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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Grolier, Gérard: Un dessin de Cellini
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0338

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UN DESSIN DE CELLINI

Giorgio Vasari, biographe prolixe lorsqu'il s'agit des morts,
devient d'un laconisme prudent, excessif même dans sa prudence,
s'il s'avise de parler des vivants. Ses infinies précautions oratoires,
il les a tout particulièrement prodiguées à propos de Benvenuto
dont il connaissait trop bien la fort peu accommodante humeur.
Voici tout ce qu'il nous en dit :

« Benvenuto. Cellini, citoyen florentin, aujourd'hui sculpteur,
n'eut point d'égal dans l'orfèvrerie, quand il s'y appliqua dans sa
jeunesse, et fut peut-être maintes années sans en avoir, de même
que pour exécuter les petites figures en ronde bosse et en bas-
relief et tous les autres ouvrages de cette profession. Il monta si
bien les pierres fines, et les orna de chatons si merveilleux, de
figurines si parfaites, et quelquefois si. originales et d'un goût si
capricieux, que l'on ne saurait imaginer rien de mieux. On ne
peut assez louer les médailles d'or et d'argent qu'il grava, étant
jeune, avec un soin incroyable. Il fit à Rome, pour le pape

-------- Clément VII, un bouton de chape dans lequel il représenta

LL un Père éternel d'un travail admirable. Il y monta un
diamant taillé en pointe, entouré de plusieurs petits enfants,
vénus et l'amour. ciselés en or avec un rare talent; ce qui lui valut, outre

Bronze de Benvenuto Cellini dans une des niches

du piédestal du Ptrsée. son salaire, une charge de massier. Clément VII lui ayant

^fï^indJSu EST* commandé un calice d'or dont la coupe devait être supportée

par les Vertus théologales, Benvenuto conduisit presque
entièrement à fin cet ouvrage, qui est vraiment surprenant. De tous les artistes qui, de son temps,
s'essayèrent à graver les médailles du pape, aucun ne réussit mieux que lui, comme le savent
très bien tous ceux qui en possèdent, ou qui les ont vues : aussi lui confia-t-on les gravures des
coins de la monnaie de Rome, et jamais plus belles pièces ne furent frappées. Après la mort de
Clément VII, Benvenuto retourna à Florence, où il grava la tête du duc Alexandre sur les coins
de monnaies qui sont d'une telle beauté, que l'on en conserve aujourd'hui plusieurs empreintes
comme de précieuses médailles antiques, et c'est à bon droit, car Benvenuto s'y surpassa lui-
même. Enfin, il s'adonna à la sculpture et à l'art de fondre les statues. 11 exécuta en France
quantité d'ouvrages en bronze, en argent et en or, pendant qu'il était au service du roi Fran-
çois 1er. De retour dans sa patrie, il travailla pour le duc Cosme, qui lui commanda d'abord
plusieurs pièces d'orfèvrerie, et ensuite quelques sculptures. C'est alors que Benvenuto jeta en
bronze Persée venant de couper la tête de Méduse. Cette statue est sur la place du Duc, non
loin de la porte du palais, sur un piédestal en marbre orné de magnifiques figurines de bronze,
de la grandeur d'une brasse et un tiers. Cet ouvrage, étudié avec le plus grand soin dans toutes
les parties, est bien digne de la place qu'il occupe auprès de la Judith du célèbre Donato.
Il est vraiment étonnant qu'après ne s'être exercé pendant tant d'années qu'à ciseler de petites
figurines, Benvenuto soit parvenu à mener à bonne fin une statue d'une si énorme dimension. On
lui doit aussi un crucifix de marbre, en ronde bosse et grand comme nature, qui est, dans son
genre, le morceau le plus beau et le plus rare qu'on puisse voir. Le duc le conserve précieuse-
ment dans son palais, et le destine à la chapelle ou petite église qu'il y construit. En effet, rien
n'est plus digne de cet édifice sacré et d'un si grand prince, que ce crucifix, qui est au-dessus
 
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