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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Cournault, Charles: La Société Lorraine des Amis des Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0107

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LA SOCIÉTÉ LORRAINE DES AMIS DES ARTS

La Société lorraine des Amis des Arts, comprenant les trois
départements de la Meurthe, de la Meuse et des Vosges, fut
fondée, en 1835, par un groupe d'amateurs lorrains qui firent un
appel à tous les artistes du pays pour contribuer au succès
d'une exposition universelle à Nancy. Il paraît, d'après une
petite plaquette devenue fort rare, que les fabricants n'eurent
pas assez de temps pour confectionner des produits dignes d'être
exposés, et que l'industrie de la Lorraine ne fut réellement pas
représentée cette année. Il n'en fut pas de même pour les
beaux-arts. Cent quarante-huit tableaux, dessins ou sculptures,
furent envoyés par soixante-trois artistes ou amateurs. Une fois
les œuvres d'art exposées, on fit appel aux souscripteurs. Il s'en
présenta cent quatre-vingt-neuf qui versèrent mis cotisation
de dix francs. C'était peu : toutefois, il ne faut pas oublier
qu'en 1853 la ville de Nancy comptait 3o,ooo habitants,
tandis qu'elle en a 70,000 aujourd'hui. Il fallait faire mieux pour
rendre l'œuvre durable, aussi songea-t-on à multiplier les expo-
sitions afin de stimuler le zèle des artistes et surtout celui des
souscripteurs. On eut, l'année suivante, une exposition qui
amena cent soixante-deux tableaux dans cette pitoyable salle
basse de l'Université où, à notre grand regret, nous sommes
encore aujourd'hui. Nancy a de superbes palais pour loger ses
autorités, nous ne nous en plaignons pas; mais les beaux-arts,
peinture et musique, sont misérablement hébergés et c'est une
lacune que chacun désire voir combler le plus tôt possible.
L'administration municipale s'en occupe, nous le savons;
mais bien lentement.

Le catalogue de 1834 mentionnait cent soixante-deux
tableaux ou dessins. En 1835, il en comptait cent cinquante-deux.
C'était déchoir, aussi fut-il décidé qu'afin de recueillir un plus
grand nombre de tableaux, l'appel aux amateurs qui formaient
le fond principal des exposants n'aurait plus lieu que tous
les deux ans. Conformément à cette décision qui depuis
cette époque fut toujours maintenue, la quatrième expo-
sition s'ouvrit en 1837. Il y eut deux cent dix numéros au
catalogue et le nombre des souscripteurs, parmi lesquels on
comptait le roi des Français pour dix actions, atteignit le chiffre
de trois cent soixante-seize. En 1839, cinquième exposition.
Même nombre de souscripteurs; mais diminution d'œuvres pro-
duites. Il n'y en avait plus que cent quatre-vingt-quinze,
et cependant la Société lorraine venait de s'affilier à celle des
artistes alsaciens de Strasbourg, qu'il ne faut pas confondre avec
la Société des Amis des Arts fondée plus tard dans cette ville.
On acheta pour 3,047 fr. vingt-neuf tableaux ou dessins qui
furent, comme toujours, mis en loterie et distribués aux sous-
cripteurs que le sort avait favorisés. Cette année, l'association
proposée avec la ville de Metz fut agréée, tandis que celle de
Dijon fut écartée à cause du peu d'espace dont on pouvait dis-
poser.

La sixième exposition, i84i,futun peu au-dessous de la
précédente. Cent quatre-vingt-douze tableaux seulement y
figurèrent.

La septième, 1843, semble avoir été encore en baisse si, à
défaut du catalogue qui n'a pu être retrouvé, on consulte les
procès-verbaux de la Société qui accusent des achats de tableaux
pour 2,530 fr. seulement.

A la huitième, 1845, il y avait cent quatre-vingt-dix
tableaux et trois cent quarante actionnaires, versant 3,400 fr. La
situation n'était pas brillante. Elle empira encore à la neuvième
exposition de 1847, où il n'y eut que cent soixante-dix-neuf
tableaux et où on n'acheta que pour 3,070 fr. En 1849 on
encaissa deux cent trente-quatre actions, il y eut cent soixante
numéros au catalogue et on acheta pour 2,122 fr.

