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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 3)

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Soldi, Émile: Les arts de l'Amérique d'après "Pérou et Bolivie" par Charles Wiener, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18609#0269

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LES ARTS DE L'AMÉRIQUE

D'APRÈS «PÉROU ET BOLIVIE», PAR CHARLES WIENER1

(fin)

IV

Ce rapide examen nous montre les difficultés e'prouve'es
par les Américains, excellents lapidaires, mais ne possédant
pas les outils nécessaires à exécuter de telles sculptures avec
toute la perfection désirable. Ainsi, ils ne peuvent pas modeler
les saillies de cette pierre à leur gré, tracer des lignes flexibles

Tourniquet dacotah pour se procurer du feu.

ou à courbes variées et percer des trous en leur donnant des
profondeurs et des largeurs" différentes. On peut remarquer
tout de suite que les sculptures sur pierres fines sont très
bas-reliefs ou méplates, ce qui prouve un premier dressage de
la pierre, en la frottant à la main, par un mouvement de va

I ourniquet iroquois pour se procurer du feu-

et vient, sur une plaque de pierre dure ou polissoir, chargé
d'un grès quelconque continuellement arrosé. Ils éprouvent
une grande difficulté à creuser des traits courbes ; au contraire,
les petits trous sont prodigués et traversent généralement la
matière au-delà du nécessaire. Il existait donc, pour faire

ces derniers, un procédé ou un instrument spécial et commode.
Il nous paraît fort probable que le perçoir américain devait
être semblable au drille, dont se servaient encore, il y a peu de
temps, les bijoutiers européens, et dont le mouvement vibra-
toire de la tarière est dû à l'évolution et à l'enroulement de
la corde de peau d'anguille, fixée aux deux bouts d'une tige
transversale2.

Les sauvages et tous les peuples primitifs se sont procuré
du feu en tournant avec rapidité un pieu aiguisé dans un trou
creusé dans le tronc d'un arbre bien sec. Mais la difficulté de l'ob-
tenir par le simple mouvement que donne la main les a rendus
particulièrement inventifs et leur a fait imaginer le foret manœu-
vré par l'archet, la corde faite de tendons d'animal ou de fibres de
plantes desséchées, tendue aux deux extrémités d'un bâton en
bois flexible. Nous connaissons deux systèmes de foret à archet
employés de cette manière, d'après Sir John Lubbock {l'Homme
préhistorique, page 478). Le premier, qui servait aux Dacotahs,
a déjà beaucoup de rapport avec l'archet moderne employé chez
les orfèvres. Le second, plus perfectionné, était en usage chez les
Iroquois. Il ressemble beaucoup, dit Sir John Lubbock, à l'ins-
trument dont on se sert dans toute l'Europe occidentale et aussi
à Ceylan (Davy, Ceylan, page 263), pour percer des trous dans
la poterie et dans le métal.

Le peu de différence que nous trouvons entre ces instru-
ments antiques (surtout le dernier) et le drille moderne peut
nous permettre déplacer l'origine de celui-ci dans le tourniquet des
sauvages pour se procurer le feu. Il est

évident que les Indiens auraient pu arriver
à percer les pierres dures en tournant le
foret à la main, sans archet ; mais alors
nous sommes obligés d'admettre des exis-
tences entières d'hommes, employées à
percer quelquefois une seule pierre, comme
le racontent naïvement les voyageurs. Ceci
nous paraît difficile à accepter, en présence
de la régularité avec laquelle les trous tra-
versent la pierre dans sa largeur, plusieurs
fois de part en part, et cela tout simplement
pour la suspendre, quand on pouvait em-

ployer un sertissage quelconque, bien moins Tête mexicaine,

1 • m - u. ■ q ronde bosse,

long et moins difficile a obtenir ».

en quartz aventunne.
Le principe le plus simple de toutes les (Musée Cristy.)

sculptures mexicaines sur pierres fines du
second système se retrouve encore plus facilement dans un
autre petit monument de la collection Cristy. C'est une tête
ronde bosse, faite par pans carrés avec une seule saillie dans
le milieu de la face indiquant le nez, et deux trous ronds pour
les yeux. Quelques rayures, simulant des dents de scie, figurent
la bouche entr'ouverte, et de plus grandes rayures la coiffure.
Que l'on fasse la comparaison de ce monument avec le bas-
relief de la grande porte monolithe du temple de Tiahuanaco,

1. Voir l'Art, 6e année, tome JIT. page 209.

2. Tous les voyageurs se sont longuement étendus sur les outils fort différents et très nombreux, pouvant servir ou ayant servi à percer les pierres fines de
l'antiquité; mais, que la tarière soit faite avec la tige du bananier ou le rejeton du grand plantin sauvage, comme le prétend Vallace (Ama\on, page 27S), qu'elle soit
composée d'un éclat de quartz serti au bout d'une baguette ou même d'une pointe de diamant, qu'on admette l'usage d'un cylindre en os ou en corne, et même si
l'on veut supposer l'emploi d'une pointe d'acier trempé, un mouvement vif, accéléré, sera toujours nécessaire, et celui-ci sera impossible à obtenir s,ur une pierre
fine sans l'aide d'un archet quelconque.

3. Squier, dans sa brochure intitulée : Mexican chalchinite (New-York, iS6ç), donne quelques détails incomplets (mais présentant plus de garantie d'authenti-
■cité que les anecdotes de quelques voyageurs), d'après les chroniques des Mexicains, des indigènes de Saint-Domingue et d'autres contrées. Ceux-ci se servaient pour
scier la pierre et même aussi le fer, du fil de l'agave mordant, à l'aide de sable fin ou de sable même provenant de la pierre ; ils faisaient les trous, dit-il, avec un
perçoir vibratoire de canne ou de bambou, ainsi que de silice.

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