LETTRE DE BRUXELLES. i3î
Les artistes belges sont également dans une très-bonne voie, et les plus estimés d'entre eux
ont fait encore cette année de notables progrès.
M. Huberti avait différents envois très-heureux, notamment un Cadre contenant six rues
prises dans les environs de Bruxelles et dans le Condro\, parmi lesquelles il faut remarquer une
aquarelle oblongue gaillardement enlevée et d'un beau ton.
Une Vue de la Campine, du même artiste, est bien choisie, et si les premiers plans manquent
un peu de solidité, la tonalité générale en est vigoureuse et très-réelle d'aspect. Le Chemin du
village ne mérite pas le même éloge ; les arbres sont d'un vert criard et lourdement exécutés.
De M. Pecquereau, la Tour rouge à Wimpfen, d'une jolie couleur; les toits rouges enso-
leillés et les verts brillants des arbres font une note très-gaie qui éclate sur le ciel bleu ; c'est
Garde use de vaches.
Fac-similé d'un dessin de A. Mauve, d'après son aquarelle. (18" exposition annuelle de la Société royale belge des aquarellistes.)
très-vif d'allure et plein d'entrain et de brio. Du même artiste, quatre petites aquarelles argen-
tines d'une grande finesse de ton, sous ce titre : Souvenir de Blankenberghe.
Un grand Suisse d'église, de M. E. Wauters, étale orgueilleusement sa bonne figure niaise et
bouffie de vanité. Ce suisse en costume d'apparat, appuyé sur sa hallebarde, semble pénétré de
l'importance de ses fonctions. Ce n'est peut-être pas là une œuvre aussi sérieuse qu'on l'eût
désirée, surtout de M. Wauters ; c'est plus de l'esprit que de l'art, et ce n'est pas précisément la
faute du « fonctionnaire » dont la solennité a tenté l'artiste. La tête est surtout très-étudiée et
pleine d'une expression prétentieuse bien rendue, sans charge.
Une pochade de M. Hermans donne lieu à la même réflexion que l'aquarelle précédente.
C'est vif, amusant, spirituel, mais un peu futile de la part de l'auteur de : A l'Aube ', le grand
succès du Salon de 187^. Néanmoins, cette petite scène, intitulée : Un Carnaval, est gaie et
lestement faite. Un masque dépenaillé, abrité sous un mauvais parapluie, envoie des baisers à
deux jeunes filles qui reculent avec un geste effrayé très-naturel ; au seuil d'une porte voisine une
bonne coquette assiste en souriant à cette scène.
1. Voir l'Art, v année, tome III, page 152.
Les artistes belges sont également dans une très-bonne voie, et les plus estimés d'entre eux
ont fait encore cette année de notables progrès.
M. Huberti avait différents envois très-heureux, notamment un Cadre contenant six rues
prises dans les environs de Bruxelles et dans le Condro\, parmi lesquelles il faut remarquer une
aquarelle oblongue gaillardement enlevée et d'un beau ton.
Une Vue de la Campine, du même artiste, est bien choisie, et si les premiers plans manquent
un peu de solidité, la tonalité générale en est vigoureuse et très-réelle d'aspect. Le Chemin du
village ne mérite pas le même éloge ; les arbres sont d'un vert criard et lourdement exécutés.
De M. Pecquereau, la Tour rouge à Wimpfen, d'une jolie couleur; les toits rouges enso-
leillés et les verts brillants des arbres font une note très-gaie qui éclate sur le ciel bleu ; c'est
Garde use de vaches.
Fac-similé d'un dessin de A. Mauve, d'après son aquarelle. (18" exposition annuelle de la Société royale belge des aquarellistes.)
très-vif d'allure et plein d'entrain et de brio. Du même artiste, quatre petites aquarelles argen-
tines d'une grande finesse de ton, sous ce titre : Souvenir de Blankenberghe.
Un grand Suisse d'église, de M. E. Wauters, étale orgueilleusement sa bonne figure niaise et
bouffie de vanité. Ce suisse en costume d'apparat, appuyé sur sa hallebarde, semble pénétré de
l'importance de ses fonctions. Ce n'est peut-être pas là une œuvre aussi sérieuse qu'on l'eût
désirée, surtout de M. Wauters ; c'est plus de l'esprit que de l'art, et ce n'est pas précisément la
faute du « fonctionnaire » dont la solennité a tenté l'artiste. La tête est surtout très-étudiée et
pleine d'une expression prétentieuse bien rendue, sans charge.
Une pochade de M. Hermans donne lieu à la même réflexion que l'aquarelle précédente.
C'est vif, amusant, spirituel, mais un peu futile de la part de l'auteur de : A l'Aube ', le grand
succès du Salon de 187^. Néanmoins, cette petite scène, intitulée : Un Carnaval, est gaie et
lestement faite. Un masque dépenaillé, abrité sous un mauvais parapluie, envoie des baisers à
deux jeunes filles qui reculent avec un geste effrayé très-naturel ; au seuil d'une porte voisine une
bonne coquette assiste en souriant à cette scène.
1. Voir l'Art, v année, tome III, page 152.