un
lien admirable de dignité, de modestie et de bonté entre l'époque
où il gagnait son pain au jour le jour, à la sueur de son front, et
celle où, disposant de millions, le duc se souvenait de l'ouvrier.

Un jour, à l'heure du déjeuner, le travail ayant cessé,
Camerini entre dans une cantine où il avait l'habitude de
prendre un morceau de pain et un verre de vin. Ce jour-là, par
malheur, il n'avait pas d'argent. « Je te payerai demain », dit-il au
cantinier. Celui-ci, brutal et sans égards, riposte en ces termes :
« Qui ne paye pas, ne mange pas. Va pour aujourd'hui, mais
c'est la dernière fois. Dorénavant, pas d'argent pas de croûte. »
Et non content de cet avertissement, il accable l'ouvrier de
paroles grossières. Camerini renouvelle sa promesse et lui
rappelle tranquillement que c'est la première fois qu'il se voit
obligé de remettie au lendemain le payement de ses modestes
consommations. Le hasard avait amené dans la cantine un sei-
gneur du voisinage, qui s'y était arrêté pour déjeuner, au milieu
d'une partie de chasse. L'étranger avait entendu ce dialogue. La
physionomie honnête de Camerini l'avait frappé. Il s'avance,
dépose sur le comptoir une pièce d'or, dit au cabaretier de rete-
nir le prix du déjeuner de l'ouvrier, et, prenant le reste, une
petite somme encore assez rondelette, il le met dans la main de
Camerini en lui disant : « Gardez cela en prévision de quelque
mésaventure pareille, afin que vous ne soyez plus exposé aux
gros mots de qui que ce soit. » Camerini, confus, voulait refuser et
protestait. Mais l'autre insiste : « Prenez, je vous prie. Cela ne
 
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