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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 3)

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Guiffrey, Jules: Lettres inédites d'Eugène Delacroix
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https://doi.org/10.11588/diglit.16906#0382

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LETTRES INÉDITES D'EUGÈNE DELACROIX. 333

suffisait pour raviver. Les différentes lettres écrites par Dela-
croix, de 1829 aux dernières années de sa vie, prouvent assez la
nature de ces relations. Nous avons dû les séparer pour laisser
chacune d'elles à sa place chronologique. Si quelques-unes, celle

Adresse au dos: « Monsieur, Monsieur de Cailleux, sous-di-
recteur des musées royaux, au Louvre. »

A côté de l'adresse se trouve cette note : « Alophe, rue de
Valois, n° 2. »

qui suit notamment, n'offrent pas un grand intérêt, nous avons En tète de la lettre, marquée d'un timbre sec aux lettres

cependant cru devoir les reproduire comme un témoignage des
sympathies et des anciens rapports d'amitié qui unissaient les
deux artistes. Ces circonstances expliquent la libre franchise
avec laquelle Delacroix se prononce sur certains sujets délicats.

II

« Mon cher Colin 1,

« Voulez-vous m'excuser si je suis obligé de me priver du
plaisir de dîner avec vous demain. Mon neveu part vendredi
pour un très-long voyage, et cela plus tôt qu'il ne pensait. Cela
me retiendra de manière à m'empècher de profiter de votre
bonne invitation.

« A mon retour de la campagne, j'irai vous demander à voir
les études que vous avez faites en Ecosse puisque vous voilà
établi.

« Adieu et mille amitiés.

« Eue Delacroix. »

Cette lettre porte au dos l'adresse : « Monsieur Colin, rue
d'Enfer, n° 53 », et un timbre de la poste où on lit la date sui-
vante : « 24 septembre 1829. »

La lettre suivante est relative à ce fameux Saint Sébastien
exposé seul en 1836, acquis par l'État au prix de 3,000 francs,
donné à l'église de Nantua et vendu par la fabrique de l'Église,
en 1869, contre la somme de 23,000 francs. On n'a pas oublié le
procès que provoqua cet acte de vandalisme. Le monde des arts
tout entier s'y intéressa.

J'ignore si la lithographie dont il est ici question fut exé-
cutée, mais j'en doute, car M. Moreau, dans son excellent cata-
logue de l'œuvre de Delacroix ne la cite pas. Il n'a connu que
deux reproductions du Saint Sébastien, toutes deux à l'eau-forte
(v. page 96 de son catalogue), l'une par Salmon, l'autre exécutée
en 1859, par L. Flameng, pour la Galette des Beaux-Arts.

III

« Monsieur -,

« Je vous serais bien reconnaissant s'il vous était possible
de faire mettre momentanément mon tableau de Saint Sébas-
tien dans un lieu où il pût être dessiné par M. Alophe qui vous
remettra cette lettre. Si cette demande n'était pas trop indis-
crète, dans le moment où vous devez avoir tout l'embarras du
déplacement des tableaux, je vous aurai une grande obligation
de cette permission.

« J'ai l'honneur d'être, avec une haute considération,
monsieur,

« Votre très-obéissant serviteur. »

« Eug. Delacroix. »

« Le 5 mars 1836.
[La fin prochainement.)

E. D., on lit: « Accordé. »

Voici une note bien insignifiante et qui ne mériterait pas la
peine d'être citée, si elle ne rappelait le souvenir d'une des dé-
corations les plus importantes, les plus admirables et les moins
connues d'Eugène Delacroix. Il s'agit des peintures du Salon du
Roi à la Chambre des députés. M. Moreau en a donné une des-
cription très-sommaire (page 211 de son catalogue). Mais nous
possédons sur cet ensemble décoratif un commentaire qui vaut
tous les autres, car il est rédigé par l'artiste lui-même. Son
étendue nous empêche de l'insérer ici ; nous comptons lui con-
sacrer une étude spéciale.

On sait que le Salon du Roi fut commencé en 1835;
M. Moreau place en 1838 la date de son achèvement. La lettre
d'introduction que nous possédons semble indiquer que, dès le
commencement de 1837, l'ouvrage était bien avancé puisque
l'artiste admettait les visiteurs. L'entrée de ce salon n'était pas
accordée facilement, et dans la pièce à laquelle nous faisions
tout à l'heure allusion, l'artiste se plaint qu'un petit nombre de
privilégiés seulement aient été admis, durant tout le règne de
Louis-Philippe, à le visiter. S'il fallait une lettre d'introduction
comme celle qui suit, pour y pénétrer, il est évident que les pri-
vilégiés devaient être rares.

IV

« M. Mathieu est prié d'introduire dans le Salon du Roi les
personnes qui lui présenteront cette lettre. »
« Ce 12 février 1837.

« Eue. Delacroix3. »
« Le matin avant 11 heures ou le dimanche. »

V

« Monsieur le Ministre4, j'éprouve le besoin, dès mon
arrivée à Paris, de vous exprimer ma reconnaissance pour la dis-
tinction flatteuse dont vous avez bien voulu m'honorer en me
choisissant pour exécuter les peintures qui doivent décorer la
Bibliothèque du Palais de la Chambre des Députés. Voudrez-
vous bien recevoir en même temps l'assurance de tout l'empres-
sement que je mettrai à me rendre digne de cette marque de
votre bienveillance par le soin et l'assiduité que je m'efforcerai
d'apporter à la conduite et à l'achèvement de travaux aussi im-
portants.

« J'ai l'honneur d'être, avec un profond respect, Monsieur le
Ministre, votre très-humble et tres-obéissant serviteur.
« Paris, ce 18 octobre 1858.

« Eug. Delacroix. »
J. J. GUIFFREY.

1. Cette lettre et toutes celles qui sont adressées à Alex. Colin ont été acquises par nous à la vente après décès de cet artiste. Il nous sera permis de rappeler
ici que nous avons donné en tête du catalogue de cette vente une courte notice sur la vie et les travaux d'Alex. Colin.

2. Cette lettre appartient au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Elle fait partie d'une collection d'autographes classée dans les nouvelles acqui-
sitions du fonds français.

3. Ce billet est entièrement de l'écriture de Delacroix. Les peintures du Salon du Roi terminées, l'artiste fut chargé presque immédiatement de la décoration
de la bibliothèque de la Chambre des députés. Les biographes placent leur exécution entre les années 1S44 et 1847; mais la commande, comme oh le voit par la
lettre suivante, sinon les premiers travaux, remonte à une époque bien antérieure. Les hémicycles et les coupoles dont se compose cet admirable ensemble décoratif
sont trop connus pour qu'il soit besoin d'y insister.

4. Cette lettre nous a été communiquée par M. B. Fillon. — Le Ministre de l'Instruction publique était alors M. de Salvandy (15 avril 1857-31 mars 1839) ;
celui de l'Intérieur, M. de Gasparin (6 sept. 1S36-31 mars 1839).
 
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