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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Tardieu, Charles: Le salon de Paris 1877, [3]: le paysage
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0072

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54 L'ART

l'autre, et c'est à peine si vous retrouverez le motif unique qui pourtant les aura tous les deux
inspirés.

Quand tout change pour toi, la nature est la même
Et le même soleil se lève, sur tes jours,

a dit Lamartine. Mais ce même soleil qui se levait sur le poëte du Vallon, et dont la splendeur
immuable lui faisait oublier les agitations de son cœur et les vicissitudes de la vie, ce même
soleil ne tient pas à tous le même langage, et les paroles qu'il adresse à tel de ses adorateurs
sont à peine soupçonnées du voisin. La nature est la même, elle est immuable elle aussi dans sa
prodigieuse diversité, mais la personnalité de l'interprétation joue un si grand rôle dans le
paysage qu'il nous est plus facile de baptiser d'un nom d'artiste les spectacles qu'elle nous pro-
digue, les points de vue qui nous apparaissent dans la campagne, que de citer le nom du lieu,
si reconnaissable qu'il puisse être, devant l'œuvre de l'interprète.

Le paysage est à la peinture ce que la symphonie est à la musique, le moins objectif des

La Rivière de Lézardrieu (Côtes-du-Nord).
Fac-similé d'un dessin de Léon Gaucherel, d'après le tableau d'Alexandre Ségé. (Salon de 1877.)

arts sans qu'il y paraisse, celui qui exige le plus impérieusement l'expression individuelle du
sentiment intime. De tous temps les grands paysagistes, même les plus véridiques, ont été non
pas seulement d'habiles copistes des dehors de la réalité, mais de grands créateurs, de grands
lyriques, et si le paysage décline, — car on serait fort embarrassé de soutenir qu'il garde le
rang que lui assignèrent avec tant d'éclat les maîtres de l'école de 1830, — cela tient simplement
à ce que le lyrisme s'en va pour faire place à une virtuosité d'imitation peut-être plus précise,
mais aussi plus froide et plus sèche.

Le hasard a voulu qu'un artiste éminent, qui aurait pu devenir un maître paysagiste s'il
n'avait préféré donner à sa rêverie des formes féminines toujours poétiques, mais vagues,
flottantes, aussi impondérables que les brouillards de Corot, envoyât au Salon une sorte d'allé-
gorie élégiaque de cette décadence du lyrisme dans le paysage. La Muse des bois de M. Hébert
n'a en effet aucune parenté avec cette « Muse des bois et des accords champêtres » qu'ont
chantée nos pères. Elle ne personnifie pas davantage cette « mélodie de la forêt » qui a valu
 
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