Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

DOI Artikel:
Picard, Lucien: Les expositions de Dusseldorf
DOI Heft:
Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0032

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
22

L'ART.

en vain. Tout cela est conventionnel et mesquin, petiot au
possible, et aussi piètrement peint que piètrement composé.

La tragédie fait absolument défaut; elle n'existe que dans
T'imagination des âmes sensibles qui, sans en avoir conscience,
mettent dans le tableau tout ce qui y manque. L'art demeure
étranger à ce singulier triomphe de la sensiblerie.

Dans les onze cent quatre-vingt-cinq œuvres cataloguées,
la sculpture compte juste pour l'appoint, et bustes et statues sont
en majorité parmi ces quatre-vingt-cinq numéros qui ne brillent
guère plus par la qualité que par la quantité.

Là encore je m'attendais à infiniment mieux. Tout compte
fait, on revoit avec plaisir deux anciennes connaissances du
Paris de 1878, — M. Cari Begas, avec son marbre: Faun mit
Kind Scherqend, et M. Ferdinand Hartzer, avec: Amor mit dem
Satyr, autre groupe en marbre. — On est charmé par le talent
déployé par M. Joseph Tushaus, de Dusseldorf, dans un buste de
femme (n° 1045), et on goûte quelques instants de douce gaieté
en s'arrêtant devant une grande figure allégorique, de M. Cari
Echtermaier, de Dresde, qui a personnifié la France impériale
— Frankreich (Kaiser^eit) — en une sorte d'impératrice José-
phine affublée d'une couronne fleurdelisée et d'un manteau plus
que jamais fleurdelisé !

Ouverte depuis le 9 mai, l'exposition de Dusseldorf n'est pas
encore tout à fait complète, et ce n'est même qu'aujourd'hui qu'a
été inaugurée l'exposition rétrospective d'objets d'art et de
haute curiosité. Cette section n'est pas grande; mais elle est fort
élégamment installée dans un local spécial, tout à fait isolé, que
l'on a élevé au bord du lac. Là, comme partout, les aménage-
ments font grand honneur au goût des organisateurs.

Le catalogue est à venir ; on attend quelques renforts, et on
le publiera, lorsque tout sera bien définitivement en place.

Tel que cela vient d'être inauguré, l'ensemble a tout à fait
bon air et offre de très intéressants sujets d'étude, surtout, di-
rai-je, au point de vue de l'art liturgique.

Les morceaux di primo cartello sont fort loin d'abonder
comme à la dernière et si riche exposition rétrospective de Co-
logne ; mais il y en a, et ceux-là sont, chacun dans leur genre,
de la plus rare beauté.

Les connaisseurs accorderont leurs préférences à quelques
grès très fins, à deux panneaux des Gobelins, d'après Bérain, à

des vitraux d'un grand caractère, appartenant à MM. Bourgeois
frères., de Cologne ; à un aquamanile à tète de femme couron-
née, pièce des plus curieuses, aux magnifiques armes de la col-
lection du prince Charles de Prusse ; à une statuette de Saint-
Georges, d'un faire primitif, plein de puissance dans sa barbarie;
à une reliure dont la première feuille présente à l'intérieur six.
des émaux les plus parfaits qu'ait signés Pierre Raymond; cha-
cun d'eux est consacré à une figure de prophète en pied.

Mais ce qui excitera le plus l'admiration, ce qui retiendra
le plus longtemps le vrai Curieux, ce sont un autel portatif en
or émaillé, le grand reliquaire en or émaillé appartenant à la
cathédrale de Trêves; un coffret, propriété de l'église de Saint-
Pierre à Fritzlar; les deux plateaux en vermeil du prince de
Hohenlohe, et les cinq pièces exposées par le prince de Furs-
tenberg : un calice en or, — les petites statuettes de saints dont
il est enrichi sont des prodiges de ciselure, — un seau en ar-
gent pour l'eau bénite, un goupillon en argent et deux livres
saints, dont la reliure est entièrement en argent ; travail de
repoussé et travail de ciselure sont à la hauteur de la composi-
tion de chacun de ces chefs-d'œuvre de la Renaissance ; ce sont
des merveilles.