En 1851, onzième exposition, cent trente-huit tableaux.

! 2,130 fr. dépensés en achats de tableaux. Malgré les efforts que
font les Messins, l'institution décline évidemment.

En 1853, à la douzième exposition delà Société, on ne
trouve plus que 2,235 fr. pour acheter des œuvres d'art et
5 à 600 fr. pour continuer à offrir aux souscripteurs un album
de lithographies exécutées par nos artistes d'après les tableaux qui
avaient eu le plus de succès au Salon de Nancy. L'album était à

1 la fois un moyen de répandre dans le pays les œuvres des artistes
lorrains et de consoler les actionnaires qui n'avaient pas eu de
chsnce au tirage de la loterie. Néanmoins le vide se faisait peu
à peu dans la caisse du trésorier et on dut cesser les expositions
tout en conservant un reliquat de fonds, indice palpable de
l'existence de la Société. Ce fut sa planche de salut.

La Société d'archéologie lorraine, fondée vers 1849, consi-
dérant la longue léthargie où se trouvait plongée sa sœur aînée,
lui proposa fraternellement de se dessaisir en sa faveur de
ses deniers dormants. N'était-elle pas aussi une Société d'Amis
des Arts et ne venait-elle pas de créer, au palais ducal, un
musée destiné à recueillir les épaves du glorieux passé des arts
en Lorraine ? C'était bien lui dire : Sœur, il faut mourir. La
Société des Amis des Arts fit la sourde oreille et répondit aux
lugubres insinuations de sa charitable sœur en décidant qu'elle
aurait une exposition en 1859. Remarquons en passant que,
« archéologues » au palais ducal, « amis des arts » à la salle de
l'Université, les mêmes personnes, faisant partie des deux sociétés,
n'eurent pas de peine à s'entendre. Vers cette époque revenait
d'Italie et d'Orient, où il avait passé trois années, un jeune
homme dont nous déplorons vivement la perte arrivée en 1871.
Maniant également bien la plume et le crayon, M. Alexandre de
Metz-Noblat entreprit de ranimer la Société des Amis des Arts
agonisante. Il fut, à l'unanimité, nommé président. L'ayant
accompagné dans ses voyages et étant devenu son parent, je lui
fus associé comme secrétaire. En 1861, je lui succédai à la pré-
sidence. Tout d'abord M. de Metz doubla la cotisation des sous-
cripteurs en la rendant annuellement exigible ; puis il fit voter
des médailles et des primes à décerner aux artistes dont on ne
pouvait acheter les tableaux à cause de la modicité des ressources
de la Société, mais auxquels on voulait donner un témoignage
public de sympathie. Afin de contribuer à l'éclat de cette dis-
tinction, il fut arrêté qu'on distribuerait les médailles et les
primes à la séance solennelle de l'Académie de Stanislas, selon
l'usage établi par l'Académie de Metz. On offrit au président de
l'Académie de Stanislas le titre de président honoraire de la

S Société et on lui demanda de choisir, parmi ses confrères, quatre
membres qui feraient partie de la commission. C'était se mettre
sous le patronage d'une compagnie qui comptait quelques illus-
trations dans son sein et qui avait cent neuf ans d'existence. Il
y avait, en ce moment, à la tète de l'administration municipale
de Nancy, un homme fort intelligent et bien en position par ses
relations d'homme du monde et de député de rendre de grands
services à la Société des Amis des Arts. C'était M. le baron
Buquet. Désireux de donner un nouvel essor au travail, dans la
région de l'Est, M. Buquet avait formé le projet d'une expo-
sition universelle pour l'année 1860. A la Société des Amis des
Arts fut dévolu le soin de réunir, non seulement les œuvres
d'art proprement dites, mais fous lés objets'où dessins originaux
qui étaient du domaine de l'art appliqué à l'industrie. Ces beaux
projets furent contrecarrés par la ville de Metz, qui voulut avoir
en 1861 une exposition universelle et qui l'eut en effet. On sait

j'•-au'prix de quels sacrifices. Nancy dut se contenter de reprendre
son exposition des beaux-arts en 1860. Ce fut la mieux réussie

| de toutes nos réunions. M. Georges Clère, statuaire, y reçut une
 
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