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De Reul, Xavier: L' oeuvre de Rubens en Belgique, [2]
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0347
302 L'ART.
habite, et non-seulement il en subit les influences, il devient aussi l'héritier des aptitudes qui
sont comme le patrimoine de sa race et se transmettent par continuité, à l'état de tendance ou
de seconde nature, dans des circonstances favorables. Tel fut Rubens, — non pas un phénomène,
mais un épanouissement de trois siècles d'efforts sur la terre flamande, une brillante efflorescence,
un germe fécondé par le contact des grands hommes et la culture des grandes choses.
Que le germe fût resté en ferment sans son séjour en Italie, le fait ne paraît pas douteux.
Venise, Florence et Rome en le développant favorisèrent son éclosion. Mais ce que le grand
peintre apprit, ce qu'il s'attribua des trois écoles disparaît et se fond dans sa puissante individua-
lité. Alors même qu'elle les imite, sa poétique les contredit. La Renaissance, à l'instar des Grecs,
embellissait la forme, il embellit l'aspect. Sa logique est la réalité, sa forme est celle de la nature,
son idéal est le beau pittoresque. Il eut cet admirable don de réveiller par le spectacle de ses
œuvres la perception des choses qu'il avait observées dans la nature et de communiquer aux
autres l'émotion dont lui-même était pénétré.
L'influence de Rubens dans les Pays-Bas fut énorme et s'exerça sur toutes les parties de l'art.
Par la diversité de son génie, par sa fécondité, il compta parmi ses élèves les coryphées de tous
les genres. On en connaît les principaux : Van Dyck, Jordaens, Snyders, Van Egmont, Soutman,
Érasme Quellyn, Jean Van Hoek, Van Thulden et bien d'autres. Si le germe s'éteignit avec eux,
c'est que Rubens ne pouvait leur donner sa puissance créatrice. Mais il eut cette gloire immense
de donner pour chef à l'école l'un des hommes de génie les plus étonnants parmi ceux qui
marquent un jalon clans l'histoire de l'intelligence.
Xavier de Reul.
Cul-de-lampe tiré de l' « Orthographia » de Joh. Daniel Preisler
publiée par Joh. Christoph Weigel.
habite, et non-seulement il en subit les influences, il devient aussi l'héritier des aptitudes qui
sont comme le patrimoine de sa race et se transmettent par continuité, à l'état de tendance ou
de seconde nature, dans des circonstances favorables. Tel fut Rubens, — non pas un phénomène,
mais un épanouissement de trois siècles d'efforts sur la terre flamande, une brillante efflorescence,
un germe fécondé par le contact des grands hommes et la culture des grandes choses.
Que le germe fût resté en ferment sans son séjour en Italie, le fait ne paraît pas douteux.
Venise, Florence et Rome en le développant favorisèrent son éclosion. Mais ce que le grand
peintre apprit, ce qu'il s'attribua des trois écoles disparaît et se fond dans sa puissante individua-
lité. Alors même qu'elle les imite, sa poétique les contredit. La Renaissance, à l'instar des Grecs,
embellissait la forme, il embellit l'aspect. Sa logique est la réalité, sa forme est celle de la nature,
son idéal est le beau pittoresque. Il eut cet admirable don de réveiller par le spectacle de ses
œuvres la perception des choses qu'il avait observées dans la nature et de communiquer aux
autres l'émotion dont lui-même était pénétré.
L'influence de Rubens dans les Pays-Bas fut énorme et s'exerça sur toutes les parties de l'art.
Par la diversité de son génie, par sa fécondité, il compta parmi ses élèves les coryphées de tous
les genres. On en connaît les principaux : Van Dyck, Jordaens, Snyders, Van Egmont, Soutman,
Érasme Quellyn, Jean Van Hoek, Van Thulden et bien d'autres. Si le germe s'éteignit avec eux,
c'est que Rubens ne pouvait leur donner sa puissance créatrice. Mais il eut cette gloire immense
de donner pour chef à l'école l'un des hommes de génie les plus étonnants parmi ceux qui
marquent un jalon clans l'histoire de l'intelligence.
Xavier de Reul.
Cul-de-lampe tiré de l' « Orthographia » de Joh. Daniel Preisler
publiée par Joh. Christoph Weigel.