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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Le Men, René-François-Laurent: La confrérie des maîtres ès arts dans lévèché de Léon, en Bretagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0315

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LA CONFRÉRIE DES MAITRES ÈS ARTS.

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l'année 16181 et qui se compose de la liste générale des maîtres ès arts faisant partie de la
confrérie, d'actes de réception de nouveaux maîtres et d'ordres du jour indiquant, avec l'époque
et le lieu où devaient se réunir les confrères, soit en assemblée générale, soit pour assister aux
services des membres décédés dans l'année, les noms des orateurs qui devaient prononcer des
discours dans ces réunions.

Le bureau de la confrérie des maîtres ès arts se composait d'un président (abbas), d'un
procureur, d'un secrétaire (scriba), d'un greffier (bidellus) et d'un trésorier. Elle comprenait, avant
1618, cent vingt-trois membres, dont soixante-dix-neuf appartenaient au clergé, vingt-sept à la
noblesse, trois à la magistrature et quatorze au tiers-état. De 1618 à 1623, cinquante-deux nou-
veaux membres furent admis dans la Société sur la présentation d'anciens confrères.

Et qu'on ne s'imagine pas qu'il y eût quelque rapport entre la qualification de maître ès arts,
que prenait chaque membre de cette société, et le titre que l'on obtenait après avoir subi avec
succès des examens sur certaines parties de la philosophie ; car à côté de docteurs de Sorbonne,
d'archidiacres et de chanoines de Léon et du Folgoat, on voit figurer dans la liste des membres,
non-seulement les principaux représentants de la noblesse de l'évêché de Léon, mais encore
quatorze artisans, parmi lesquels ressortent le nom du peintre verrier Alain Cap (Magister
Alanus Cap), et celui d'un autre peintre moins connu, Jean Bouricquen {Magister Johannes
Bourricquen, pictor).

Tous ceux qui se sont occupés de l'histoire de l'art en Bretagne connaissent le nom d'Alain
Cap. C'était un peintre verrier d'un réel talent et dont le mérite a été constaté par son contem-
porain, le Père Cyrille Le Pennée2. Il appartenait à une famille de verriers, dont un membre,
Charles Cap, travaillait à Morlaix un siècle avant Alain.

Jean Bouricquen qui, si je ne me trompe, n'a pas encore été signalé, habitait Saint-Pol-de-
Léon. 11 y avait dans cette ville, à la fin du xvic siècle, trois peintres verriers de ce nom : Jan
Bouricquen, le vieil, père d'un autre Jan Bouricquen, dit le jeune, et Hervé Bouricquen3. De 1587
à iôyo, ces peintres verriers exécutèrent différents travaux dans la cathédrale de Saint-Pol. Celui
qui faisait partie de la confrérie des arts, vers 1618, devait être Jean Bouricquen le jeune.

Cette confrérie, qui s'intitule elle-même, dans un de ses actes : Aima Societas magistrorum
in artibus, et qui prendrait aujourd'hui le nom d'Académie des beaux-arts, avait des statuts que je
n'ai pu retrouver ; mais il ressort clairement du titre qu'elle s'était donné, aussi bien que des
éléments qui la composaient, que le but de sa création était d'encourager et de faire prospérer
les arts libéraux dans la sphère d'action qu'elle s'était tracée.

J'ai déjà dit que j'ignorais à quelle époque fut établie la confrérie des arts. Je suis très-porté
à penser qu'elle existait depuis une époque antérieure au xvne siècle ; mais si cette conjecture
n'était pas fondée, il faudrait cependant considérer son établissement comme une conséquence de
traditions artistiques encore vivantes du moyen âge, car on admettra difficilement qu'une associa-
tion semblable se fût formée tout d'un coup et presque au lendemain des misères et des horreurs
de la Ligue, si elle n'avait pas eu de profondes attaches dans le passé4.

r. Voici le titre qui se trouve en tête de cette liste : Nomina, cognomina et tituli honoris Magistrorum confraternitatis in artibus vita
fruentium, et prœdictam confraternitatem fideliter colentium.

2. Dans son Pèlerinage à l'église de Notre-Dame du Folgoat, publié dans l'édition des Vies des saints de Bretagne, d'Albert Le Grand,
par M. de Kerdanet, page iO}.

Alain Cap, né à Lesneven le u novembre 1578, d'après M. de Kerdanet, mourut dans cette ville le 4 avril 1644. D'après cet écrivain, ce
peintre aurait « fait tous les vitraux des principales églises des diocèses de Léon et de Cornouailles ». ii y a là une exagération qu'il est inutile
de réfuter. Avant Alain Cap, il y avait dans toutes les villes de Bretagne des peintres verriers, dont quelques-uns étaient excellents.

}. M. A. de Barthélémy a mentionné quelques peintres verriers de cette famille, dans le premier volume du Bulletin de l'Association bre-
tonne, pages 225 et 280.

4. Cette intéressante notice est extraite d'une Monographie de la cathédrale de Quimper, par R. F. Le Men, 1 vol. in-8°, actuellement
sous presse ; elle fait partie du chapitre XXV, intitulé : Les Maîtres de l'œuvre, les devis et les marchés.

R. F. Le Men.
 
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