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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Leroi, Paul: Le salon de Paris 1877, [3]: aquarelles, dessins et gravures
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0248

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212

L'ART.

Portrait de M'"c ***; en M. Galbrund dont les deux portraits de femme ne sont pas d'égale
valeur, —le n° 2721 est d'un faire gras, large, bien artiste, tandis que le n" 2720 semble exécuté
d'après ce principe de coulée que M. Carolus Duran a érigé en système, triste système s'il en
fut ! — en M. Fantin-La-Tour qui demande au pastel des accents fantastiques pour traduire ses
Souvenirs de Bayreuth et sa passion wagnérienne ; en M. Feyen-Perrin surtout dont la Fleur de
mer réalise avec un grand charme la vierge rêvée par un poète aimé, M. Armand Silvestre :

L'algue frissonne encor parmi ta chevelure,
Et l'infini des flots emplit tes yeux d'azur,
O fille de la mer, dont le front noble et pur
Des seuls baisers du vent a connu la brûlure.

Mais le ciel vous préserve du pastel traité par M. Jules Émile Saintin ! Qu'il s'attaque au
Jeune Nino G..., ou à M"'' Reichemberg, dans le rôle de Suzel de l'Ami Frit\, il leur prodigue
une telle dose d'affectation que c'est à en être énervé et surtout à ne lui pardonner jamais de
travestir de la sorte l'adorable ingénue de la Comédie-Française.

Le fusain a de très-beaux interprètes; l'un des premiers est sans conteste M. Léon Lher-
mitte dont le Portrait de M. Lhermitte père a réuni tous les suffrages ; — franc succès d'artistes
et d'amateurs; —le Portrait de M. E. Décades par M. Boetzel se recommande par une assez
heureuse attitude, mais quelles mains ! — il devrait être interdit de les massacrer ainsi ; — quant
à M. Maxime Lalanne, sa royauté demeure incontestée et son Bordeaux, pu du Chemin-du-
Rouquet, à Lormont, la justifie plus que jamais.

M. Pille continue à manier la plume, l'outil si cher à Charlet, avec une dextérité qui n'exclut
pas le caractère, témoin sa Famille Van der Stoop ; malgré tout son esprit, j'aime moins la
Retraite, il y règne un peu de confusion.

Un petit dessin qui méritait d'attirer davantage l'attention, c'est l'excellent portrait de Fétis,
le célèbre musicologue, par son compatriote M. Auguste Danse. Je n'en dirai pas autant des deux
crayons de M. Paul Flandrin dont je ne parlerais même pas s'il n'était grand temps de ne
laisser échapper aucune occasion de mettre en lumière ce qu'a produit renseignement tant vanté
de M. Ingres, en disant sincèrement ce que valent ses plus chers disciples ; ici, les seules mains
des deux portraits de M. Paul Flandrin suffisent à ce soin ; leur démonstration est telle qu'il y
aurait cruauté à insister davantage. Le dédain, je me trompe, le mépris que professent pour
l'école française du xviii" siècle, les ingristes, — cette vaniteuse collection de fruits secs, — et que
les œuvres les moins mauvaises de ces messieurs justifient si peu, impose le devoir de répéter
sans jamais se lasser l'impartial arrêt formulé par Théodore Pelloquet : « L'école que M. Ingres
a fondée est de celles où l'on passe pour savant sans avoir besoin de rien apprendre, où l'esprit
d'imitation remplace les véritables études, les études sérieuses.

« Les peintres de la fin du xvm0 siècle, où notre école nationale était en pleine décadence,
où la pratique envahissait tous les ateliers, étaient en réalité des artistes laborieux, pleins de
conscience et de respect pour la nature, si on les compare aux plus grands ingristes. »

Ces vérités désormais indiscutables, tout artiste animé d'une foi profonde, d'un respect pas-
sionné pour son art, devrait les inscrire aux murs de son atelier, afin de les avoir sans cesse sous
les yeux, salutaire préservatif contre le culte des faux dieux1.

Paul Leroi.

(La fin prochainement.)

1. L'abondance des matières nous oblige à ajourner à huitaine la fin de l'étude de notre collaborateur. [Note delà Rédaction.)
 
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