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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal
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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0346

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L'ART.

on a introduit dans ces sillons le second métal, on polit soigneu-
sement la surface entière de l'ouvrage, de manière que le fond et
les me'taux enchâssés paraissent être d'une seule pièce.

Quelquefois la tige du candélabre se transforme en un per-
sonnage qui fait ainsi l'office de porte-lumière. Le Silène candé-
labre du musée de Naples peut être regardé comme un des
modèles les plus exquis que nous ait laissés l'antiquité dans les
applications de l'art à l'industrie. Silène qui, dans la mytho-
logie, personnifie l'outre dans laquelle le vin était enfermé, n'est
pas par lui-même un type bien gracieux. Le père nourricier de
Bacchus est représenté vieux, et presque toujours obèse et carac-
térisé par la saillie énorme de son ventre. C'est en quelque sorte
une caricature, mais l'art a su en tirer le plus heureux parti,
surtout dans les objets mobiliers, où malgré son allure chance-
lante, Silène est souvent employé comme support.

On donne le nom de lampadaires à des candélabres auxquels
les lampes sont suspendues par des petites chaînes au lieu d'être
simplement posées sur la tige. On trouve à Pompei plusieurs
lampadaires dont la décoration est très remarquable. Les lampes
ont quelquefois des formes assez bizarres : il y en a qui repré-
sentent des animaux, chevaux, bœufs, chiens, cerfs, oiseaux,
reptiles et jusqu'à des colimaçons.

Les grands meubles tels que les coffres pour resserrer les
vêtements, les lits, les chaises, les tables, étaient très souvent en
métal. Il y a au musée de Naples une belle table en bronze dont
le pied unique est formé par une Victoire ailée qui porte un
trophée.

Chez les Grecs, le travail de l'ivoire était considéré comme
une branche du travail des métaux, et on associait l'ivoire et
l'or, non seulement dans une foule d'objets mobiliers, mais
encore dans des statues de grande dimension. L'ivoire venait de
l'Inde et surtout de la Libye : les morceaux d'ivoire étaient
assemblés sur une âme de bois soutenue par des barres de fer, au
moyen de la colle de poisson. L'or qu'on employait était tra-
vaillé au repoussé, et se composait de lames généralement très
minces. Les statuaires les plus illustres se livraient à ce genre
de travail : le Jupiter, que Phidias avait fait pour le temple
d'Olympie, et sa fameuse Minerve qui était placée dans le Par-
thénon étaient en ivoire et en or. En général le visage, les mains
et les parties nues étaient exécutés en ivoire, et on réservait l'or
pour les draperies et les accessoires.

La bijouterie et l'orfèvrerie sont les annexes naturels de la
sculpture dont elles ne diffèrent que par la dimension des objets.
Mais comme elles n'emploient que des matières précieuses, il est
aisé de comprendre pourquoi les productions de ce genre sont si
rares dans nos collections. L'usage de déposer dans les tom-
beaux les objets ayant appartenu au défunt fait qu'on a pu

néanmoins retrouver quelques bijoux de fabrication grecque. Au
Louvre, ils sont mêlés dans les vitrines avec les bijoux étrusques
dont nous nous occuperons tout à l'heure.

La numismatique forme une des branches les plus impor-
tantes de l'histoire artistique du métal. La première manière
dont on s'est servi du métal comme moyen d'échange fut de le
donner au poids. Les monnaies furent d'abord des pièces
informes et grossièrement travaillées, sur lesquelles on imprima
ensuite une marque pour en indiquer le poids et la valeur. Le
poids est la base et le fondement de toute espèce de monnaie;
mais l'histoire de l'art ne commence pour les monnaies qu'à
partir du moment où y figura, comme signe, un emblème ou une
effigie.

La monnaie étant une mesure qui sert à établir la valeur de
toutes choses, a dû être connue très anciennement ; mais il est
impossible de fixer une date à son origine. Rien dans les poèmes
d'Homère ne donne à penser que la monnaie existât de son
temps. Quelques-uns attribuent à Phidon, roi d'Argos, l'usage
de remplacer par du métal monnayé le métal en barre qui avait
eu cours jusque-là. Les premières monnaies avaient une face
plate et une autre dont la convexité était au contraire très pro-
noncée. Les emblèmes étaient représentés sur la face convexe.

Il faut compter plusieurs périodes dans l'histoire artistique
des monnaies grecques. Les premières monnaies sont reconnais-
sablés à leur forme globuleuse et à la grossièreté de leurs
emblèmes. Dans la seconde période, qui est celle des guerres
médiques, la pièce est moins épaisse, mais si la fabrication laisse
encore à désirer, la beauté du dessin en fait de véritables œuvres
d'art. La troisième période, qui est celle des Macédoniens, est la
plus brillante de l'histoire monétaire.

Les emblèmes représentés sur les monnaies grecques sont
de plusieurs sortes. Ainsi on voit une tortue sur les monnaies
d'Egine, des boucliers sur celles de Béotie, des abeilles sur celles
d'Ephèse. Plus tard l'usage s'introduisit de graver sur les mon-
naies l'image des divinités, et dans la période macédonienne
celle des princes. Quelquefois le sujet représenté sur le revers
de la monnaie est une allusion aux jeux publics; ainsi un bige
couronné par la Victoire symbolise les courses de char. Enfin
les médailles reproduisent souvent les œuvres d'art célèbres, que
les voyageurs venaient visiter dans la ville; c'est ainsi que les
médailles de Cnide représentent la fameuse Vénus de Praxitèle,
qui était placée dans le temple de la déesse. Ces reproductions
sont, il est vrai, des imitations libres, mais elles servent aux
restitutions tentées par l'archéologie, et nous avons souvent par
la numismatique des documents intéressants sur les chefs-
d'œuvre disparus.

(La suite prochainement.) René MÉNard.

COURRIER DES MUSEES
XLVII

France. — Les visiteurs du Musée des arts décoratifs, au
Palais de l'Industrie, pourront pénétrer désormais, sans payer un
nouveau droit, dans l'Exposition de l'Union centrale des beaux-
arts appliqués à l'industrie.

Par réciprocité, les visiteurs de l'Exposition de l'Union
centrale seront admis, sans bourse délier, dans les salles du
Musée des arts décoratifs.

Nous rappelons à nos lecteurs que ce. Musée renferme des
tableaux anciens fort remarquables et des collections magni-
fiques, prêtées, pour la circonstance, soit par des particuliers,
soit par des Musées départementaux, entre autres la splendide
collection de céramique de M. Gasnault, appartenant au Musée
de Limoges, par suite du don que lui en a fait M. Adrien
Dubouché, ainsi que l'Art l'a déjà annoncé.
 
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