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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Qui a signé David Teniers Junior
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0147

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QUI A SIGNÉ DAVID TE NI ERS JUNIOR

Nul n'ignore combien de fois les homonymies ou ressem-
blances de noms, si communes dans l'histoire de l'art flamand,
ont de'routé, embarrasse' les chercheurs, les biographes. L'usage
de donner à l'enfant nouveau-né le nom du père était touchant,
sans doute, mais il en est résulté que les actions et les œuvres de
l'un et de l'autre ont été souvent confondues. Faute de posséder
sur les artistes d'une même famille des données suffisantes, on
s est fréquemment trompé en parlant d'eux.

Peu de lignées, autant que celle des Téniers, ont donné lieu
à des erreurs, parce qu'elle a produit successivement trois pein-
tres s'appelant tous trois David. Entre le premier et le deuxième
la distinction est bien établie ; après avoir éclairci leur biogra-
phie, on a énuméré et décrit leurs tableaux. II n'en est pas de
même du troisième. Si l'on est parvenu à reconstituer sa biogra-
phie, on n'a pas encore parlé des productions de son pinceau ou
de son crayon. On n'en connaît aucune, si l'on s'en rapporte à
M. Vermoelen, le dernier biographe de Téniers II, Téniers le
célèbre, ou à M. Alfred Michiels. « On n'a signalé, dit ce dernier
dans la seconde édition de l'Histoire de la peinture flamande,
aucune peinture de David Téniers le jeune, par le motif péremp-
toire que l'on ignorait même son existence. »

Avant d'aller plus loin, résumons rapidement quelques faits
actuellement bien établis. David Téniers, qui a illustré par le
séjour qu'il y fit le petit manoir de Dry Toren, à Perck, près
de Vilvorde, entre Bruxelles et Malines, est réellement mort,
comme Descamps l'a dit, dans les premiers mois de 1690, à l'âge
de quatre-vingts ans. L'aîné des fils qu'il eut de son premier
mariage reçut le même nom que lui. Baptisé à Anvers le
io juillet 1638, ce fils se maria, le 4 août 1671, à Anne-Marie
Bonarens et mourut le 10 février 1685, cinq années avant son
père. Il fut enterré dans l'église de Coudenberg, à Bruxelles,
qui depuis a été reconstruite. Sa veuve épousa en secondes noces
le greffier du pays de Termonde, Jean-Balthasar Van Goethem,
et la postérité des Téniers abandonna complètement l'exercice
de l'art de la peinture, se dispersa et s'éteignit.

David III, quoique gentilhomme du train de l'artillerie,
aida Téniers dans ses travaux et en exécuta d'autres pour son
compte. « Son père, dit M. Michiels, l'envoya en Espagne com-
pléter ses études et, selon toute apparence, nouer des relations
avec la haute société. Philippe IV ne tarda pas à lui fournir
l'occasion de prouver son mérite et, quand il eut quitté la pénin-
sule, lui demanda encore des travaux. » Plus loin, le même
auteur ajoute : « David le troisième avait pour protecteurs les
plus grands personnages, comme don Gaspar Del Vaus et la
comtesse de Monterey, femme du gouverneur des Pays-Bas. La
noblesse le tenait en si haute estime qu'elle l'employa souvent à
peindre des portraits. » On sait, par un témoignage irrécusable,
qu'il fit celui du marquis del Pico y Velasco- On connaît égale-
ment le nom de ses élèves. Ils furent au nombre de cinq :
François Jochin, Louis Van de Venne, l'Espagnol Cascarillo.
protégé de la comtesse de Monterey, Jean Van Diest, qui fut plus
tard le peintre de la cour de Bruxelles, et un nommé Denis.
L'habitation du troisième Téniers existe encore à Bruxelles ;
elle se trouve rue Haute, à côté de la ruelle dite de la Porte-
Rouge, et il en a été publié une vue dans le Bjtlletin des commis-
sions d'art et d'archéologie, t. II

Lors de la mort de cet artiste, resté inconnu et dont la répu-
tation se perdit en quelque sorte dans celle de son père, les
journaux du temps et, dans le nombre, le Journal de Harlem

i- De Brou. Quelques notes concernant David Téniers le jeune, etc.

