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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Clédat, L.: L' exposition rétrospective de Lyon, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0125

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L'EXPOSITION RETROSPECTIVE DE LYON.

9J

Rurgos. » Quelle que soit la valeur de cette indication d'origine,
il est certain que ces vêtements peuvent se passer d'une recom-
mandation de ce genre, et qu'ils offrent en eux-mêmes un suffi-
sant intérêt. C'est un travail espagnol du commencement du
xvic siècle. Il y a des parties ajoutées postérieurement, notam-
ment les tètes de lions qui portent des armes suspendues à leur
gueule, et les orfrois des manches de la dalmatique. Le principal
sujet brode' sur la croix de la chasuble représente le Christ en
croix, avec le Saint-Esprit sous forme de colombe, au-dessus de
sa tète, et plus haut encore Dieu le père. Trois anges recueillent
le sang qui coule du côté du Christ, de ses mains et de ses
pieds.

N° 452. Chasuble du xvi° siècle, en velours rouge. Au
centre de la croix est un sujet brodé représentant le couronne-
ment de la Vierge. La tète de la Vierge est d'un beau caractère.

N° 467. Chape en velours rouge contrctaillé, broché et
bouclé d'or. Le chaperon, dont le dessin est très-effacé, repré-
sente la Nativité.

Le n° 276, fort curieux et unique dans son genre, est une
chasuble en velours de Gènes, achetée récemment en Angle-
terre. La broderie est un travail anglais du xv° siècle. La croix
porte, entre autres ornements, la jarretière avec l'inscription :
« Honni soit qui mal y pense. »

Une série des plus intéressantes, et sur laquelle je crois
devoir appeler particulièrement votre attention, est celle des
étoffés du xv" siècle à sujets brodés en relief. C'est de la vérita-
ble sculpture en broderie, et qui offre tous les caractères de la
sculpture en bois de la même époque. J'indiquerai, dans cette
série, la chasuble portant le n" 277. Les broderies en relief de la
croix, d'un dessin très-grossier d'ailleurs, représentent le Christ
en croix, et au bas le groupe des saintes femmes. Le n" 266 est
une chasuble de velours rouge et en or. C'est encore le Christ
en croix qui est brodé en relief sur l'orfroi, et au-dessous saint
Paul. Sur la chasuble n° 267 le sujet principal change : c'est la
Vierge tenant l'Enfant. Je dois citer aussi le n° 297, qui est un
chaperon de chape représentant la Présentation au temple.

Après avoir parcouru la collection des vêtements sacerdo-
taux, nous arrivons aux pièces isolées, aux devants d'autel et au-
tres ornements d'église. Nous nous arrêterons d'abord au
n° 264 : une bande d'étoffe qui a dû faire partie d'une chasuble.
Le caractère plein d'expression des figures d'anges aux grands
veux indique un travail italien du commencement du xiv" siècle.

Le n" 224 mérite une description détaillée : un grand devant
d'autel rectangulaire en velours vert brodé or et soie, travail du
xvr= siècle. Trois grands sujets y sont figurés : le premier à gau-
che représente la Prédication de saint Jean : « Erat Joanncs in
deserto predicans baptismum penitcntiie », dit une inscription
brodée au bas. Le sujet central est le Baptême du Christ, et le
sujet à droite la Décollation de saint Jean. Entre le tableau à
gauche et le tableau central, dans un cartouche ovale est repré-
senté saint Pierre, et de l'autre côté, en pendant, saint Paul. Au-
dessus du sujet central une ligure énergique de Dieu le père. La
large bordure qui entoure le devant d'autel est également cou-
verte de sujets à ligures sépares par d'élégants rinceaux. La partie
supérieure contient cinq petits sujets religieux dans des cartou-
ches carrés, au centre la Vierge et l'Enfant. Dans les bordures
latérales sont représentées : en bas, d'un côté la Visitation, de
l'autre la Naissance de saint Jean, et, en haut, des deux côtés, de
petits paysages, sans personnages, placés dans des cartouches
rectangulaires. Les sujets principaux sont d'un très-grand style.
Je signalerai surtout la Prédication de saint Jean, qui est d'une
parfaite unité de composition, et où tous les détails sont ingé-
nieusement étudiés et traités. La tète du saint Jean est très-
belle, le groupe, très-varié, des auditeurs offre une étude de
tètes attentives fort intéressante, et le groupe du Christ repré-
senté arrivant avec ses deux disciples et surprenant cette scène
de prédication est admirablement conçu. J'aime moins le Bap-
tême du Christ : la pose de saint Jean y rappelle celle du Neptune

de la fontaine Trevi, et celle du Christ n'est pas plus heureuse.
La Décollation est également inférieure à la Prédication.

