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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Leroi, Paul: Le Salon de 1880, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0082

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68 L'ART.

Le Souvenir d'Alsace : Bouleaux et sapins, par M. Ferdinand de Dartein, témoigne d'un
profond savoir au service de la conscience la plus sévère ; les arbres sont analysés en archéologue;
il faut être très fort pour pousser l'aquarelle à ce point et produire avec de si intenses qualités
de détail des œuvres qui restent toujours parfaitement d'ensemble.

M. Alexandre Roussoff, de Saint-Pétersbourg, a prestigieusement rendu l'Intérieur de Saint-
Marc, et se montre neuf dans sa Vendeuse de Giromette, moins bonne comme aquarelle, mais
qui a du caractère.

La Grande cascade de Saint-Cloud, par M. Henri Toussaint, est malheureuse; Dans les roches,
à Seine-Port, vaut beaucoup mieux.

On m'a dit grand bien du Chemin du cimetière, par M. Daniel Dave; je n'y contredis pas,
mais elle était si affreusement exposée que je l'ai à peine vue.

Dans les Fleurs, de M. Adolphe Moreau, ce ne sont pas les fleurs qui sont le plus à louer,
mais deux volumes lavés avec une extrême habileté.

M. Étienne-Max Vallée avait une bien jolie aquarelle : Bords d'un étang. Celle de M. Georges
Jeannin : Une Etuve, est très puissante.

On a plus qu'étrangement pratiqué les devoirs de l'hospitalité envers un jeune artiste belge
que je ne me rappelle pas avoir rencontré jusqu'ici au Salon de Paris. M. Emile Hceterickx, dont
les connaisseurs n'oublieront pas le nom, a visité Londres en artiste qui sait voir et qui sent ce
qu'il voit si bien. Il en est résulté une série de notes piquantes sur la vie anglaise que l'auteur
nous avait envoyées, réunies dans un vaste cadre. Ce cadre d'une rare intensité de tons et de
l'esprit le plus juste, on l'avait indignement exilé de la cimaise pour le reléguer au second rang
au-dessus de l'affreux n° 4809, où se prélassaient un tas de chiens de races diverses, mais de la
plus navrante uniformité dans le mauvais.

Il me reste, avant d'aborder la Gravure et la Lithographie, à régler encore quelques comptes
avec le Jury à qui je suis redevable de tout le temps que j'ai perdu à découvrir quelques œuvres
de choix noyées au milieu d'un déluge de croûtes.

L'Art devrait offrir une récompense honnête à qui lui adressera les motifs justificatifs de
l'admission du n° 4980 — titre : Un Éventail — c'est de la mécanique, cela; de l'art, jamais.
Si un dessinateur en châles ou en robes s'avisait d'exposer, Messieurs du Jury s'indigneraient,
crieraient à l'abomination de la désolation et exclueraient tambour battant châles et robes qui
vaudraient cependant mille fois mieux que l'éventail qu'ils ont admis.

Avoir ouvert les portes du Salon au n° 4701 : Monsieur, Madame et Bébé, au n° 4^01,
aquarelle inouïe dont le cadre portait cette naïve inscription : ce Sans gouache », c'est à jamais
impardonnable, et si l'Administration avait d'un coup de balai purgé les étables d'Augias que
venait de lui créer cette section du Jury, et refusé carrément d'exposer certains détritus
monstrueux, le public appelé à se prononcer sur cet acte arbitraire n'eût jamais eu le courage
de le blâmer.

Dessins et aquarelles de rebut, Messieurs du Jury, ne sont pas même admis aux concours
des plus faibles pensionnats de demoiselles, et ils foisonnaient au Salon !

Paul Leroi.

( La fin prochainement.)
 
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