Il serait peu généreux d'établir une comparaison avec les
morceaux d'argenterie prêtés par l'Empereur : c'est de qualité
bien médiocre; mais l'auguste exposant est représenté d'une
manière digne de lui par sa riche et nombreuse collection d'an-
tiquités romaines que l'on a réunie séparément dans un des
cabinets qui entourent la salle principale, disposition très favo-
rable au recueillement nécessaire à l'étude.

Je ne dois pas omettre, pour terminer, plusieurs vêtements
sacerdotaux d'une extrême magnificence ; l'un surtout, qui porte
les armes de Wurtemberg, est hors de pair à la fois comme
étoffe et comme broderie.

Dusseldorf, qui fait l'accueil le plus courtois à ses hôtes, —
ceux-ci ont le tort d'être beaucoup trop peu nombreux, — Dus-
seldorf mérite d'être largement récompensée de l'effort consi-
dérable qu'elle s'est imposé pour ces diverses expositions. Les
touristes affluent chaque année sur les bords du Rhin ; qu'ils
s'arrêtent à Dusseldorf; je les y engage vivement; ils m'en sau-
ront gré.

Lucien Picard.

NOTRE BIBLIOTHEQUE

CLXXXIX

Les Classiques de la peinture. — Renaissance italienne.
1420-1540. — Collection des œuvres les plus célèbres des
maîtres italiens avec texte explicatif, publiée par P. F. Krell,
professeur de l'histoire de l'art à l'école des arts industriels de
Munich. — Avec le concours de MM. O. Eisenmann, conser-
vateur de la galerie de Cassel, et F. Reber, conservateur de la
galerie de Munich. — Édition française, traduite de l'original
allemand par G. Dubray. — Impression photographique de
M. Rommel, à Stuttgart. — Un volume in-folio de 154 pages,
avec 68 planches. — Paris, Vieweg, éditeur, 67, rue de
Richelieu.

Ce livre fait honneur aux éditeurs qui ont osé l'entre-
prendre, et nous sommes heureux qu'ils aient eu l'idée d'en
faire une édition française. Nous avons bien quelques critiques
à lui adresser : quelques phrases sont d'un français douteux ;

l'imprimeur ne s'est pas assez appliqué à éviter, dans l'aspect
typographique des pages, ces couloirs qui se forment quand des
mots de longueur à peu près égale se trouvent superposés en
plusieurs lignes. Ainsi rien que dans la page 7, on peut compter
cinq de ces percées plus ou moins sinueuses. Il eût été facile
d'éviter ce défaut qui choque les yeux.

Mais ce sont là des taches légères qui n'empêchent pas que
les Classiques de la peinture constituent vraiment un beau livre.
Les quelques incorrections qu'on y peut relever1 n'altèrent pas
le sens général, et les rues qui circulent ça et là entre les mots
n'enlèvent rien à la netteté et à la beauté du caractère. Le
papier est compacte, solide et très égal.

Nous devons ajouter, à l'éloge des éditeurs, qu'ils ont eu soin
de ne pas imiter l'exemple de certaines publications, dites de
luxe, qui, pour se mettre à la. portée de toutes les bourses,
tirent les chefs-d'œuvre sur des planches usées, qui ne donnent
plus que des gravures insuffisantes, malgré la célébrité des noms
dont elles sont signées. C'est là un procédé qu'on ne saurait trop

1. En voici un exemple page 87 :'_« que>i les peintures murales du grand Florentin, celles de Pérugin avaient facilement pu exercer une influence défavorable
sur les créations de Raphaël au cas qu'elles eussent respiré plus la grâce et moins la vigueur; Raphaël, ayant à peindre à Saint-Agostino un prophète Isaîe très
éloigné du spectateur, ne crut pas devoir dépouiller sa manière propre et prendre celle de son rival ». Cette phrase est sans doute plus claire dans l'édition
allemande.
 
Annotationen