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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Ménard, René: Histoire artistique du métal
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0341

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HISTOIRE ARTISTIQUE DU

MÉTAL

LE METAL

DANS LANTIQUITÉ PRIMITIVE

EGYPTE

C'est en Egypte qu'il faut chercher les plus anciens ouvrages

ses plaies, est surtout apparente dans les admirables bijoux
qu'Amosis fit exécuter pour orner la momie de sa mère, la reine
Aah-Hotep. Au nombre de ses richesses, le musée de Boulaq

métalliques auxquels on puisse assigner une date approxima- (au Caire) ne possède pas de monuments qui témoignent d'une

dve. Il est impossible pourtant de savoir à quelle époque on a j industrie plus avancée, et à voir la longue chaîne d'or, le pec-

commencé à travailler les métaux, puisque, dès les plus anciennes j toral découpé à jour, le diadème et ses deux sphinx d'or, le

périodes de l'histoire, on trouve en Egypte des objets en métal j poignard rehaussé en or et damasquiné, on a peine à croire

qui indiquent une industrie pleinement maîtresse de ses procédés. , qu'au moment où ces précieux bijoux sortaient de l'atelier des

Parmi les statuettes de bronze exposées au Trocadéro en 1878, j bijoutiers de Thèbes, l'Égypte était à peine débarrassée d'une

il y en avait plusieurs qu'on classe parmi les ouvrages de l'An- j longue et douloureuse invasion. »

cien Empire, c'est-à-dire qu'elles remontent à une époque où les : Les bijoux dont parle ici M. Mariette ont figuré à l'Expo-
autres nations en étaient encore à l'âge de la pierre. On sait ! non universelle de 1867 à Paris. Celui qui a été le plus remar-
que l'art, en Égypte, avant de subir l'influence sacerdotale, in- j qué représentait une petite barque sacrée munie de son équipage,
fluence qui a été d'ailleurs fort exagérée, était d'un réalisme | La barque est en or et les douze rameurs en argent; l'avant et
brutal fort éloigné du hiératisme qui a prévalu plus tard. Le l'arrière du bâtiment se relèvent gracieusement et s'épanouissent
corps trapu, la carrure des épaules, la coiffure à petites boucles, ; en bouquets de papyrus. Le tout est monté sur un petit chariot

et le costume composé d'un pagne qui entoure les reins, sont
les caractères de la statuaire primitive en Egypte, et les statuettes
en bronze dont nous parlons, quoique inférieures pour le travail
aux figures en bois ou en pierre de la même époque, appar-

dont le train est en bois et les roues en bronze.

Il n'est pas d'ailleurs nécessaire d'aller .jusqu'au Caire pour
apprécier la bijouterie égyptienne dont notre musée du Louvre
possède d'admirables spécimens. Parmi les acquisitions récentes,

tiennent à la même famille comme style et comme construction j .il faut signaler tout d'abord (salle historique, armoire A) un
de figures. Il est à remarquer que dans ces statuettes, que I adorable petit groupe de trois statuettes en or, représentant Isis
M. E. Soldi fait remonter à la cinquième ou à la sixième dynas- j et Horus qui étendent la main sur Osiris en signe de protection,
tie, le globe de l'œil est indiqué par un creux, parce que proba- j Osiris, dont le corps est enveloppé, est accroupi sur un dé en
blement il devait être en pierre incrustée. | lapis-lazuli, au nom du roi Osorkon II, ce qui nous reporte
La raideur dont sont presque toujours empreints les mo- i au x° siècle avant notre ère. Les bijoux de la xvmc dynastie
numents égyptiens qui représentent des personnages ne se 1 sont d'un goût exquis pour l'ornementation, qui a généralemen
trouve pas au même degré dans les représentations d'animaux, j un caractère emblématique. L'art moderne n'a rien fait de plus
qui, à toutes les périodes de l'art égyptien montrent, au contraire, j élégant comme disposition et de plus tin comme ciselure que le
une certaine souplesse. Il suffira de citer les jolies chattes en j petit épervier aux ailes étendues qui porte une tète de bélier
bronze qui sont au Louvre, les petits lions qui soutiennent le j (salle historique, vitrine H). Tout le corps de l'épervier est cou-
trône d'Horus, et dans le même musée, la lampe qui prend la j vert de plumes en lapis, en cornaline ou en feldspath vert, in-
forme d'une gazelle renversée, etc. Beaucoup de collections par- ! crustées dans de petites cloisons d'or. Remarquons aussi le tra-
ticulières contiennent de jolies statuettes en bronze, représentant ! vail délicat des deux petits chevaux qui se détachent en ronde
des divinités, des groupes d'animaux, des scarabées, etc. La bosse, sur le, chaton d'une bague contemporaine de Ramsès 11.

plupart des objets usuels, tels que hachettes, poignards, cou-
teaux, rasoirs, miroirs, étaient exécutés en bronze. Les objets
en fer sont, au contraire, de la plus grande rareté et appàr-

Que dire encore de la charmante chaîne composée de vipères
sacrées relevant la tète, du bracelet décoré d'un lion et d'un grif-
fon, de celui où l'on voit une jeune fille dans les lotus du Nil,

tiennent, à une époque très postérieure. Le musée du Louvre \ de la boucle d'oreille en or terminée par une tète de gazelle, etc.

en possède pourtant quelques-uns qui sont fort curieux, entre : Ce sont des chaînes de tous genres, des colliers d'or à plusieurs

autres, des clefs égyptiennes (salle des colonnes, vitrine V). rangs, toujours composés d'objets symboliques, poissons sacrés,

L'Egypte, au xvii° siècle avant notre ère, produisait des j lézards, fleurs de lotus, scarabées, œil mystique, tètes de la déesse

ouvrages en or et en argent, dont quelques-uns se sont conser- ; Athor, avec ses cornes de vache imitant] le croissant de la lune,

vés jusqu'à nous, et qui peuvent être classés parmi les chefs- j On doit également citer, à' titre de curiosité, un livret de

d'eeuvre de l'orfèvrerie et de la bijouterie. Cette époque, qui, j doreur (salle funéraire, vitrine ZI ; les feuilles d'or ne diffèrent

dans l'histoire de l'ancienne Egypte, a été une sorte de Renais- des nôtres que parce qu'elles sont plus épaisses,

sance est celle où le roi Amosis a chassé les pasteurs et rétabli ! . L'argent était beaucoup plus rare que l'or dans l'ancienne

la dynastie nationale. On sait de quelles dévastations avait été j Égypte. Une des plus grandes curiosités de l'Exposition égyp-

aecompagnée l'invasion des pasteurs, mais les traditions antiques | tienne du Trocadéro, en 1878, consistait en belles coupes d'argent

s'étaient maintenues à peu près intactes dans la haute Égypte, ' formées de feuilles de lotus, découvertes par M. Mariette dans

ce qui explique en partie la Renaissance dont nous parlions. I le trésor d'un temple, et qui paraissent remonter au vie siècle

« La rapidité, dit M. Mariette, avec laquelle l'Égypte a cicatrisé j avant notre ère.

Tome XXII. îo
 
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