Wauters, Histoire des environs de Bruxelles, t. II, p. 70;.
?• Descamps, Voyage dans les Pays-Has. — Wauters, I. c, p. 754.
4. Renseignements dus à l'obligeance de M. le comte de Valencia.
{. Histoire citée, t. VII, p. 442.

(Haarlemsche Courant) du 22 mai 1685, annoncèrent la vente
prochaine des objets d'art délaissés par lui. Plusieurs productions
du défunt devaient y figurer, mais où les retrouver et comment
les reconnaître ? En voici le moyen. Il existe des tableaux et des
tapisseries signés David Téniers junior, et qui sont évidemment
du troisième Téniers.

Cette signature se retrouve :

i° Sur un tableau de l'église de Perck, placé sur l'autel de
droite et représentant Saint Dominique agenouillé devant la
Vierge et l'enfant Jésus. On y lit cette inscription : David
Téniers junior kecit 1666 2.

20 Sur un tableau de l'église de Boort-Meerbeek, entre
Malines et Louvain. Cette toile représente la Tentation de saint
Antoine et est signée absolument de la même manière que la
précédente3.

3° Sur des tapisseries appartenant à la maison ducale
d'Aremberg et où l'on voit le Temps enchaîné par l'Amour et,
plus haut, des amours ou petits génies soutenant un double
écusson aux armes des Aremberg et des Grana, avec la devise :
Hâc duce (sous la conduite de celle-ci, c'est-à-dire de la duchesse).
Cette tenture, qui a été fabriquée lors du mariage de l'héritier
de la maison d'Aremberg avec la fille du gouverneur général des
Pays-Bas, sort des ateliers de I. Leclerc et de George Peemans,
qui y ont placé leurs noms. De plus, par une particularité
curieuse et presque unique, on y lit le nom de l'artiste qui en
fournit le dessin. Chacune des pièces porte cette inscription
complémentaire :

D. Téniers

jun. pinxit 1683.

4° Sur une série de huit tapisseries appartenant au duc de
Medina-Celi, exécutées par Henri Reydams et J. Borcght (ou
Vander Borght), tapissiers de Bruxelles, et où on lit cette indi-
cation : David Téniers Junior pinxit 1680*.

Le troisième Téniers a donc aussi travaillé pour les tapis-
siers bruxellois, à l'imitation de son père, d'après lequel toute
une catégorie d'œuvres prit, comme on sait, le nom de Ténières,
parce qu'elles représentent des paysages, des fêtes champêtres,
des paysans, en un mot des scènes semblables à celles que le
deuxième David aimait à peindre. C'est au troisième seul, selon
toute apparence, que s'applique ce passage de l'abbé Dubos (cité
par Alfred Michiels3 : « On voit à Bruxelles, dans la galerie du
prince de la Tour, de grands tableaux d'histoire faits pour sen ir
de cartons à la tenture de tapisserie qui représente l'histoire des
Turiani de Lombardie dont descend la maison de la Tour-Taxis.
Les premiers tableaux sont de Téniers, qui fit achever les autres
par son fils. Rien n'est plus médiocre pour la composition et
l'expression. »

En 1669 et 1683, le célèbre Téniers avait cinquante-six ou
soixante-treize ans; il avait perdu son père depuis l'année 1649.
Il n'existait plus de motif pour lui de se qualifier de junior ou le
jeune. Pour son fils, au contraire, la nécessité d'établir une dis-
tinction entre son père et lui était impérieuse. Cette épithète
de junior, qui lui était parfaitement applicable puisque son père
et homonyme vivait encore et parce qu'il n'avait, en 1666, que
vingt-huit et en 168 5 que quarante-cinq ans, permettait de ne
pas confondre ses productions avec celles d'un artiste dont la
réputation était immense et qui en était probablement très-
jaloux. Aussi est-ce lui et non son père qui figure dans le registre
 
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