Le n° 268 est une longue bande de retable brodée or et soie.
Nous descendons ici au xv° siècle. Il y a toute une suite de petits
sujets représentés : d'abord la Cène (la moitié de ce sujet man-
que, la bande n'étant plus entière), puis le Christ au mont des
Oliviers, avec les trois disciples endormis, le Baiser de Judas,
avec saint Pierre coupant l'oreille du soldat, Jésus portant sa
croix et rencontrant sa mère, la Crucifixion, la Résurrection, etc.
Les figures ont malheureusement beaucoup souffert et ont subi
des retouches grossières : car les broderies ne sont pas plus à
l'abri que les tableaux et les statues des injures successives et du
temps et des hommes. On voit encore cependant que les drape-
ries et les attitudes sont dessinées avec le plus grand art, et on y
sent quelque chose de l'influence de Giotto. C'est évidemment,
d'ailleurs, un travail italien.

Il nous reste à parler de plusieurs pièces capitales, vérita-
bles tableaux exécutés en broderie, où la figure n'est plus ré-
duite au rôle effacé de décoration, mais est traitée pour elle-
même et en vue d'elle-même. Il faut citer en première ligne le
n" 466 : un petit tableau en broderie, de l'époque de la Renais-
sance, dont le sujet est VEcce Homo. Il a environ 16 centimètres
sur 14. La finesse et la délicatesse de l'exécution dépassent tout
ce que l'on peut imaginer de plus parfait. Merveille de patience
et de dextérité, c'est aussi une œuvre d'art de la plus grande
valeur. La tète du Christ est de toute beauté, et celle de l'homme
placé à sa gauche, qui cherche à saisir, par-dessus son épaule, les
mouvements de sa physionomie, est admirablement conçue.

Avec le n° 483 nous retrouvons un style plus réaliste et plus
voisin de nous, dans un petit panneau en broderie au point de
Hongrie, qui représente les trois Parques. Il est du xvnc siècle.
Un autre travail, qui est aussi du xvii" siècle, mais qui se rappro-
che davantage par le style de VEcce Homo dont nous avons
parlé en premier lieu, est inscrit sous le n" 4(^5. C'est un corpo-
ralier signé Pierre Vigier, 1621. Il comprend trois sujets: à gau-
che un saint Jean l'évangéliste, à droite un saint François d'Assise
recevant les stigmates ; le sujet central, qui est le plus impor-
tant, représente aussi VEcce Homo. Mais il y a un plus grand
nombre de figures que dans le n" 466, notamment tout un
groupe de spectateurs vociférant, dont l'attitude est expliquée
par l'inscription suivante placée au-dessus de leurs tètes : Toile,
toile, crucifiée. Ce corporalier appartient au musée de la ville de
Lvon.

Le n" 469 est un triptyque en broderie or et soie avec par-
ties peintes. Le tableau central représente la Vierge portant
l'Enfant Jésus. A droite et à gauche un chevalier et une dame se
tiennent agenouillés. Le travail est de la première moitié du
xvi° siècle. Les figures sont d'une très-grande simplicité et d'un
beau caractère. Je signalerai surtout la tète du chevalier.

Nous dirons quelques mots, en terminant, de plusieurs
étoiles brodées du xviii" siècle, qui ne sont pas le moindre attrait
de cette exposition si complète. On est frappé, ébloui presque,
en entrant dans la première salle du second étage, par une ma-
gnifique broderie sur tulle, avec fond de satin bleu, qui porte le
n"474, et qui appartient à MM. Lamy et Giraud. C'est un tra-
vail lyonnais de l'époque du Directoire. Le panneau est divisé
en deux parties égales par une élégante ligne de roses. Les guir-
landes de fleurs, le nid central, les oiseaux, tous les ornements
sont d'un éclat incomparable. Il faut remarquer toutefois que le
dessin, qui vise à la légèreté, arrive presque, quant à l'ensemble,
à l'effet opposé, par suite de la trop grande ténuité des attaches
et des supports. Mais les détails sont d'une finesse et d'une grâce
exquises, et l'impression générale est délicieuse.

Les nns 355 et 334, dessinés par Philippe de la Salle, ont
plus de grandeur sans avoir moins d'éclat, mais dans un autre
ton. L'un (le n° 334) est une grande pièce de satin blanc, brodée
au crochet. L'autre est une portière, également à fond de satin
blanc, broché chenilles et soies de couleur. Une étoffe semblable,
 
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